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À La Tulipe : irrésistible Ingrid St-Pierre (CRITIQUE)

À La Tulipe : irrésistible Ingrid St-Pierre
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Envoûtante et attendrissante, mignonne et rigolote, émouvante et attachante : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le passage d’Ingrid St-Pierre sur les planches de La Tulipe, vendredi soir. L’auteure-compositrice-interprète effectuait sa rentrée montréalaise avec un spectacle combinant des pièces de ses deux albums, Ma petite mam’zelle de chemin, paru en 2011, et L’escapade, sorti en octobre dernier. Et, en véritable magicienne, elle a charmé un à un les spectateurs venus l’applaudir, avec ses vers remplis de poésie et son rire cristallin.

Après une introduction du quatuor à cordes dans une obscurité totale, une Ingrid souriante nous est apparue, assise derrière son piano, sur les premières mesures de La chocolaterie. Un contrebassiste et un percussionniste l’accompagnaient aussi pour l’occasion. « Merci d’avoir bravé le froid et la tempête », a-t-elle lancé en guise de salutation à un public conquis d’avance.

Un peu timide en ouverture de prestation, St-Pierre a lâché son fou sur l’amusante Mercure au chrome et p’tits pansements. Et son aisance n’a cessé de décupler au fil des 90 minutes qu’ont duré le tour de chant.

Particulièrement captivante lorsqu’elle décline les anecdotes ou les histoires rêvées qui ont donné naissance à ses refrains, Ingrid a parlé de cette amoureuse clandestine et un brin obsessive, en vedette dans Valentine, qui pourchasse son béguin et lit par-dessus son épaule, dans des cafés, pour pouvoir dire, ne serait-ce qu’une fois, qu’elle a été « sous la même couverture que lui ». Elle a assuré que Pâtes au basilic, dans laquelle elle décrit un plat de nouilles à l’arsenic, n’avait absolument rien d’autobiographique. Elle a dédié Les Ailes aux femmes qui l’entourent, « ses résilientes », comme elle les appelle. Et elle a esquissé avec Deltaplane un très beau portrait de tous ces êtres disparus qui, à ses yeux, sont simplement désormais accrochés à un deltaplane en papier.

D’autres moments ont aussi eu le bonheur de nous désarmer, comme lorsque la chanteuse a poussé a capella, debout dans le silence, les dernières notes de Les frous frous blancs, ou encore lorsqu’elle y est allée d’un court chant grégorien pour se remémorer son enfance.

Textes puissants

La magie des mélodies d’Ingrid St-Pierre réside sans contredit dans cette plume vivante, ces images fortes, presque réelles, qui se dégagent de chacun des mots. Ces références subtiles à notre quotidien, ces émotions qui se véhiculent d’un couplet à l’autre, nous collent inévitablement un sourire au visage et réconfortent par leur familiarité.

Lorsque, d’entrée de jeu, elle nous invite en Escapade dans les ruelles de sa jeunesse, on s’imagine aussitôt y être. Qu’elle évoque ensuite « la tempête qui se couche sur le Mile-End » dans La courte échelle (qui lui a valu sa première forte réaction de la soirée), la « pacotille de prophétie planquée dans [son] biscuit chinois » dans La planque à libellules ou encore qu’elle esquisse le « Chinatown » ou « l’Orient des ruelles » dans Feu de Bengale, les scénarios de la jeune artiste trouvent toujours une résonnance dans nos esprits. À cet égard, Ingrid St-Pierre peut certes se réclamer de Richard Desjardins, l’une de ses idoles, à qui elle rend d’ailleurs hommage dans Desjardins, ce morceau qu’elle jouait sur le piano droit de ses parents, dans l’atelier où sa mère, artiste-peintre, « faisait de la musique avec ses pinceaux » pendant qu’elle-même « dessinait des chansons ».

La blonde sensation avait évidemment gardé la bouleversante Ficelles, qui traite de la maladie d’Alzheimer, pour la fin de sa présentation, qu’elle n’aurait visiblement jamais voulu voir se terminer. Émue aux larmes, elle a longuement remercié la foule avant de quitter l’espace.

Ingrid St-Pierre offrira des supplémentaires de son spectacle les 15 et 16 juin prochain, au Gesù, dans le cadre des FrancoFolies. Les billets seront en vente dès le 12 février au www.admission.com.

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