Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

RVCQ: Qu'est-ce qu'un film québécois rentable? (PHOTOS)

Qu'est-ce qu'un film québécois rentable?
Alamy

Les 5 à 7 des Rendez-vous du cinéma québécois sont des occasions de discuter de questions liées à l'industrie du cinéma d'ici. Lundi soir, on abordait la brûlante question «Qu'est-ce qu'un film québécois rentable?»

Le sujet a récemment contaminé les médias, notamment via des déclarations incendiaires de Vincent Guzzo, de l'association des propriétaires de cinémas du Québec, et en lien avec des chiffres saisissants : en 2012, la part de marché du cinéma québécois a chuté de 50 %. Monsieur Guzzo ne pouvait être présent lundi soir, retenu à l'extérieur du pays. On attendait également la participation du cinéaste Xavier Dolan, qui a dû lui aussi annuler sa présence.

Pour débattre de cette question, restaient un producteur, un distributeur, un propriétaire de salles, une représentante de la SODEC et une journaliste. Tous se sont accordés pour dire que la question est presque insoluble voire inutile. «À part aux États-Unis, ça n'existe pas une cinématographie nationale rentable économiquement», a lancé Catherine Loumède, directrice du cinéma à la SODEC. «La rentabilité d'un film se mesure difficilement, certains films n'attirent que peu de public en salles mais obtiennent un rayonnement à l'international difficile à chiffrer», a-t-elle ajouté.

Le nom du cinéaste Denis Côté a retenti à quelques reprises, tel un étendard de ces films présentés dans les grands festivals internationaux mais peu vus chez nous. Pour Christian Larouche, distributeur et fondateur de Christal Films, «ce n'est pas parce que l'un de nos films marche bien en Allemagne, qu'il se promène dans le monde, qu'une fois en salles ici, il va trouver son public».

Les scénaristes en ont pris pour leur rhume au cours de cette discussion. Aux dires de la critique de cinéma au Devoir Odile Tremblay, «notre point faible, ce sont nos scénarios. On a d'excellents techniciens, de niveau international, mais à part quelques exceptions, nos scénaristes sont plus faibles. Moi je mettrais de l'argent dans l'aide à l'écriture. (…) Le cinéma commercial devrait commencer par avoir un bon scénario avant de miser sur des vedettes. L'histoire d'abord, les vedettes, ensuite», a-t-elle déclaré, chaudement applaudie par la centaine de personnes réunies à la Cinémathèque.

Le film Omertà de Luc Dionne a servi d'exemple à plusieurs reprises au cours de cette discussion de 90 minutes. Pour l'ensemble des intervenants, on aurait dû être plus exigeant envers cette production vu les sommes importantes investies. À la question de l'animatrice du débat, Marie-Louise Arsenault, «pourquoi finance-t-on un film comme Omertà?», Catherine Loumède répond que la SODEC ne peut pas financer uniquement le cinéma d'auteur. «On a une obligation d'offrir aussi des films grand public. Mais je déplore que certains de ces films ne font pas appel à notre intelligence et je suis sûre que le grand public aimerait des films commerciaux plus intelligents.»

Autre point brièvement évoqué, le côté sombre des films d'auteurs québécois. «L'an passé, les gens sont allés voir les gros divertissements américains et le film Les intouchables. Le grand public a besoin de films qui sont à mi-chemin entre le film pointu et la grosse comédie, des films du milieu, comme La grande séduction», a soutenu la journaliste Odile Tremblay.

Pour expliquer le désaveu du public envers le cinéma québécois, certains évoquent la multiplication des plateformes. Mais pour Christian Larouche, un film qui n'a pas trouvé son public en salles ne le trouvera pas plus en DVD ou sur d'autres plateformes. «Rebelle, de Kim Nguyen, a eu de la difficulté à trouver son public au cinéma, il ne trouvera pas un nouveau public en vidéo. La salle est porteuse. Le film doit d'abord fonctionner en salles.»

Prochain rendez-vous avec cette vaste question, le mercredi 27 février, autour du thème du rayonnement international des films québécois. Denis Côté, Marc-André Grondin et Kim McGraw seront du débat.

INOLTRE SU HUFFPOST

RVCQ: Qu'est-ce qu'un film québécois rentable?

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.