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Le magazine des femmes en prison, «Citad'elles»: une initiative que l'on doit à la prison de Rennes (PHOTOS)

«Belle en prison», des détenues lancent un magazine féminin (PHOTOS)
AFP

PRISON - Comment rester femme en prison? Peut-être en commençant par créer son magazine. Des recettes de cuisine mais aussi des infos pratiques comme "Tout savoir sur le PSAP" (procédure simplifiée d'aménagement de peine), tel est le sommaire du premier numéro de "Citad'elles, le féminin sans barreaux", une revue trimestrielle gratuite confectionnée par des détenues du centre pénitentiaire de Rennes.

Elles s'appellent Catherine, Argi, Laurence ou encore Patricia et si elles sont rédactrices du magazine, elles sont avant tout détenues au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, le seul établissement pénitentiaire français qui accueille exclusivement des femmes. Une originalité qui leur a permis de créer ce magazine qui n'est évidemment pas la première revue créée en prison, mais bien le premier magazine féminin pour détenues, fait par des détenues.

À l'origine du projet, un collectif d'artistes

Face à elles, 36 pages vierges qu'il a fallu remplir d'idées, de conseils, d'humour. Dix à dix-huit détenues participent au comité de rédaction de ce premier numéro, entamé le 12 septembre, et "elles choisissent les sujets", explique Alain Faure, coordinateur du projet pour les Etablissements Bollec, l'association à l'origine de cette initiative soutenue par plusieurs insitutions dont la DRAC 35, le SPIP 35, les fondations ELLE, Prévadies, la Macif et l'imprimeur Joop Stoop.

Ce collectif de dessinateurs, auteurs et graphistes créé en 2005 avait déjà travaillé avec des détenues à la création de fanzines puis l'idée de réaliser "un magazine féminin a germé il y a deux ans", explique-t-il.

En association avec la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine, qui a assuré la médiation avec la direction pénitentiaire, le projet s'est concrétisé.

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La couverture

Citad'elles, le féminin sans barreaux

Sujets sérieux

Mais première surprise, "On pensait avoir des sujets plus girly", relève M. Faure. Finalement 50% du magazine abordent, et c'est un choix des détenues, des sujets moins légers. "On n'imaginait pas avoir des sujets aussi sérieux, approfondis", note le coordinateur.

Ainsi, une enquête va aborder la difficulté de l'insertion professionnelle à la sortie de prison, un autre article le PSAP. Mais le magazine va aussi aborder les recettes de beauté, du masque contre les points noirs à la crème de nuit pour les mains, de fabrication maison avec des produits naturels, jusqu'à la fabrication de poupées de chiffon...

Accompagnées de professionnels, ces femmes qui arrivent en fin de peine "acquièrent l'expérience de la création d'un journal de A à Z", explique M. Faure. À elles ensuite de former les futures rédactrices des numéros suivants avant leur sortie.

Précédents

La revue va être distribuée à partir de vendredi au centre de détention, "et beaucoup l'attendent car le bouche à oreille a bien marché", assure-t-il. Pour ce premier tirage, 500 exemplaires ont été tirés. Mais l'objectif est de diffuser le magazine bien au-delà du seul centre pénitentiaire de Rennes, dans toutes les prisons du grand ouest. Trois numéros sont prévus d'ici le mois de juin.

Si d'autres fanzines ont vu le jour en prison, la prison inspire elle aussi l'art. En témoigne la série de bande-dessinées "Paroles de..." publié par les éditions Delcourt depuis la fin des années 1990. Paroles de taulards, Paroles de taule, Paroles de parloirs, ces ouvrages collectifs qui ont rassemblé la fine fleur de la bande-dessinée française sous la houlette du scénariste Eric Corbeyran racontent le quotidien des détenus, leurs parcours, et s'intéresse aussi à leurs proches. Mieux, ce sont les prisonniers et conjoints de prisonniers eux-mêmes qui ont écrit les textes et conçu les scénarii de ces histoires courtes.

Paroles de taulards, tome 1

Paroles de taulards

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