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Ottawa prêt à négocier avec Québec, mais déplore la gouvernance souverainiste

Ottawa prêt à négocier des ententes «pragmatiques» avec Québec
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DAVOS, Suisse - Québec et Ottawa ont assuré vendredi que leurs positions constitutionnelles diamétralement opposées ne les empêcheraient pas de conclure des ententes administratives pour «optimiser la gestion des fonds publics».

À Davos, dans les Alpes suisses, où s'est tenu cette semaine le Forum économique mondial, la première ministre Pauline Marois et les quatre ministres fédéraux présents ont multiplié les gestes de bonne volonté dans l'espoir, semble-t-il, de développer une relation à tout le moins respectueuse.

Les ministres John Baird (Affaires étrangères) et Ed Fast (Commerce international) ont fait les premiers pas en assistant, mercredi soir, à la réception donnée par Mme Marois. Celle-ci leur a rendu la politesse vendredi soir en se rendant à celle du gouvernement fédéral, quelques rues plus loin.

«Plus j'aurai d'amis à Ottawa qui comprendront ce que je veux, plus je serai contente», s'est amusée Mme Marois en entrevue à La Presse Canadienne.

«J'ai toujours souhaité avoir des échanges cordiaux avec (Stephen) Harper et avec le gouvernement canadien, a-t-elle ajouté. Ils savent où nous voulons aller. (...) Mais ils sont très accueillants et ils souhaitent pouvoir nous aider même si nous avons des divergences d'opinion.»

Le ministre fédéral de l'Industrie, Christian Paradis, qui est le lieutenant québécois de M. Harper, a lui aussi mis de l'eau dans son vin. Il a dit vouloir «trouver des dénominateurs communs» avec Québec de façon à «négocier de bonne foi» des ententes «pragmatiques» pour «optimiser la gestion des fonds publics». Il a cité en exemple l'accord Ottawa-Québec sur l'harmonisation des taxes de vente et celui portant sur le gisement pétrolier Old Harry, dans le golfe Saint-Laurent, tous deux conclus alors que les libéraux de Jean Charest étaient au pouvoir.

Tout un contraste avec sa sortie du mois de novembre, alors qu'il fustigeait le discours inaugural de Pauline Marois, le jugeant inutilement «vindicatif» en raison notamment de l'accent mis sur les revendications péquistes en matière de pouvoirs constitutionnels et de transferts aux provinces.

M. Paradis a rappelé qu'avant Noël, il a rencontré le ministre québécois des Affaires intergouvernementales et de la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier. Ce dernier lui aurait confié qu'il y avait sur sa «table à dessin» des propositions d'arrangements Canada-Québec. Christian Paradis promet de les étudier avec attention.

Gouvernance souverainiste

Bien sûr, le gouvernement Harper ne veut pas entendre parler de la «gouvernance souverainiste», la stratégie par laquelle le Parti québécois veut soutirer de nouveaux pouvoirs d'Ottawa dans le but de faire avancer le projet indépendantiste.

Pas question, donc, de céder à Québec l'assurance-emploi ou les budgets fédéraux en matière de culture et de communications, comme le réclame le gouvernement péquiste. Pour le lieutenant québécois de Stephen Harper, accéder à ces demandes risquerait d'amorcer le «démembrement» du gouvernement fédéral.

Mais M. Paradis a dit voir d'un bon oeil les propos qu'a tenus jeudi Mme Marois sur la gouvernance souverainiste. Sans faire mention du projet indépendantiste, elle avait expliqué qu'à ses yeux, la stratégie vise d'abord et avant tout à «défendre les intérêts du Québec».

Pauline Marois reconnaît que l'assurance-emploi et les enveloppes fédérales consacrées à la culture sont des revendications ambitieuses. Vendredi soir, elle en a évoqué deux autres: l'amélioration de l'entente fédérale-provinciale sur l'immigration et un plus grand rôle pour le Québec dans l'administration du Code criminel. Le PQ veut notamment modifier le traitement réservé aux jeunes contrevenants et permettre l'assistance médicale à mourir. Il est toutefois loin d'être acquis que ces dossiers seront plus faciles à faire accepter par Ottawa.

«Nous voulons avoir notre espace et si par des ententes administratives, nous faisons avancer des dossiers, tant mieux, parce que c'est pour les Québécois que je travaille, a affirmé Mme Marois. Et tout ce que je vais obtenir pour désalourdir l'administration, pour éviter les dédoublements, je peux vous dire que je vais le faire.»

La première ministre a rappelé que c'est sous des gouvernements péquistes que Québec et Ottawa se sont entendus sur l'immigration et sur la mise en place des commissions scolaires linguistiques, entre autres.

Pauline Marois quittera la Suisse samedi matin pour se rendre à Londres, puis à Édimbourg, avant de rentrer au Québec.

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