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Scepticisme autour des résultats de la commission Charbonneau

La CEIC n'assainira pas les moeurs municipales, croit un Québécois sur deux
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Un texte de Ximena Sampson

Seulement un Québécois sur deux croit que la commission Charbonneau permettra d'assainir les moeurs municipales, selon un sondage CROP mené en ligne pour Radio-Canada auprès d'un échantillon de 1000 répondants, du 16 au 21 janvier 2013.

À la question « Croyez-vous que la commission Charbonneau améliorera les pratiques au sein des administrations municipales? », 54 % des personnes interrogées ont répondu oui, alors que 46 % ont répondu non.

Caroline Patsias, professeure au département de sciences politiques de l'UQAM, voit dans ces résultats très partagés un certain cynisme face à la démocratie représentative, ainsi qu'une évaluation réaliste des compétences de la commission.

Les audiences de la commission alimentent également la méfiance des citoyens, pense la chercheuse. « En écoutant la commission Charbonneau, les gens s'aperçoivent que ce sont des pratiques qui relèvent d'un véritable système et qui étaient installées sur un temps relativement long. Ce n'était pas juste un problème de personnes, lié à une journée où elles ont eu une tentation. C'était un véritable système qui reposait sur une certaine pérennité », ajoute Caroline Patsias.

Détails du sondage

Dans la région métropolitaine, les résidents de l'île de Montréal sont les plus optimistes : 61 % d'entre eux croient que la commission aura un impact positif, contre 52 % des banlieusards.

Le sondage révèle également que les femmes sont plus sceptiques que les hommes (47 % contre 62 %) et que les plus jeunes sont moins confiants que leurs aînés.

Ce sont les 55 ans et plus qui ont le plus confiance : 61 % d'entre eux pensent que la commission améliorera les pratiques contre 44 % des moins de 34 ans.

Ces résultats ne surprennent pas Sylvain Gauthier, vice-président de CROP. « On s'attend à ça, les gens plus âgés ont plus de bagage, ils sont moins influencés par les phénomènes du moment [...] C'est une question de niveau de confiance vis-à-vis des appareils politiques en général. »

Réactions

Le maire de Montréal, Michael Applebaum, reconnaît que les citoyens ont perdu confiance en leurs élus, mais il pense avoir pris des mesures pour améliorer la situation, notamment avec la création d'un comité-conseil sur l'octroi des contrats municipaux, et de l'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM).

« Je pense qu'on est dans une bonne direction. Les citoyens ne changeront pas d'idée [du jour] au lendemain, mais je pense qu'avec du temps on va être capables de montrer que les élus sont là pour répondre à leurs besoins et pour travailler dans le meilleur intérêt de la population », a ajouté le maire de Montréal.

Pour sa part, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, pense que les pratiques municipales vont changer à la suite des révélations de la commission, et que les Québécois doivent être patients et attendre qu'elle fasse son travail.

Pour assainir les moeurs, Sylvain Gaudreault prévoit déposer au cours des prochains mois un projet de loi sur le financement des partis politiques municipaux.

« Le niveau de gouvernance municipale est le niveau le plus près des citoyens [...] il faut que les gens se l'approprient. J'ai espoir qu'on va redonner cette confiance. Je suis un optimiste Je veux qu'on lutte contre le cynisme », a-t-il expliqué.

Le ministre souhaite que les révélations de la commission fassent en sorte que les citoyens soient plus nombreux à voter aux élections municipales.

La politologue Caroline Patsias espère, elle aussi, que les Québécois s'intéressent de plus près à l'administration de leurs villes. « La méfiance, ça peut aussi aider la conscientisation. C'est bien de faire confiance, mais en même temps c'est bien aussi de douter un peu [...]. Il faut un système où moi-même comme citoyen je m'implique pour surveiller les élus. »

Méthodologie

Le sondage a été réalisé en ligne par la firme CROP du 16 au 21 janvier 2013. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis.

Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants.

Compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas à ce sondage.

Avec les informations de Benoît Chapdelaine et Yvan Côté

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Tony Accurso

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