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«Aujourd'hui pour moi, demain pour toi»: le printemps érable vu par l'École de la montagne rouge (VIDÉO)

«Aujourd’hui pour moi, demain pour toi»: le printemps érable vu par l’École de la montagne rouge (VIDÉO)

Pendant huit mois, alors que battait son plein le printemps érable, le réalisateur Maël Demarcy-Arnaud a braqué sa caméra sur l’École de la montagne rouge, un collectif d’étudiants en design graphique de l’UQAM qui s’est mobilisé en imaginant des slogans et des œuvres visuelles donnant ainsi une couleur particulière à la grève étudiante. Ce qui se voulait à l’origine un simple exercice de mémoire et un processus de documentation de l’un des chapitres les plus importants de l’histoire du Québec, s’est finalement avéré une véritable aventure cinématographique pour le jeune cinéaste, qui a tiré de son épopée un film titré Aujourd’hui pour moi, demain pour toi. Le long-métrage pourra être visionné en primeur à l’auditorium de la Grande Bibliothèque, ce soir, dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois.

«En fait, je n’avais jamais pensé faire un film avec ça», explique Maël. «Au début, je voulais seulement immortaliser le cheminement de création et de politisation de l’École de la montagne rouge. Je savais que c’était un bon timing et qu’il fallait trouver une façon de filmer ce mouvement-là sans le prendre de haut. Jamais je n’aurais pu prétendre qu’on se rendrait à une grève de huit mois, que j’allais enregistrer 90 heures d’images et finalement en faire un film d’une heure quarante. Jamais ça ne m’avait traversé l’esprit. Mais, au bout de cinq ou six mois, je me suis bien rendu compte que ça allait durer.»

Aujourd’hui pour moi, demain pour toi est un document qui restera à coup sûr dans les archives de la Belle Province. À travers les activités de l’École de la montagne rouge, on y revit, un à la fois, les moments marquants qui ont jalonné cette prise d’assaut des rues d’ici par une population excédée. Des images de quelques-unes des plus importantes manifestations étudiantes, de Jean Charest se moquant des contestataires à la conférence d’ouverture du Salon du Plan Nord, du spectacle de Loco Locass aux dernières FrancoFolies, de l’élection du gouvernement péquiste de Pauline Marois le 4 septembre, de même que plusieurs témoignages des représentants du regroupement artistique de l’UQAM façonnent l’ensemble.

«L’École de la montagne rouge est un groupe d’individus qui se sont associés pour essayer de repenser le bien commun et de travailler collectivement», illustre Maël Demarcy-Arnaud. Et cela pendant une période où le temps s’est arrêté et où on a pensé à recréer des liens sociaux, retrouver un tissu social qu’on avait perdu. Très vite, ils ont réussi à conceptualiser leur art et à le faire parler au service de la cause.»

«J’avais vraiment envie de suivre des gens qui étaient peu politisés et qui allaient connaître une transformation pendant ce mouvement», continue-t-il. «J’avais envie de comprendre et de retranscrire le processus de politisation et de radicalisation qu’un groupe pouvait vivre à ce moment-là. Je ne voulais pas partir avec des gens qui étaient déjà rendus loin dans leur pensée politique. Moi, j’ai voulu mettre un présent sur ce moment-là, filmer les événements pendant qu’ils se produisaient.»

La gratuité, un concept à définir

Fait intéressant, Aujourd’hui pour moi, demain pour toi est projeté le même jour que débute le Sommet sur l’enseignement supérieur ce qui, l’espère à voix haute Maël Demarcy-Arnaud, devrait relancer le débat sur la gratuité scolaire, la question n’ayant été selon lui qu’effleurée en surface dans la dernière année.

«On n’est absolument pas là où on espérait être après les élections», tranche le jeune homme. «Le débat est revenu à la case départ, aux mêmes questions qui étaient soulevées pendant que les libéraux étaient là. On s’interroge sur les montants, sur combien ça pourrait coûter… On enlève toute la partie réflexive là-dedans. On ne se demande pas dans quelle direction on veut aller, où on veut que l’éducation s’en aille… On parle de la gratuité scolaire sans se demander quelle en est l’accessibilité. Moi, je pense qu’on devrait d’abord se demander quel est notre projet à long terme, le définir et parler de la forme.»

Montréalais d’origine, Maël Demarcy-Arnaud a fait ses études en cinéma à Paris où il a découvert le cinéaste Pierre Perreault, qui l’a grandement influencé dans son parcours. Revenu au Québec en 2011, le créateur a fondé sa boîte de production, Davaï, à l’origine d’Aujourd’hui pour moi, demain pour toi. Maël et ses collaborateurs sont maintenant à la recherche d’un distributeur afin de faire rayonner leur film à plus grande échelle possible.

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