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Un village de fous, au Théâtre Jean Duceppe: pour ne pas se casser la tête (CRITIQUE)

: pour ne pas se casser la tête
François Brunelle

Il y a de belles trouvailles d’absurdité dans le Village de fous qui tient actuellement l’affiche du Théâtre Jean Duceppe. Dans ce conte pour adultes de Neil Simon, les habitants d’un petit patelin ukrainien, sous l’emprise d’un sortilège, rivalisent de naïveté et balancent souvent des incongruités susceptibles de faire froncer les sourcils d’un gamin de cinq ans. Les sympathiques simples d’esprit qui peuplent ce joyeux univers ne brillent peut-être pas par leur intelligence, mais ils ont au moins le mérite de nous dérider par leurs observations sans queue ni tête, souvent comiques.

Est-ce que cette drôlerie suffit à faire du Village de fous une grande pièce? Non. On aura probablement oublié dans un an cette fable bon enfant et destinée à un large public, qui ne sonde ni les méandres de l’âme humaine, ni les grands courants de la société actuelle. Mais, prise pour ce qu’elle est, c'est-à-dire un divertissement honnête qui vise à nous faire passer un bon moment de théâtre sans nous casser la tête, la mise en scène de Monique Duceppe remplit efficacement sa mission. Cette histoire pleine de bons sentiments réchauffera les âmes esseulées et arrachera plusieurs sourires et quelques éclats de rire aux spectateurs bien disposés.

On se transporte donc dans la petite localité de Kulyenchikov, en Ukraine, où, il y a 200 ans, le comte Gregor Yousekevitch, furieux qu’on lui refuse la main de la belle du village, jetait une malédiction sur les citoyens de l’endroit, les rendant ainsi fous de génération en génération. C’est notamment à cause de ce maléfice que la pauvre Yenchna (Danielle Lépine) s’imagine qu’elle vend du poisson alors qu’elle tente en fait d’écouler des fleurs, que le docteur Zubritzky (Claude Prégent) prescrit des médicaments dont il ignore complètement la teneur à ses patients, que les mots sont écrits à l’envers sur les enseignes et les affiches et que tous supposent que le tonnerre est en fait l’expression de la colère du comte Yousekevitch, qui se vengera ensuite en leur versant de l’eau sur la tête. Vous voyez le genre.

Lorsque le professeur Léon Tolchinsky (Antoine Durand) s’amène sur les lieux, il est aussitôt charmé par la candeur sans malice de ses hôtes. Plein de bonne volonté, il se lancera le défi de les instruire et de leur rendre leurs capacités intellectuelles. Comme tous ceux qui s’y sont risqués avant lui, le courageux homme ne disposera que de 24 heures pour renverser le sort mettre un peu de plomb dans la tête de ces drôles d’oiseaux qui, mentionnons-le, sont bien au fait de leur condition et aimeraient beaucoup l’améliorer. Sa motivation sera rapidement décuplée par les beaux yeux de Sophia Zubritzky (Émilie Bibeau) qui, à 19 ans, est la plus stupide du lot, aux dires de ses concitoyens. Amoureux de cette jeune femme incapable de l’aimer en retour (autre conséquence du sortilège), Léon mettra tout en œuvre pour atteindre son objectif et épouser l’élue de son cœur.

Évidemment, la finale et le message véhiculés par Un village de fous sont archi prévisibles et n’arracheront de larmes à personne. C’est plutôt dans les éléments qui donnent corps à l’ensemble que résident ses plus grandes forces. Les acteurs semblent s’amuser follement à enligner leurs répliques plus ridicules les unes que les autres; Émilie Bibeau est particulièrement attachante en bambine qui ne paraît pas avoir grandi, et Antoine Durand ravit instantanément l’assistance lorsqu’il s’adresse directement à elle, à deux ou trois reprises pendant le spectacle. Sans surprise, les jeux de portes sont légion dans ce décor coloré qui accroche l’œil, mais on ne s’ennuie jamais vraiment pendant l’heure et demie (sans entracte) que dure la comédie.

Un village de fous est présenté au Théâtre Jean Duceppe jusqu’au 9 février.

Pour informations : www.duceppe.com.

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