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Idle No More: beaucoup d'actions sur les réseaux sociaux, mais peu de réponses d'Ottawa

Du bruit sur les réseaux sociaux, mais peu de réponses
Idle No More

MONTRÉAL - D'un côté, il y avait vendredi dernier l'expression «Idle No More» qui devenait l'un des sujets les plus discutés au Canada sur le réseau social Twitter. De l'autre, il y avait, la même journée, le premier ministre Stephen Harper qui faisait des blagues sur la fin du monde annoncée par les Mayas.

Il y a également les partisans de la Grand chef Theresa Spence, en grève de la faim depuis le 11 décembre, qui accusent le gouvernement Harper d'ignorer leurs doléances. En revanche, il y a le ministre des Affaires autochtones, John Duncan, qui assure avoir tenté de contacter la leader crie, sans jamais obtenir de réponse.

S'il demeure bien difficile de distinguer le vrai du faux, il reste que le mouvement Idle No More (Fini, l'inertie) déchaîne les passions, jusque sur les médias sociaux.

Au départ, quatre femmes — Nina Wilson, Sylvia McAdam, Jessica Gordon et Sheelah McLean — ont profité des discussions à propos du projet de loi C-45 de mise en oeuvre du budget fédéral pour attirer l'attention sur l'impact de cette loi omnibus «non seulement sur les autochtones, mais également sur les territoires, l'eau et tous les citoyens canadiens», lit-on sur le site Web d'Idle No More.

Le mouvement a touché le Québec en même temps que le solstice d'hiver, le 21 décembre. Quelques centaines de personnes se sont réunies à Montréal, une quarantaine a affronté la tempête à Québec et des milliers d'autres ont pris les rues des petites et grandes villes du pays, et même celles de Londres, au Royaume-Uni. Sur Twitter, les appels au premier ministre Harper étaient nombreux. Mais sur le compte officiel de celui-ci, aucune réponse n'est apparue. En fait, son «tweet» le plus populaire cette journée-là semble avoir été celui où il indiquait que les Mayas s'étaient trompés à propos de la fin du monde, et qu'il «ferait mieux de commencer mon magasinage des fêtes».

Depuis le 11 décembre, la Grand chef Spence, de la nation crie d'Attawapiskat, sur la rive de la Baie d'Hudson, au nord de l'Ontario, mène une grève de la faim. Elle réclame une rencontre entre le premier ministre Harper et les leaders autochtones afin de bâtir une meilleure relation entre autochtones et allochtones.

Pour l'instant, seul le ministre Duncan a tenté, «à plusieurs reprises», tel qu'il indique dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, de discuter avec Mme Spence. Sans succès.

À ce sujet, l'artiste et animatrice de culture autochtone Mélissa Mollen-Dupuis y va d'une explication. «On a tellement accepté des situations comme la vie dans des réserves sans eau courante, ni électricité. On a accepté d'être traités comme des citoyens de basses classes. Maintenant, ce qu'on veut, c'est une vraie rencontre, avec quelqu'un qui a un réel pouvoir de faire changer les choses. Ça [la rencontre] doit se passer avec le premier ministre», avance celle qui a également co-organisé le mouvement Idle No More au Québec. Theresa Spence n'a pas répondu à la demande d'entrevue de La Presse Canadienne.

Un peu plus de 2000 personnes ont signé une pétition d'appui aux revendications de Mme Spence, un document qui est adressé au premier ministre Harper. Au coeur de celles-ci se trouvent les modifications à la Loi sur les Indiens apportées par la plus récente loi omnibus. Ces changements ont pour effet de diminuer le nombre d'appuis requis pendant un vote visant à permettre la location de terres et de retirer l'approbation finale au conseil des ministres, pour plutôt l'accorder au ministre des Affaires autochtones et Développement du Nord. Les amendements apportés aux lois sur l'évaluation environnementale, les pêches, l'Office national de l'énergie et la protection des eaux navigables sont également dénoncés.

En entrevue au réseau autochtone APTN le 20 décembre dernier, le sénateur Patrick Brazeau, membre de la nation algonquine, a assuré que les modifications visaient à «réduire les obstacles démocratiques» et à placer davantage de pouvoir «entre les mains des autochtones». À se fier aux commentaires que son entrevue a déclenchés sur les médias sociaux, toutefois, ce sont deux autres de ses déclarations qui ont retenu l'attention. Plusieurs internautes se sont indignés d'entendre le sénateur qualifier la chef Spence de «mauvais exemple pour la jeunesse autochtone», car elle n'utilise pas le moyen le plus approprié pour faire valoir son point de vue selon M. Brazeau. Les passions se sont soulevées à nouveau quand le sénateur conservateur a admis un certain désintérêt envers le mouvement Idle No More.

«Je ne suis pas certain de saisir le message de Idle No More, a-t-il lancé à l'animateur Michel Hutchinson. Ça a commencé avec le projet de loi C-45, et maintenant on parle de souveraineté, d'accès aux ressources. [...] Les autochtones devraient plutôt s'impliquer dans les processus démocratiques actuels pour faire entendre leurs points de vue.»

La veille, il lançait cette phrase sur son compte Twitter: «Peut-être que si les autochtones commençaient à voter, leurs voix deviendraient plus forte. Les médias sociaux ne sont pas un endroit où voter». À une internaute qui lui demandait comment il était possible de voter en étant coincé dans une réserve «avec des moyens de transports limités» pour se rendre aux urnes, il répondait: «Vous avez maintenant besoin d'un moyen de transport gratuit? Qu'est-ce qu'on devrait vous donner d'autre?».

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