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Crise étudiante: la sève a coulé au printemps 2012

Crise étudiante: la sève a coulé au printemps 2012
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Qui aurait cru qu'une contestation de la hausse des droits de scolarité se transformerait en crise sociale à l'encontre de toutes les politiques d'un gouvernement? Ce qu'aucun syndicat n'avait été capable d'accomplir en neuf ans, les groupes étudiants l'ont réussi en neuf semaines.

Les premiers mandats de grève, en janvier et février, laissaient pourtant présager un scénario connu : quelques grèves dans les établissements les plus militants, un mouvement qui s'essoufflerait, puis la résignation.

Il faut dire que la hausse des droits de scolarité datait de plusieurs mois, au budget de mars 2011 : 1625 $ de plus sur cinq ans, soit une augmentation de 75 %. Après les hauts cris poussés l'année précédente, la question semblait sortie du radar.

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C'était sans compter les porte-parole étudiants, Martine Desjardins, Gabriel Nadeau-Dubois et Léo Bureau-Blouin, qui vont marquer les esprits par leur discours articulé. Clairement, l'affrontement se transporte sur le terrain médiatique.

Deux visions s'affrontent : celle de l'utilisateur-payeur prônée par le gouvernement, qui tient mordicus au principe d'un dégel des droits de scolarité. Et celle de la contribution générale, prônée par les organisations étudiantes, pour qui l'éducation est un investissement.

La manifestation du 22 mars rassemble environ 100 000 personnes - 200 000 selon les organisations étudiantes. L'impulsion est donnée, et les semaines qui suivent, les votes de grève se multiplient.

Au plus fort du mouvement, 316 000 étudiants sont en grève. « La majorité des étudiants sont en classe », répète inlassablement la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Elle propose d'étaler la hausse sur 7 ans... tout en majorant l'augmentation. Refus catégorique.

Aux débats sémantiques - est-ce une grève ou un boycottage des cours? - s'ajoute l'inévitable question de la violence lors des manifestations. Des actes de vandalisme ponctuent des manifestations rapidement déclarées illégales, et le gouvernement crie à « la violence et l'intimidation ».

Les interventions des policiers font aussi l'objet de vives critiques, et les accusations de brutalité, vidéos à l'appui, se multiplient.

Les images de la manifestation qui dégénère le 4 mai à Victoriaville, en marge du conseil général du Parti libéral du Québec, marquent l'imaginaire. Elles forcent aussi le gouvernement Charest à entamer des négociations qu'on n'espérait plus.

Dix jours plus tard, Line Beauchamp démissionne, estimant qu'elle « ne fait plus partie de la solution ». Peut-être voulait-elle éviter la loi 78, votée quatre jours plus tard, qui force un retour en classe et limite le droit de manifester.

Le mouvement devient social, avec les coups de casseroles qui retentissent chaque soir dans les rues pour appuyer les étudiants et dénoncer le gouvernement. Mais les élections déclenchées en plein été montreront que le Québec était beaucoup plus divisé sur la question.

LE PROCÈS DES MÉDIAS

La grève étudiante est aussi le théâtre de sévères critiques des médias. Les chroniques d'un Richard Martineau dénonçant la sangria sur une terrasse d'Outremont, ou les éditoriaux d'un André Pratte minimisant le conflit, sont violemment dénoncées par les carrés rouges. Certains manifestants font difficilement la différence entre journalistes et chroniqueurs.

Pourtant, le conflit vit par les médias. Le Huffington Post Québec est pratiquement né avec la crise étudiante, multipliant les blogues de tous les points de vue. Le foisonnement exceptionnel de vidéos, de parodies, de textes alimente les réseaux sociaux, littéralement pris d'assaut par les carrés rouges.

Ils s'adressent néanmoins à des convertis : à suivre le fil Twitter, le Québec presque en entier était derrière les étudiants. Les quelques voix qui s'opposaient se font littéralement mater ou humilier.

Que reste-t-il du Printemps érable? Certaines organisations étudiantes plus radicales voudraient profiter de l'élan afin de poursuivre la lutte et revendiquer la gratuité scolaire.

Le nouveau gouvernement péquiste a décrété un sommet sur le financement des universités. Pour certains analystes, il faut aller au-delà des chiffres pour se demander quel type d'enseignement supérieur nous voulons.

Pour ou contre, les Québécois ont néanmoins assisté à un réveil puissant pendant ce printemps qui a duré tout l'été.

Qu'en retiendront les livres d'histoire, selon vous?

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Manifestation étudiante du 22 août 2012

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