Une chemise qui analyse la sueur et l’hydratation de son propriétaire, des robes qui bougent seules, un chandail qui produit de l’énergie à partir des mouvements de son porteur… Il se trame littéralement des projets dignes des grands films de science-fiction dans le laboratoire de Joanna Berzowska, professeure et titulaire de la Chaire de design et d’arts numériques de l’Université Concordia. Qu’elles soient optiques ou naturelles, la rencontre des fibres promet les applications les plus folles.
Diplômée de l’Institut de Technologie du Massachussetts (MIT) et de l’Université McGill, Joanna Berzowska a partagé sa formation universitaire entre le design, l’art, la science et les mathématiques pures. Membre de l’Institut de recherche Hexagram de l’Université Concordia, elle est également fondatrice et directrice de recherche du XS Labs, où son équipe apporte des méthodes novatrices et des applications concrètes à la recherche sur les textiles électroniques et les vêtements réactifs.
Loin des spéculations théoriques et des potentialités parfois éthérées de la recherche, les projets menés au XS Labs ont déjà produit des applications tangibles, comme les robes Skorpions, présentées aux Jeux olympiques de Vancouver. Ces dernières se meuvent seules sur le corps de leurs porteuses, en mouvements organiques lents et préprogrammés. Toutefois, si les chaussures de sport qui changent de couleur en fonction de la vitesse de course et autres vêtements faisant office d’écrans peuvent laisser rêveur, les possibilités offertes par les textiles intelligents ne se limitent pas qu’au design.
Une des voies les plus prometteuses suivies par la recherche consiste à améliorer le quotidien et le confort à leur aide. Produire de l’énergie à partir des déplacements du corps, recharger des engins électroniques en les glissant simplement dans une poche ou encore télécharger des logiciels par simple contact… Les possibilités sont sans limites. Le domaine médical revêt lui aussi de nombreuses applications: analyse en temps réel de la respiration, du rythme cardiaque, des molécules de sueur ou même du niveau de stress de la personne. Autant dire que les vêtements pourraient devenir de véritables agents de contrôle qui permettraient d’éviter les incidents cardiaques, le surmenage ou l’alcool au volant.
Qu’on imagine les applications militaires, comme des tenues qui adaptent leur camouflage à l’environnement en temps réel ou qui préviennent elles-mêmes les secours en cas de blessure, ou encore les possibilités en matière de communications telles qu’un accoutrement capable de passer des appels téléphoniques, et on comprendra que les textiles intelligents multiplient les possibles. «La technologie tient de l’inévitable», explique Joanna Berzowska. «Nous cherchons constamment à améliorer les choses, à les rendre plus rapides, plus petites, plus conviviales. On ne peut pas nécessairement juger du bien-fondé de la formule – ou, au contraire, de son importunité.»
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