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Procès Rémy Couture: le contenu diffusé «est de l'art», affirme l'accusé

Rémy Couture: le contenu diffusé «est de l'art»
Agence QMI

MONTRÉAL - Rémy Couture, le spécialiste en effets spéciaux accusé de corruption de moeurs, a défendu son travail comme une oeuvre d'art, lors de son procès tenu à Montréal mardi.

Témoignant pour sa propre défense, M. Couture a expliqué au jury que son site Internet, qui met en vedette un tueur psychopathe qu'il a créé, n'est pas la pornographie violente décrite par la Couronne.

Le matériel en question inclut des centaines de photos et deux vidéos de fiction qui montrent des meurtres sordides, de la torture, des agressions et de la nécrophilie. Tous ces actes mettent en scène des jeunes femmes qui apparaissent partiellement ou complètement nues.

Le site Internet est venu à l'attention des autorités à la suite d'une plainte provenant de l'étranger.

«Mon objectif était clairement et simplement de créer l'horreur», a déclaré M. Couture, 35 ans, pendant une cinquième journée de délibérations à la Cour supérieure du Québec.

M. Couture est accusé de corruption de moeurs via la distribution, la possession et la production de contenus obscènes, dans une rare affaire judiciaire qui explore les limites de l'expression artistique et des lois canadiennes sur l'obscénité.

Lors de son contre-interrogatoire par le procureur de la Couronne Michel Pennou, M. Couture s'est défendu d'avoir créé ce qui ressemblait à un film de porno sadique, dans lesquels des meurtres sont filmés en direct.

«Je crée de l'horreur. Je ne suis pas un pornographe», a déclaré M. Couture au jury, disant que le but de ses films était de dégoûter et non d'exciter.

M. Couture a élaboré en expliquant qu'il était inspiré par des films d'horreur et de la littérature et qu'il avait simplement créé un tueur en série et un univers pour lui. Il a décrit son travail comme étant «le faux journal intime d'un tueur en série».

Le maquilleur argumente que la nature sexuelle de certaines des photos est secondaire, la décrivant comme accessoire. Il a dit que les effets spéciaux et la valeur artistique sont ce qui l'intéresse le plus.

La Couronne décrit les contenus disponibles sur le site, présentement hors-ligne, comme étant obscènes, et affirme qu'ils vont trop loin. Elle ajoute que le travail de M. Couture est dominé par le sexe et critique le fait qu'il n'y avait rien pour prévenir les mineurs de visiter le site.

Le site Internet de M. Couture était tellement populaire qu'il a été obligé de changer pour un serveur situé aux États-Uni pour gérer l'augmentation du trafic.

M. Couture a indiqué au jury que certaines personnes ne croyaient pas que les images étaient fausses et lui écrivaient pour lui dire. Il leur répondait avec des images illustrant le processus de création pour prouver que tout était faux. Il a également confié au jury avoir reçu des menaces sur son travail.

Questionné par la couronne sur le fait que tous ses personnages de victimes étaient des femmes, M. Couture a répondu qu'il prévoyait créer un projet dans lequel une des femmes victimes obtiendrait sa revanche sur le psychopathe.

Cela n'a jamais eu lieu puisqu'il dit avoir eu moins de temps pour son site Internet parce qu'il était de plus en plus sollicité pour son expertise en matière d'effets spéciaux. Il a expliqué que son but était de rehausser les effets de son travail d'effets spéciaux et de maquillage. Il voulait créer l'horreur mais ne voulait pas fourvoyer les gens.

Un jury de sept femmes et cinq hommes se penche sur la cause qui se poursuivra mercredi.

Questionné par son avocat Robert Côté, M. Couture a décrit son métier avec passion.

Il a expliqué les matériaux qu'il utilisait et fourni une longue liste des films pour lesquels il a fait des effets spéciaux.

Il s'est notamment rendu en Hongrie pour faire de l'art pour un groupe de heavy métal et a été invité à discuter du travail dans l'industrie du cinéma avec des élèves d'une école secondaire de Shawinigan. Il a même utilisé ses connaissances en effets spéciaux pour aider à la création d'une vidéo de formation pour le syndicat représentant les gardiens de prison fédéraux.

Son arrestation à la fin de 2009 a été son seul ennui avec la loi, a-t-il noté, espérant qu'il serait également le dernier.

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