Yvon Deschamps est peut-être à la retraite depuis quelques années, mais ses propos résonnent encore dans nos mémoires comme s'il était toujours présent sur les scènes du Québec. Pour cette raison, et bien d'autres encore, Canal D a choisi de lui rendre hommage par le biais d'une série documentaire de cinq épisodes d'une heure, dont le premier sera diffusé le dimanche 25 novembre, à 21h.
L'œuvre d'un homme... qu'ossa donne? porte bien son titre. C'est en effet à l'œuvre d'Yvon Deschamps et à toute la portée culturelle et sociale de ses monologues que le document s'attarde, et non aux faits saillants de sa vie. Loin de la traditionnelle biographie, l'ensemble porte plutôt un regard lucide et grinçant sur notre société à travers les mots de celui qu'on surnomme « le père des humoristes ».
Dans chacune des tranches de soixante minutes, un thème particulier est exploité et différents intervenants (artistes, politiciens, professeurs d'université, sociologues, etc.) commentent une performance d'Yvon Deschamps après l'avoir visionnée ou écoutée. On s'intéressera ainsi à la libération de la femme (2 décembre), à la place de l'homme (9 décembre), à la fin du monde (16 décembre) et au bonheur (23 décembre). Gilbert Sicotte assure la narration entre les segments.
Dans le premier volet, présenté aux journalistes en début de semaine, on se penche sur la fierté d'être québécois, avec l'écrivain Dany Laferrière, le conteur Fred Pellerin, l'ex-journaliste et politicienne Hélène Pelletier-Baillargeon, l'avocat Paul Saint-Pierre Plamondon et Yvon Laplante, détenteur d'une maîtrise sur la carrière d'Yvon Deschamps. Le prétexte est idéal pour traiter de la politique telle que perçue par le radar de l'humoriste qui, rappelons-le, affirmait que « le vrai Québécois vote pour le PQ au provincial et pour les libéraux au fédéral, parce que le vrai Québécois sait ce qu'il veut! Ce qu'il veut, c'est un Québec indépendant dans un Canada fort! »
Aux dires de Dany Laferrière, Yvon Deschamps est « l'une des trois clés qui ouvrent le Québec, avec René Lévesque et Gaston Miron », et savait toujours frapper « là où le bât blesse ». Fred Pellerin, lui, se remémorera avec émotion cette époque où le comique répondait avec ses blagues aux couplets des chansons de Gilles Vigneault et de Pauline Julien, et vice-versa, de même que cette période bénie où les Québécois semblaient animés par un même désir d'union. « Rire ensemble, c'est au moins de faire quelque chose ensemble, illustrera le fantaisiste. C'est déjà un point de départ. »
On évoquera la délicatesse dont le monument a su faire preuve en attendant quelques années avant d'aborder l'épineux sujet de la défaite du référendum de 1980 dans ses spectacles. On saluera aussi avec quel doigté il a su parler des « ethniques », des « séparatistes » et des « Anglais ». « Il a eu le mérite de faire des blagues sur nos travers, on a eu le mérite d'en rire », lancera avec justesse l'un des participants à la discussion.
Qualifié d'humaniste à plusieurs reprises, Yvon Deschamps peut aussi se targuer, comme le souligne Lise Dion dans l'échange consacré à la libération de la femme, d'avoir eu le courage de se moquer avec affection de la gent féminine comme lui seul savait le faire.
Développée par Patrice Duchesne, l'idée originale de L'œuvre d'un homme... qu'ossa donne? a été scénarisée par Michel Duchesne et mise en images par le réalisateur Patrick Gazé. Il est à noter qu'Yvon Deschamps lui-même n'a pris part d'aucune façon à la série, préférant demeurer à l'ombre des projecteurs médiatiques.
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