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Daniel Breton démissionne de son poste de ministre de l'Environnement (VIDÉO)

Daniel Breton démissionne de son poste de ministre

QUÉBEC - Le passage au gouvernement de Daniel Breton aura duré 71 jours. Rattrapé par des loyers impayés et des infractions au code de la route, le militant écologiste a dû renoncer jeudi à ses fonctions de ministre de l'Environnement.

Lors d'un point de presse matinal à l'Assemblée nationale, M. Breton, ciblé depuis plusieurs jours par l'opposition, a annoncé qu'il abandonnait ses responsabilités ministérielles, mais qu'il demeurerait député.

«J'ai offert ce matin ma démission à la première ministre du Québec, a-t-il dit. J'ai posé ce geste car je ne voulais pas nuire à son travail et au travail du gouvernement.»

Des médias ont rapporté mercredi que M. Breton devait un total d'environ 8000 $ en loyers impayés à deux propriétaires, malgré une décision de la Régie logement lui ordonnant de le faire, après deux expulsions, en 2005 et 2009.

Condamné pour avoir conduit alors que son permis était révoqué, en 1997, l'environnementaliste a accumulé des contraventions impayées pour excès de vitesse, réglées juste avant son accession au conseil des ministres, le 19 septembre.

M. Breton a aussi été déclaré coupable de trois chefs d'accusation de fraude pour de fausses déclarations à la Loi sur l'assurance chômage en 1988. Son dossier contiendrait une condamnation à une amende de 400 $ en 2007 dans le cadre d'une poursuite intentée par le sous-ministre du Revenu.

En rencontrant la presse, immédiatement après avoir offert sa démission à la première ministre Pauline Marois, M. Breton, qui représente la circonscription montréalaise de Sainte-Marie - Saint-Jacques, s'est limité à lire une déclaration en refusant de répondre aux questions.

«J'ai vécu et j'ai connu la précarité, a-t-il dit, visiblement ébranlé. Je sais ce que c'est de perdre son emploi, de perdre son appart, de vivre en se demandant si on va avoir un repas sur la table le soir.»

L'opposition libérale réclamait depuis deux semaines la démission de M. Breton, en raison d'une visite controversée dans les locaux d'un organisme public chargé d'évaluations environnementales relevant de son ministère.

Mercredi soir, après la diffusion des informations concernant le passé du ministre, les libéraux et la Coalition avenir Québec (CAQ) avaient jugé que M. Breton ne pouvait plus demeurer en fonction.

Le bureau de la première ministre avait cependant déclaré que M. Breton ne démissionnerait pas mais qu'il rembourserait ses loyers impayés.

Après l'annonce de sa démission, jeudi, l'opposition a ciblé Mme Marois pour remettre en cause l'examen préalable à sa décision de nommer M. Breton au conseil des ministres.

En Chambre, le chef libéral intérimaire Jean-Marc Fournier a accusé la première ministre d'avoir fermé les yeux malgré le fait que plusieurs informations étaient accessibles dans des registres publics.

«La première ministre connaissait les faits qui ont entraîné la démission du ministre de l'Environnement, a-t-il dit. Son attachée de presse a confirmé qu'elle connaissait les jugements de la Régie du logement et les infractions du Code de la route pour des excès de vitesse jusqu'à plus de 275 km/h.»

Mme Marois a affirmé que son ministre avait pris une «décision judicieuse» en remettant sa démission, mais elle a plaidé pour le droit à la réhabilitation.

«Je ne regrette pas de l'avoir nommé, une personne a droit à l'erreur, a droit au pardon», a-t-elle dit.

La première ministre a défendu la rigueur des vérifications effectuées avant la nomination de M. Breton, mais elle a admis qu'elle n'avait pas été informée de ses démêlés avec la Régie du logement, une contradiction relevée par les libéraux.

Lors d'un point de presse, le député libéral Pierre Paradis a affirmé qu'une porte-parole avait affirmé le contraire mercredi.

«On n'arrêtera pas de questionner la première ministre sur ce qu'elle savait au moment où elle l'a nommé, a-t-il dit. Puis on n'achète pas, pour le moment, l'opération de 'cover-up' du gouvernement sur l'incompétence de la première ministre qui a nommé quelqu'un comme ça au conseil des ministres.»

Le député caquiste François Bonnardel a réclamé que le gouvernement rende public le rapport effectué à la suite des vérifications de sécurité envers M. Breton.

«Si on veut savoir exactement ce que M. Breton a dit lorsqu'il a été enquêté, interrogé par, soit la directrice de cabinet, Mme Marois et même le service de sécurité (...), je pense que le gouvernement doit déposer le rapport d'enquête de sécurité sur l'ancien ministre», a-t-il dit lors d'un point de presse.

En rencontrant la presse à son tour, Mme Marois a répété qu'elle ignorait tout des loyers impayés de son ex-ministre.

«M. Breton nous avait dit à ce moment-là qu'il avait entre autres des contraventions encore impayées et on lui a demandé fermement: tu les paies tout de suite. Tu ne peux pas être nommé ministre et ne pas payer tes contraventions, a-t-elle dit. Mais pour le reste, il n'avait jamais parlé de loyers impayés.»

Selon Mme Marois, M. Breton a omis ces informations parce qu'il «croyait que ce n'était pas nécessaire».

Au cours des dernières semaines, M. Breton a été au centre de nombreuses controverses, notamment à la suite d'allégations d'ingérence dans les activités du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE).

Libéraux et caquistes avaient d'ailleurs résolu de mandater une commission parlementaire afin de faire la lumière sur une visite de M. Breton au BAPE, lors de laquelle il aurait menacé d'intervenir auprès de l'organisme lorsqu'il serait mécontent de ses décisions.

Les parlementaires devront déterminer en début de semaine si l'opération doit être maintenue.

Quant à la succession de M. Breton, Mme Marois a réservé sa décision pour la semaine prochaine. Les noms des députés péquistes Scott MacKay et Véronique Hivon circulent.

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