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La rentrée parlementaire se fait sous le signe du mécontentement autochtone (VIDÉO)

Rentrée parlementaire sous le signe du mécontentement autochtone

OTTAWA - La rentrée à Ottawa s'est faite sous le signe du mécontentement autochtone, lundi, alors que les Premières Nations continuent de brandir leurs réclamations et ont manifesté partout au pays, y compris sur la colline parlementaire.

Les députés ont été reçus par un comité d'accueil bien spécial: des centaines de manifestants des Premières Nations étaient aux portes du parlement.

Ils chantaient et dansaient, au son des tambours, afin de s'assurer de garder bien en vue leurs revendications.

Il s'agit d'une suite attendue aux dernières semaines de protestations, notamment alimentées par le mouvement autochtone «Idle No More» (la passivité, c'est fini).

Sous la neige tombante, de nombreux députés de l'opposition — surtout des néo-démocrates — ont accompagné les autochtones dans les marches du parlement.

«Juste à l'extérieur des portes du Parlement, aujourd'hui, nous voyons le résultat d'années de négligence», a lancé le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.

Peu avant, il était sorti s'adresser aux membres des Premières Nations rassemblés sous une mer de pancartes et de drapeaux.

«Vous ne pouvez pas détruire des milliers de lacs et de rivières et prétendre respecter les Premières Nations et leurs droits territoriaux, de pêche et de chasse», leur a-t-il dit en référence aux protections environnementales qui ont été réduites par des projets de loi récents du gouvernement, comme C-38.

«On va se battre avec vous», a promis M. Mulcair.

Pour marquer le coup, le député néo-démocrate Romeo Saganash a aussi indiqué qu'il allait déposer un projet de loi aux Communes pour exhorter le premier ministre Stephen Harper à appliquer les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

«Le premier ministre n'a toujours pas honoré ses engagements pris il y a un an afin de rétablir un dialogue respectueux avec les peuples autochtones. En harmonisant les lois fédérales et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, il ferait un bon pas vers la réconciliation», a déclaré M. Saganash.

«Il est temps pour le gouvernement de Stephen Harper de passer à l'action», a-t-il insisté en point de presse.

Cette déclaration prévoit notamment que les Premières Nations doivent être consultées avant l'adoption de lois.

Les conservateurs l'ont endossée mais la voient comme une déclaration non contraignante, qui met sur papier des objectifs à atteindre.

Malgré les dernières semaines de manifestations, le gouvernement maintient être sur la bonne voie dans ses relations avec les autochtones.

«Nous respectons toujours nos obligations légales selon la Constitution du Canada et nos traités», a répliqué Stephen Harper en réponse à une question à la Chambre des communes.

«Nous sommes aussi en train de prendre des mesures concrètes pour améliorer la vie des autochtones ordinaires dans les communautés de notre pays», a-t-il plaidé.

Mais plus tôt lundi matin, en dressant la liste de ses priorités pour la session parlementaire, le gouvernement n'a pas mentionné les revendications autochtones.

En réponse à une question d'un journaliste, le leader en Chambre du gouvernement, Peter Van Loan, a indiqué qu'il n'entend pas revenir en arrière pour modifier les projets de loi omnibus C-38 et C-45, même si la colère autochtone gronde pour exiger leur retrait.

Selon M. Van Loan, ces projets de loi bénéficieront aux autochtones, car en favorisant le développement des ressources naturelles, ils créeront de l'emploi pour eux au cours des prochaines décennies.

«Les Premières Nations comptent parmi les plus grands bénéficiaires de ces changements» effectués dans le budget au sujet de l'exploitation des ressources naturelles, «en raison des endroits où sont situées ces ressources naturelles que nous espérons développer», a expliqué M. Van Loan.

Ellen Gabriel, de la nation Mohawk, n'y voit que de la propagande.

«C'est une façon de justifier la contamination de notre planète», dit-elle.

Et pour la présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Michèle Audette, la création d'emplois n'est pas une panacée pour tous les problèmes vécus par les Premières Nations.

«Pour ceux qui vivent dans les communautés urbaines, peut-être, mais pas dans les communautés éloignées. Comment ils vont en bénéficier, en profiter, quand ils ne sont même pas aux tables (de discussions)?», se demande-t-elle.

Elle rappelle que les Premières Nations n'ont pas été consultées et qu'aucune négociation n'a eu lieu avant l'adoption des projets de loi C-38 et C-45, alors qu'ils les affectent directement.

M. Van Loan croit que beaucoup a été accompli avec la rencontre du 11 janvier dernier entre le premier ministre et certains leaders autochtones. Cette rencontre controversée avait toutefois été boycottée par de nombreux chefs.

Il croit que le processus a «débuté sur un bon pied».

Quant au chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, il est d'avis que le gouvernement devra préciser dans le prochain budget ce qu'il entend faire pour les autochtones. Sinon, il ne peut s'agir d'une vraie priorité, selon lui.

«Cela doit être dans le budget, au centre du budget», croit M. Rae.

Il ajoute que les objectifs du gouvernement ne peuvent être accomplis sans la participation des peuples autochtones.

«On va seulement réussir à avoir un développement majeur des ressources du pays, dans le Nord du pays, si on a une meilleure relation de travail avec les Premières Nations», soutient-il.

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