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L'entrepreneur Leclerc poursuit son témoignage sur la collusion à Montréal

Michel Leclerc avait prévenu le VG de Montréal
SRC

Michel Leclerc affirme que son associé chez Terramex, Luc Bédard, a parlé à deux reprises, en 2008 et en 2009, au vérificateur de la Ville de Montréal Jacques Bergeron pour dénoncer la hausse illégitime des prix des contrats dont il était témoin.

L'entrepreneur va terminer en début d'après-midi son témoignage sur sa collaboration avec les collusionnaires qui faisaient main basse sur les contrats publics dans les années 2000.

M. Leclerc a soutenu que son associé a fait de telles démarches dans le cadre d'un contrat pour des travaux d'aménagement dans le secteur de la place Norman-Bethune en mars 2008, et pour d'autres effectués dans le secteur du square Dorchester en mai 2009.

Dans le premier cas, a expliqué le témoin, Mivela Construction avait officiellement décroché le contrat, mais Terramex l'avait exécuté au complet. Selon Michel Leclerc, Nicolo Milioto a empoché 700 000 $ de plus que ce le contrat coûtait réellement.

Selon l'entrepreneur, Luc Bédard avait dit à la Ville de se « réveiller », en soulignant notamment que Mivela Construction ne faisait aucun travail et n'était même pas présent pour les réunions de chantier. « On n'a jamais eu de retour de ça », a-t-il dit.

Un an plus tard, Luc Bédard a de nouveau prévenu M. Bergeron dans le dossier du square Dorchester. Le contrat, organisé par Franco Cappello d'Excavations Super, avait été remporté par Ramcor. Or, selon Michel Leclerc, cet entrepreneur s'est pris une marge bénéficiaire de 30 % sur ce contrat, alors qu'il aurait dû se contenter de 12 % et 15 %.

« On voulait arrêter le système », a expliqué Michel Leclerc. « On voulait arrêter le système [...] On pensait que ça aurait pu donner des résultats ». Selon lui, la Ville n'a pas donné suite aux démarches de Luc Bédard à ce sujet non plus.

M. Leclerc a cependant précisé en contre-interrogatoire que son associé ne l'avait pas informé de ses démarches. « Il n'a jamais été d'accord avec ça, mais il comprenait qu'il fallait être dans le système » pour travailler à la Ville de Montréal.

Les doutes de Bergeron

Dans son rapport déposé en décembre 2009, Jacques Bergeron avait souligné le malaise que lui inspirait la façon dont les contrats étaient attribués à Montréal.

« Bien que ces contrats aient été adjugés au plus bas soumissionnaire conforme, je demeure néanmoins perplexe en regard du fait que certains arrondissements octroient une forte proportion de leurs contrats aux mêmes entrepreneurs », soulignait-il alors.

Il estimait cependant que les récentes mesures prises par l'administration municipale corrigeraient la situation. La Ville avait alors décidé de ne plus publier la liste des soumissionnaires, adopté un code d'éthique et intégré dans les appels d'offres des clauses pour prévenir la collusion et la fraude.

Notons que la Ville avait été alors secouée par le sandale des compteurs d'eau ou celui du projet Contrecoeur, ou encore des travaux de rénovation à l'hôtel de ville.

Dans son rapport spécial produit à l'automne 2009 sur les compteurs d'eau, il soulignait déjà qu'à son avis, la Ville ne possédait pas les moyens pour se protéger contre la corruption et la collusion et ne contrôlait pas le coût de ses projets.

Succès et déboires d'un collusionnaire

Terramex, a expliqué mardi M. Leclerc, souhaitait s'implanter dans le domaine des égouts, des aqueducs, et il en parlait à Nicolo Milioto de Mivela Construction, qui agissait en quelque sorte comme le chef d'orchestre de la collusion.

Mais malgré ses efforts pour se plier aux règles des collusionnaires, M. Leclerc admet qu'il n'aura eu « que des miettes » : ils ne voulaient pas de lui comme entrepreneur général dans ce domaine à Montréal.

M. Leclerc a aussi parlé d'un contrat, rue de la Commune, qui lui avait été attribué par le cartel. Un entrepreneur qu'il avait alors contacté pour qu'il fasse sur le contrat une soumission de complaisance lui a extorqué 50 000 $ pour qu'il joue le jeu. S'il a payé, il a cependant rapporté le fait à Nicolo Milioto. Il croit que l'entrepreneur a cessé ce genre de manège après avoir reçu une visite.

M. Leclerc a par ailleurs fait été d'un événement cocasse : en 2007, une erreur des collusionnaires a eu pour résultat qu'un contrat de 10 millions de dollars qu'ils destinaient à Simard-Beaudry a été attribué à F. Catania.

M. Leclerc est aussi revenu sur le rôle joué par l'ex-grand patron des Travaux publics à Montréal et affirme qu'il ne sait pas si M. Robert Marcil était au courant de la collusion. Il souligne cependant avoir souvent vu ce dernier au restaurant avec M. Milioto de Mileva Construction.

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