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Gilles Vézina poursuit son témoignage devant la commission Charbonneau (DIRECT)

EN DIRECT - Gilles Vézina, prise 2
PC

Un texte de François Messier

L'ex-ingénieur de la Ville de Montréal Gilles Vézina, et supérieur de Luc Leclerc, soutient devant la commission n'avoir jamais rien su des pratiques frauduleuses de ce dernier. Il nie par ailleurs y avoir pris part et soutient n'avoir jamais reçu d'argent d'entrepreneurs ni leur en avoir demandé, malgré ses relations particulières avec ces derniers.

« Je n'ai jamais eu connaissance des rôles que ces deux personnes-là ont pu jouer à la Ville avant de l'apprendre à la télévision en 2012 », a-t-il dit à la commission Charbonneau, faisant allusion à la fois à M. Leclerc et M. Gilles Suprenant.

Il affirme qu'il ne savait pas que Luc Leclerc lui avait fait approuver des faux extras sur des travaux, comme le soutient ce dernier : « Tout ce que lui [Leclerc] me présentait me semblait plausible et payable ».

Quant à cette « complicité tacite » qui, selon Luc Leclerc, le liait à M. Vézina, ce dernier soutient qu'elle se limitait à ceci : Leclerc savait « les points qu'on payait et les points qu'on ne payait pas ».

Gilles Vézina, qui précise n'avoir que rarement travaillé avec M. Surprenant, ne savait pas que ce dernier et M. Leclerc étaient amis et allaient en vacances ensemble.

Gilles Vézina est celui qui attribuait des dossiers à l'ex-ingénieur Luc Leclerc, qui a admis avoir reçu 500 000 $ en pots-de-vin de la part d'entrepreneurs en échange de sa collaboration pour faire approuver des dépenses non prévues dans les plans et devis. M. Vézina devait aussi approuver ces réclamations.

Lors de son témoignage devant la commission, qui s'est terminé lundi, M. Leclerc avait soutenu qu'il pouvait faire autoriser ces faux extras grâce à la « complicité tacite » de Gilles Vézina.

« C'était toujours moi qui avais les contrats de F. Catania », avait-il en outre révélé.

Mais M. Vézina soutient pour sa part que jamais F. Catania n'avait demandé de travailler avec M. Leclerc, et que jamais ce dernier n'a demandé de s'occuper des travaux de Catania.

« J'ai du mal à imaginer qu'il n'était pas au courant », des pratiques, concluait Luc Leclerc, en précisant cependant qu'il n'avait jamais vu Gilles Vézina recevoir de l'argent directement d'un entrepreneur.

Suivez la commission en direct avec François Messier :

Des faux extras qui échappent à son attention

La commission est par ailleurs revenue sur un contrat longuement commenté à la commission par Gilles Suprenant.

Gilles Vézina a ainsi admis qu'il avait autorisé les extras réclamés par Catcan pour un contrat de 5,3 millions de dollars exécuté sur le chemin Queen Mary en 2006.

Or, Gilles Surprenant avait expliqué que ce contrat, supervisé par Luc Leclerc, avait donné lieu à au moins 450 000 $ en faux extras.

M. Vézina a expliqué qu'il avait demandé des explications à Gilles Surprenant quelques mois plus tôt parce que les extras en question soulevaient des questions. Il voulait savoir pourquoi les informations sur les quantités à utiliser prévues dans les bordereaux de soumission avaient été largement dépassées par l'entrepreneur.

Seulement, lorsque M. Leclerc lui a présenté les réclamations finales un peu plus tard, il les a approuvées, même si rien n'avait été changé. M. Vézina a fait valoir que la responsabilité de cette situation incombait à Luc Leclerc.

Des relations privilégiées avec les entrepreneurs

L'homme qui dirige l'équipe chargée de la gestion et de la surveillance des travaux de construction à la Ville de Montréal depuis plus de 20 ans a davantage commenté, mardi, les relations d'affaires qu'il entretenait avec les entrepreneurs en construction.

M. Vézina a expliqué avoir bénéficié de nombreuses invitations au restaurant et de cadeaux. Il soutient ainsi qu'il était invité, une vingtaine de fois par année, à dîner par des entrepreneurs, des rencontres d'affaires, dit-il, portant sur les contrats de la Ville. Il ne s'agissait, soutient-il, que de s'assurer du bon déroulement des travaux.

M. Vézina dit aussi qu'il recevait, directement à son domicile, des bouteilles de vin de la part d'entrepreneurs, alors qu'approchait le temps des Fêtes.

Il soutient aussi que, par deux fois, il s'est fait offrir d'« aller aux escortes » avec des entrepreneurs, Ferland Émard et M. Piazza.

Lundi, M. Vézina a expliqué que ces relations d'affaires particulièresexpliquent aussi pourquoi il a assisté à des événements n'ayant aucun lien direct avec son travail, qu'il s'agisse de l'anniversaire de la femme de Paolo Catania, de Frank Catania et associés, ou des mariages d'un fils d'Antonio Catania de Catcan ou d'une fille de Nicolo Milioto de Mivela.

Des dirigeants de ces trois firmes ont longtemps entretenu des liens avec le clan mafieux Rizzuto, comme l'ont démontré des vidéos filmées au café Consenza dans le cadre de l'opération Colisée. Ces vidéos ont été déposées en preuve plus tôt cet automne à la commission.

Gilles Vézina a aussi admis s'être présenté à cinq ou six épluchettes de blé d'Inde chez Frank Catania, à Brossard, avoir pris un repas au prestigieux club privé 357, à l'invitation de Nicolo Milioto, avoir reçu environ trois invitations au hockey par année d'entrepreneurs (dont Pavages CSF, BP Asphalte, DJL, Conex et Garnier) et de firmes de génie-conseil (dont Génivar, Tecsult et CIMA+).

Contrairement aux deux précédents ex-employés de la Ville appelés à témoigner devant la commission, les ingénieurs Gilles Surprenant et Luc Leclerc, Gilles Vézina n'a pas admis avoir reçu des centaines de milliers de dollars de la part d'entrepreneurs en construction.

La commission n'a d'ailleurs présenté aucune preuve alléguant qu'il avait indûment favorisé des entrepreneurs.

Lorsque la procureure Roy lui a demandé s'il avait été étonné d'avoir été invité à un événement aussi personnel que l'anniversaire de la femme de Paolo Catania, Gilles Vézina n'a pas dérogé de sa ligne de défense.

« Toutes les années que j'ai été à la Ville, ça a toujours été un principe. C'est quelque chose qui a été établi, comme quoi on avait des rencontres de même, qu'on était invité à différentes choses, le hockey... C'était pratique courante à la Ville. Ça faisait partie d'un modèle d'affaires », a dit le témoin.

« C'était établi par les membres, par les fonctionnaires », précisera-t-il plus tard. « Le maire ne nous disait pas d'aller au hockey. C'était les fonctionnaires qui avaient adopté cette pratique-là, qui a toujours existé ».

CAPTATION EN DIRECT :

Gilles Vézina a été suspendu sans solde le 5 novembre, quelques jours à peine après que M. Leclerc l'eut mis en cause.

Un autre ingénieur de la Ville qui est suspendu sans solde, Yves Themens, succédera à Gilles Vézina à la barre des témoins.

Un texte de François Messier et Bernard Leduc

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