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Ici chez soi: Lise, l'art contre la schizophrénie (VIDÉO)

Lise: l’art contre la schizophrénie

Lise est atteinte de schizophrénie et elle a vécu de nombreuses années de précarité dans un appartement peu sécuritaire de Moncton avant de retourner vivre dans sa famille. Elle en avait assez et, en 2009, l'équipe de Chez soi lui a fait une offre qu'elle ne pouvait refuser : pour être logée convenablement, le projet allait lui apporter un soutien financier (2/3 des coûts du loyer et des charges mensuelles). En quelques mois, Lise a pu économiser et s’acheter une roulotte dans laquelle elle s’adonne à sa passion – la peinture.

Ici, Chez soi est un documentaire Web de l’ONF dans les coulisses de Chez Soi, une grande enquête de la Commission de la santé mentale du Canada pour stopper l’itinérance chronique. Le concept? Donner un toit aux sans-abri.

Réalisé à Moncton par Louiselle Noël, le court métrage De la couleur dans les idées nous fait entrer dans l'univers de Lise, une femme à mille lieues des idées préconçues sur l’itinérance chronique et la maladie mentale. Touchée elle-même par un problème de santé mentale, la réalisatrice a joué un rôle important pour convaincre Lise de participer à un film du projet Ici, Chez soi : « Au départ, elle ne voulait pas participer au documentaire. Elle a finalement accepté après avoir discuté avec nous. » Louiselle avait su gagner sa confiance.

Si en surface l’histoire de Lise paraît trop belle pour être vraie, il ne faut pas oublier que la vie avec un problème de santé mentale est un combat quotidien. Pour Lise, le rétablissement est une démarche qui ne s’achèvera jamais. La schizophrénie est un désordre émotif et mental qui provoque souvent une déconnexion du monde réel et se manifeste par des épisodes psychotiques. Médication, psychothérapie et activités artistiques sont quelques-uns des moyens qui aident les personnes atteintes à mener une vie presque normale.

Le cas de Lise illustre pourtant une composante essentielle de l’approche de Logement d’abord et du projet Chez soi: c’est la volonté du participant - du « client » dans le jargon des intervenants - qui doit guider toutes les décisions de l’équipe de soutien. Lise rêvait d’être propriétaire d’une maison mobile et de transformer son art en source de revenu. Chez soi l’a aidée à poser des gestes concrets pour atteindre son but.

Quand l’art devient un outil thérapeutique

L’art occupe une grande place dans la vie de Lise. Les travailleurs de Chez Soi à Moncton ont pu la guider pour qu’elle expose et vende ses œuvres à des acheteurs de la région.

Pour bien comprendre le rôle de l'art dans le rétablissement de Lise, nous avons présenté son histoire à Francine Lévesque, blogueuse et thérapeute par l'art à l'Institut Douglas. « Il y a une différence entre l'art-thérapie et l'art qui a un effet thérapeutique, précise la spécialiste. Avec ou sans thérapeute, la personne est en mesure de dialoguer avec la forme et d'extérioriser ses idées. Pour Lise, par exemple, cette pratique lui permet d’exprimer ses émotions. Mais avec l’aide d’un thérapeute, le patient est en mesure d'aller plus loin. »

« C'est important que les personnes choisissent le médium de création qui leur convient. En thérapie par l'art, on regarde ce qui les allume, les motive. La sculpture, le recyclage ou le collage sont autant de moyens d'exprimer sa créativité. À peu près toutes les formes d’expression artistique peuvent être bénéfiques », explique Francine Lévesque.

« Je trouve que Lise décrit très bien comment la création l'aide à fonctionner. L'art devient thérapeutique, ça lui fait du bien. Elle dit elle-même que çal’aide à clarifier ses idées », rappelle la blogueuse. Lise compare même l'activité de peindre à une méditation, ce qui n'est pas sans rappeler à la thérapeute le concept psychologique de « pleine conscience », qui est un état dans lequel on participe pleinement à l'action. Francine remarque souvent que les mains sont actives, mais la tête est libre. Pour Lise, atteinte de schizophrénie, c'est un moyen d'arrêter de se sentir confuse et désorganisée.

Montrer la maladie mentale

La réalisatrice Louiselle Noël s'est fait connaître grâce à des projets sur la santé mentale comme le documentaire Ça tourne dans ma tête, sur un enfant bipolaire.

En entrevue au moment de la mise en ligne de la plateforme Web Ici, Chez soi, Louiselle nous confiait : «Je cherche à montrer la beauté de l'âme, la beauté intérieure, ce que les participants ont à dire. » Elle a aussi réalisé le touchant portrait d’Hector, ce père de famille qui a pu mettre ses vieux démons en laisse grâce à Chez soi. Les films de Louiselle respirent la fragilité et la douceur, malgré les grandes difficultés du passé qu’on devine dans leurs témoignages.

Une couleur acadienne dans la voix, Louiselle poursuit: « Au départ, je ne juge pas les participants. C'est ce qui me donne envie de connaître l'histoire de ces gens-là. Étant donné que je souffre moi-même de maladie mentale, je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas de films là-dessus. Je trouve qu'il y a une beauté dans la maladie mentale. »

Représenter la maladie mentale à l’écran n’a jamais été simple. Chaque cinéaste qui s’est frotté à ce défi a dû résoudre des problèmes éthiques, artistiques et personnels. Avec De la couleur dans les idées, Louiselle Noël nous en brosse un portrait porteur d’espoir.

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