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Ici Chez-soi de l'ONF: Leanne. Quitter l'enfer (VIDÉO)

Ici Chez-soi de l'ONF: Leanne. Quitter l'enfer (VIDÉO)

Ici, Chez soi est un documentaire Web de l'ONF dans les coulisses de Chez soi, une grande enquête de la Commission de la santé mentale du Canada pour stopper l'itinérance chronique. Le concept? Donner un toit aux sans-abri.

Un appartement insalubre. Une agression armée. Deux enfants dont elle n’a plus la garde.

La réalisatrice Lynne Stopkewich a rencontré Leanne, une participante logée par le projet Chez soi à Vancouver. Accro aux drogues dures, cette femme blessée n’y va pas par quatre chemins pour raconter son quotidien violent dans le quartier Downtown Eastside.

La discrimination et l’exclusion, elle connaît : pauvreté, criminalité, sexisme et racisme l’ont marquée au fer rouge. Dans le film Prise en enfer, on la rencontre dans le logement encombré qu’elle quitte pour un toit financé en partie par Chez soi. Elle rêve de retrouver la garde de ses enfants, qui vivent avec sa mère au moment du tournage. Pour Leanne, participer à l’étude équivaut à gagner à la loterie : enfin, elle pourra rebâtir sa vie loin des dangers et des tentations de la rue East Hastings.

Si la violence touche souvent les personnes en situation d’itinérance, elle affecte particulièrement les femmes. Theresa et Lise, deux autres participantes approchées par l’équipe du documentaire Web Ici, Chez soi, nous ont raconté comment les abus sont monnaie courante quand on vit en situation précaire.

À l’occasion de la mise en ligne du film Expulsée, qui faisait le portrait de Theresa, nous soulignions que l’itinérance cachée et la violence sont des situations qui touchent particulièrement les femmes. Déjà l’an dernier, des organismes qui offrent de l’hébergement aux femmes lançaient un cri d’alarme, notamment en ce qui concerne l’aide à long terme. Dans un dossier publié dans la Gazette des femmes, en août dernier, on peut lire : « Les femmes itinérantes sont plus vulnérables aux violences de la rue. Elles courent 20 fois plus de risques que toute autre femme de se faire agresser, et sont plus sujettes aux agressions que les hommes dans la même situation. » À Vancouver, 34 % de tous les participants de Chez soi ont été victimes d’une agression au cours des 6 mois précédant le début de l’étude.

Leanne sera-t-elle en mesure de reprendre pied? Pourra-t-elle se guérir de la consommation d’alcool et de drogues?

La précarité coûte cher

Dans une chronique rédigée pour le pendant anglais du documentaire Web Ici, Chez soi, le chercheur Josh Evans de l’Université Athabasca souligne l’importance du lieu comme déterminant social de la santé. « Les conditions de logement, la stabilité du logement et les caractéristiques du quartier ont toutes des répercussions sérieuses sur l’état physique des individus. La santé fragile des personnes en situation d’itinérance démontre à quel point ces circonstances sont importantes. Ces indicateurs convergent tous dans Downtown Eastside, un quartier avec de très mauvaises conditions de logement et un niveau très important de précarité. »

Le projet Chez soi se penche aussi sur les coûts d’exploitation d’un programme de soutien où les participants sont logés. Les chercheurs travaillent présentement à comparer les frais de l’étude à ce qu’il en coûte aux divers paliers de gouvernements pour les hospitalisations d’urgence, les incarcérations et la judiciarisation des personnes ayant un problème de santé mentale qui vivent en situation d’itinérance.

Les chiffres sont frappants : une nuitée à l’hôpital coûte en moyenne 1007 $ à Vancouver, et les participants y ont séjourné en moyenne 11 fois dans les 6 mois précédant le début de l’étude. Pour une nuitée en prison, on parle de 163 $; 35 % des participants ont été arrêtés au courant de la même période.

Selon l’équipe du projet Chez soi, il en coûterait plutôt 57 $ la nuit pour permettre à une personne dans le besoin de recevoir un toit (le programme déboursant les deux tiers du loyer) et des services de santé adéquats. Le revenu moyen mensuel de chaque participant au moment d’entrer dans le projet est de 773 $, ce qui pouvait les aider à payer le tiers restant du loyer.

Le rêve de Leanne

Le documentaire Web Ici, Chez soi lève le voile sur un volet de l’étude spécifique à Vancouver : l’impact du logement et du soutien clinique sur les communautés touchées par les dépendances à l’alcool et la drogue. Pas moins de 58 % des participants de l’étude dans la métropole de l’Ouest canadien sont touchés par un problème de consommation et 65 % par un problème psychiatrique lié à leur consommation.

Leanne rêve de tourner la page sur sa vie dans Downtown Eastside et de retrouver la garde de ses enfants. L’approche de Chez soi, centrée sur les objectifs de chaque participant, pourrait éventuellement l’aider à atteindre son but.

Pour le professeur Josh Evans, l’histoire de Leanne lui rappelle « qu’un lieu, comme un appartement ou un quartier est plus qu’un endroit caractérisé par des avantages et des inconvénients pour la santé. C’est un centre créateur de sens autour duquel les gens bâtissent leur vie. En ce sens, l’histoire de Leanne est symbolique : le simple processus du déménagement d’un lieu à un autre pourrait lui permettre de bâtir une nouvelle vie ailleurs. » D’ailleurs Leanne le dit elle-même : « Ma vie pourra reprendre. Je ne suis plus prise au cœur de l’enfer. »

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