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Référendum sur l'indépendance du Québec: et si le OUI l'avait emporté en 1995!?

Et si le OUI l’avait emporté en 1995
PC

Que serait-il arrivé si le OUI l'avait emporté lors du référendum du 30 octobre 1995? Jamais le Québec n'est passé si près de devenir un pays que ce jour-là. Au final, tout s'est joué sur un peu plus de 1% du vote, soit une différence de 54 288 électeurs!

On ne sait pas, 17 ans plus tard, si le Québec se serait réellement séparé du Canada ou s’il aurait négocié une plus grande autonomie basée largement sur les conditions de l'Entente du Lac Meech (1990).

La question posée lors du second référendum sur l'avenir constitutionnel était assez molle: «Acceptez-vous que le Québec devienne souverain après avoir formellement offert au Canada une entente de partenariat économique et politique dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et l'entente signée le 12 juin 1995?».

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Le premier ministre québécois, Jacques Parizeau, venu en politique pour faire l'indépendance, avait accepté que l'accent soit mis lors de cette consultation sur l'offre de partenariat avec le reste du Canada (ROC).

Parizeau se trouvait en position de faiblesse. Le PQ a été porté au pouvoir en septembre 1994, mais avec une majorité beaucoup plus courte qu'anticipée. La campagne électorale a porté en grande partie sur «l'enclenchisme» de la mécanique référendaire.

Le soir de la victoire au Capitole, à Québec, Lucien Bouchard a la face longue aux côtés du nouveau premier ministre. Bouchard dirige à Ottawa le Bloc québécois qui a balayé le Québec avec 54 élus.

Le mouvement souverainiste mise sur la stratégie des trois périodes: victoire à Ottawa, victoire à Québec, victoire du OUI. On comprend chez certains stratèges au PQ que la partie n'est pas gagnée.

Lucien Bouchard impose l'idée d'inclure une offre d'association qui permet de rallier le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, en juin.

Déjà adulé, le chef du Bloc ajoute à son aura après avoir frôlé la mort. Il est victime de la bactérie «mangeuse de chair» en décembre, et il doit se faire amputer une jambe. Son séjour à hôpital fait l'objet d'une couverture médiatique intense et tout le Québec vibre avec lui au rythme des bulletins de nouvelles.

Aujourd'hui, avec les médias sociaux et l'information en continu, ce serait démentiel.

Fort de son entente tripartite (PQ-BLOC-ADQ), Parizeau fonce et enclenche le référendum qui se tiendra le 30 octobre 1995.

CAMPAGNE ARDENTE

Cette campagne fut la plus passionnée et la plus passionnante à couvrir. Pour le OUI : Parizeau-Bouchard-Dumont. Pour le NON : Daniel Johnson, Jean Chrétien, et un certain Jean Charest. Les deux tribuns les plus populaires, Bouchard et Charest, deviendront premiers ministres par la suite.

La campagne du OUI a rapidement plafonné sous la gouverne de Jacques Parizeau. Pour la relancer on a trouvé une astuce: Lucien Bouchard sera désigné comme LE négociateur qui ira se colletailler avec Ottawa.

En pratique, Bouchard prend le contrôle de la caravane du OUI, qui se met littéralement à brûler le Québec.

Dans les villes et les villages, les gens se bousculent pour approcher le miraculé. Tribun hors du commun, Lucien Bouchard galvanise les foules. On parle même de St-Lucien!

Le NON, qui mène une campagne plutôt pépère, donne des signes d'inquiétude. Le premier ministre Jean Chrétien se fera durement reprocher d'avoir sous-estimé la menace séparatiste.

Lors du référendum de 1980, il avait donné une bonne démonstration de son populisme.

Les forces du NON donnent un grand-coup et sortent l'arsenal lourd pour «sauver le pays». Trois jours avant le référendum, des dizaines de milliers de Canadiens convergent vers Montréal pour proclamer leur amour aux Québécois. Cet immense «love-in» contrevient à la loi référendaire qui contrôle les dépenses mais peu importe, juge-t-on dans le camp du NON : l'heure est grave.

Nul doute que bien des Québécois ont alors décidé de donner une autre chance au Canada devant un tel étalage de bons sentiments.

«L'ARGENT ET DES VOTES ETHNIQUES»

La défaite est amère pour le camp du OUI, qui a bien vu que des milliers d'immigrants ont obtenu leur citoyenneté canadienne en catastrophe.

Cette amertume domine le discours de Parizeau le 30 octobre: «Nous sommes battus, c'est vrai! Mais dans le fond par quoi? L'argent et des votes ethniques». Contrairement à René Lévesque, le premier ministre n'a pas trouvé le mot juste et portera désormais le poids de sa déclaration.

Le lendemain, dans l'autobus qui ramène les journalistes à Québec, on apprendra que «Monsieur» tire sa révérence, un an près avoir pris le pouvoir.

Avec le recul du temps on peut se demander si les électeurs auraient voté de la même façon s'ils avaient pu suivre, à la minute près, les campagnes, les commenter, dénoncer les faussetés.

J'ai eu le privilège de suivre le OUI de la première à la dernière journée d’une campagne riche en rebondissements. «L'effet Bouchard» était palpable et explique le bon score souverainiste. Dans ses discours, le chef du Bloc faisait appel autant la passion qu'à la raison au point où les gens ne voulaient plus quitter des salles surchauffées.

Du coté du NON, Jean Charest «volait le show» et défendait avec ferveur les valeurs canadiennes.

Aujourd'hui, tous ces grands moments se retrouveraient sur le web et cela influencerait sans doute les électeurs dans leur choix. Ces derniers ne seraient pas obligés de se contenter des extraits encapsulés dans des reportages trop courts.

La grande question demeure: serions-nous mieux comme peuple si le OUI l'avait emporté par une faible marge?

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