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L'usage du français au travail est en léger recul, le bilinguisme est en hausse, selon l'OQLF

L'usage du français au travail est en léger recul
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MONTRÉAL - Après une forte progression de 1971 à 1989, l'usage du français au travail a connu un léger recul entre 1990 et 2010, alors que le bilinguisme dans le cadre du travail est en hausse.

Malgré tout, une série d'études rendues publiques mardi par l'Office québécois de la langue française (OQLF) indiquent que c'est dans une proportion de 89 pour cent que les Québécois utilisent majoritairement le français au travail, ce qui représente une progression de sept pour cent par rapport à 1971.

Il s'agit toutefois d'un recul de deux pour cent par rapport au sommet atteint en 1989.

Dans la région de Montréal, la progression est encore plus marquée, alors que l'usage majoritaire du français au travail est passé de 69 à 80 pour cent de 1971 à 2010. La métropole a toutefois connu, elle aussi, un léger déclin au cours de 20 dernières années par rapport au sommet de 85 pour cent atteint en 1989.

«Le français demeure clairement la langue de travail de la majorité des Québécois», a indiqué la présidente-directrice générale de l'Office, Louise Marchand.

Fait à noter, la baisse de l'usage du français au travail au cours des deux dernières décennies est identique (7 pour cent) chez les francophones et les anglophones alors qu'au contraire, chez les allophones, l'usage du français n'a pas cessé de progresser, et ce, de façon constante.

Le discours voulant que les immigrants choisissent de plus en plus l'anglais ne tient donc pas la route, selon Mme Marchand, qui fait valoir qu'au contraire, ceux-ci empêchent un glissement encore plus important.

«Il y a une augmentation constante chez les allophones. (...) Même s'il y a eu un déclin chez les francophones et les anglophones de l'utilisation du français de façon exclusive entre 1989 et 2010, l'utilisation accrue des allophones fait en sorte que le déclin ne soit pas trop évident», a-t-elle dit.

Bien que l'Office n'ait pas de données objectives pour expliquer la progression du bilinguisme — 63 pour cent des travailleurs québécois utilisent les deux langues au travail — Louise Marchand estime qu'elle s'inscrit dans un contexte de mondialisation et d'intensification des échanges internationaux où l'anglais occupe désormais une place plus importante dans tous les pays qui ne sont pas de langue anglaise.

«On a de plus en plus d'entreprises québécoises qui ouvrent des marchés à l'extérieur, et c'est excellent. On développe de l'expertise, on développe des contacts avec l'étranger, on exporte de plus en plus. On a de plus en plus d'entreprises qui viennent s'installer au Québec», a-t-elle dit.

Le rôle de l'Office et du gouvernement, dans ce contexte, est d'intégrer cette réalité à la législation québécoise qui garantit le droit de travailler en français.

«Nous avons à coeur de préserver l'équilibre entre le droit qui est protégé et les besoins des entreprises, les besoins du monde économique, le développement des entreprises à l'extérieur. (...) Le défi, il est là pour nous», a-t-elle expliqué.

Étonnamment, les données de l'Office indiquent que l'usage du français est plus répandu dans les entreprises de moins de 50 employés que dans celles qui comptent 50 employés et plus, alors que ce sont ces dernières qui sont soumises aux plus grandes contraintes de francisation en vertu de la loi 101. Cette situation s'expliquerait par le fait que les grandes entreprises sont davantage tournées vers les marchés extérieurs ou sont elles-mêmes d'origine étrangère alors que les plus petites sont habituellement issues du Québec et plusieurs d'entre elles oeuvrent sur le marché local.

La ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, Diane De Courcy, s'est montrée préoccupée par le recul des 20 dernières années.

«Les tendances à la baisse relativement à l'utilisation du français en milieu de travail, comparativement à l'anglais, pour la période de 1989 à 2010, nous forcent à agir afin de protéger les dernières avancées du français réalisées depuis la fin des années 80», a dit Mme De Courcy par voie de communiqué.

Elle a d'ailleurs rappelé qu'elle a reçu de la première ministre Pauline Marois le mandat de moderniser la Charte et promis de présenter un projet en ce sens d'ici l'ajournement des Fêtes.

Bien que les allophones représentent le seul groupe où le français a progressé sans interruption comme langue de travail, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) s'inquiète que près du tiers d'entre eux (32 pour cent) n'utilisent pas le français plus de la moitié du temps au travail.

La centrale syndicale demande à Québec d'insister davantage sur les mesures d'intégration des immigrants et de francisation dans les milieux de travail, particulièrement dans les PME non syndiquées qui sont la porte d'entrée du marché du travail de plusieurs nouveaux arrivants.

À l'opposé, le Conseil du patronat (CPQ) trouve rassurantes les données publiées par l'OQLF, notamment la progression constante du français comme langue de travail chez les allophones. Quant à la progression du bilinguisme, le CPQ estime qu'il faut la voir dans une perspective qui dépasse les frontières du Québec. «Dans un contexte de mondialisation croissante, le bilinguisme s'impose plutôt comme un atout à cultiver pour les travailleurs visant une plus grande mobilité et un accès à des postes plus intéressants à l'échelle internationale, un fait que le contexte historique, social et culturel spécifique au Québec ne devrait pas occulter», écrit-on dans un communiqué.

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