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À qui appartient l'beau temps? : le premier album de Paul Piché a 35 ans

: le premier album de Paul Piché a 35 ans
Cindy Boyce

Paul Piché célèbre cette année le 35e anniversaire de son tout premier album, À qui appartient l'beau temps?, paru en 1977. Avec ses classiques qui ont traversé les époques (Heureux d'un printemps, Y'a pas grand-chose dans l'ciel à soir, Mon Joe et Chu pas mal mal parti, pour ne nommer que ces titres), l'immortel opus n'a pas pris une ride et son propos trouve encore une résonnance dans la société québécoise.

Voilà pourquoi l'auteur-compositeur-interprète a décidé de se commettre à nouveau en proposant une version remasterisée du disque avec, en bonus, une galette supplémentaire sur laquelle deux documentaires audio retracent toute la genèse du projet et l'histoire de chacune des chansons. On peut en outre y entendre les membres de Loco Locass revisiter à leur façon la mythique Heureux d'un printemps.

Histoire de marquer le coup en grand, Paul Piché a même recréé l'image de la pochette du produit original, en allant se poster devant la fameuse murale érigée au coin des rues Amherst et Sainte-Catherine, à Montréal, pour les besoins de la photo de promotion.

« C'est un objet qui peut être utile à toutes les générations, a fait valoir l'artiste. Pour les gens de l'époque, ça leur donne un rappel, un aperçu de ce qui se passait en arrière-scène lorsqu'on a fait l'album. Et, pour les plus jeunes, c'est un survol historique, une mine d'informations sur cette période-là. C'est un document historique. Pour la suite du monde, je pense que ça peut être un outil intéressant.»

La sortie de cette nouvelle mouture de À qui appartient l'beau temps? n'aurait pu tomber davantage à point que cette année, aux dires du créateur. Alors que le Québec se remet tout juste des turbulences qui ont secoué ses rues au printemps dernier, les thèmes abordés dans les 10 pièces de l'effort de 1977 rejoignent parfaitement les motivations des manifestants de 2012.

« Il y a un langage qui se ressemble, des revendications qui se ressemblent... Dans les années 1960 et 1970, on a beaucoup changé la société. On était en réaction à toute la période de droite qui venait d'arriver, celle de l'après-guerre. On s'est embarqués dans une sorte de lutte des classes. Il y a vraiment eu une bataille de classes sociales pour avoir une société plus juste et égalitaire, des revendications autour de la classe ouvrière, des salariés, des travailleurs... On a changé le monde pas mal, dans ces années-là. Et l'album est le reflet de cette bataille-là. »

« Mais, dans les années 1980, on a commencé à perdre tout ce qu'on avait gagné dans les années précédentes, sur la question sociale en général, a poursuivi Paul Piché. L'idéologie de droite a repris du vernis dans à peu près tous les partis politiques. En tant que société, on a beaucoup reculé. Et les revendications qu'il y avait dans ces années-là sont revenues. Il y a un passage du flambeau. »

Or, le poète engagé est persuadé que les actions entreprises par le mouvement étudiant dans les derniers mois dériveront sur des changements concrets, dont certains sont déjà amorcés.

« On ne peut pas mettre 210 000 personnes dans la rue sans que ça ne change quoi que ce soit, a-t-il affirmé avec vigueur. On l'a vu aux élections, mais, à plus long terme, il va y avoir un impact. Ce n'est pas vrai que ce n'était qu'une minorité; c'était toute une génération. Il y a un courant social assez fort derrière ça, qui va s'exprimer de plus en plus. »

Relève assurée

Ces 35 années de carrière, Paul Piché les a traversées en demeurant fidèle à lui-même et à ses convictions. Estimant n'avoir connu que quelques « toussotements » et aucune épreuve réelle au fil de son parcours, le chanteur s'estime chanceux de pouvoir, encore aujourd'hui, vivre de son art.

« Pendant ma dernière tournée, je n'en revenais pas d'être encore là, s'est-il étonné. De faire les mêmes salles que Vincent Vallières, que Marie-Mai... Je n'ai qu'un gros merci à dire au public. Je lève mon chapeau à ceux qui acceptent d'être des artistes et de s'investir là-dedans. On marche toujours dans une jungle, et on fait notre chemin en s'en allant. »

Et qui, parmi les auteurs-compositeurs de la relève, poursuivra l'œuvre de Paul Piché, de l'opinion du principal intéressé?

« La relève de Paul Piché se trouve un peu partout, a pensivement souri l'homme, s'amusant visiblement de la question. Il y a certainement Loco Locass, on n'en doute pas, et Les Cowboys Fringants. Mais ce ne sont pas tellement des individus qui sont une relève directe. De tous les artistes de ma génération - Richard Séguin, Richard Desjardins, pour ne nommer qu'eux - il y a un héritage qui fait maintenant partie de la poésie globale de tous les artistes. Même ceux qui ne sont pas, en soi, des chanteurs engagés, expriment certaines valeurs influencées par cette époque-là. C'est ainsi que ça se perpétue. »

La réédition de À qui appartient l'beau temps? est présentement disponible en magasins. On espère également lancer l'album en support vinyle étant donné la forte demande, et une tournée de spectacles pourrait éventuellement venir conclure l'aventure en beauté, bien que rien ne soit confirmé officiellement pour l'instant.

Pour plus d'informations, visitez le www.paulpiche.net.

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