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Le maire Gérald Tremblay démissionne (PHOTOS/VIDÉO)

Le maire Gérald Tremblay démissionne (PHOTOS/VIDÉO)

Éclaboussé par de multiples allégations visant son administration, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, quitte son poste, un an avant la fin de son mandat. Il vient d'annoncer sa démission au cours d'une déclaration publique.

Son retour, après quelques jours de congé, aura donc été de courte durée.

Clamant à nouveau son innocence, il a cependant ajouté qu'en politique, la perception était souvent « plus importante que la vérité ».

M. Tremblay a présenté son départ comme un ultime geste de « sacrifice », son « dernier acte d'amour » pour une ville qu'il a dit aimer avec « passion ».

« Je ne vous ai jamais trahis », a-t-il assuré.

« On a trahi ma confiance, j'en assume l'entière responsabilité. » — Gérald Tremblay.

« J'ai fait confiance à mes élus et à la fonction publique », a-t-il dit.

Le maire Tremblay a dit qu'il avait vécu des « moments très difficiles et ardus » et même « un calvaire que je ne souhaite à personne ».

« Je traverse une période d'une injustice insupportable », a-t-il dit, dénonçant un « acharnement » dont il s'est dit victime. « Un jour, justice sera rendue » et « l'agenda caché de certaines personnes sera dévoilé« , a-t-il lancé, niant certaines allégations le concernant.

Comme il l'avait fait au début de l'été, il a notamment nié avoir avoir été mis en garde contre certaines personnes de son entourage, en juin 2009, allusion à des accusations lancées par Jacques Duchesneau.

Il a également démenti avoir été informé de la pratique d'une double comptabilité par son parti lors d'élections partielles organisées dans l'arrondissement de Saint-Laurent, en décembre 2004, comme l'a affirmé l'ex-organisateur politique d'Union Montréal Martin Dumont devant la commission Charbonneau.

Gérald Tremblay n'était pas que maire de Montréal. En quittant l'Hôtel de Ville, il laisse aussi ses fonctions de maire de l'arrondissement de Ville-Marie, de président de la Communauté métropolitaine de Montréal et de président du conseil d'agglomération.

Au caucus de trancher

En vertu de la loi, c'est maintenant le caucus du parti Union Montréal qui doit choisir le remplaçant de M. Tremblay jusqu'à la tenue des prochaines élections municipales, le 3 novembre 2013.

Trois membres de son parti seraient intéressés à assurer l'intérim, selon des sources de Radio-Canada : le président du comité exécutif, Michael Applebaum, ainsi que les deux vice-présidents du comité exécutif, Richard Deschamps et Alan DeSousa.

Dans l'immédiat, toutes les fonctions qu'occupait Gérald Tremblay reviennent à Jane Cowell-Poitras, la conseillère de Lachine désignée mairesse suppléante lors du conseil municipal du 24 septembre dernier.

En vertu de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, le conseil municipal a maintenant 30 jours pour élire un nouveau maire parmi ses 62 membres. En théorie, dans les 15 jours suivant le départ du maire, le conseil municipal peut aussi décider de tenir une élection à la mairie, ce qui permettrait à tous les électeurs montréalais de choisir leur nouveau maire. Ce scénario est toutefois improbable puisque le conseil municipal est formé majoritairement de membres d'Union Montréal, le parti de Gérald Tremblay.

À Québec, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, n'a pas le pouvoir de devancer les élections générales à Montréal. Pour qu'un nouveau maire soit choisi par les Montréalais avant le 3 novembre 2013, il faudrait donc que l'Assemblée nationale modifie la loi.

Consternation

Selon le journaliste de Radio-Canada Davide Gentile, plusieurs personnes de l'entourage du maire étaient consternées par la rumeur de sa démission, en début de soirée.

Personne de son entourage n'aurait forcé la main au maire Tremblay pour qu'il quitte ses fonctions. Au contraire, tout son entourage l'appréciait, selon les informations recueillies par Davide Gentile.

La semaine dernière, un ex-organisateur politique de son parti, Union Montréal, a raconté devant la commission Charbonneau que Gérald Tremblay avait été informé que son parti pratiquait une double comptabilité lors d'élections partielles organisées en décembre 2004 dans l'arrondissement de Saint-Laurent.

« Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est totalement faux », avait réagi Gérald Tremblay.

Critiqué par les partis d'opposition et plusieurs élus à l'Assemblée nationale, Gérald Tremblay a ensuite pris quelques jours de repos; une situation que le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, avait qualifiée de « normale ».

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, avait alors dit souhaiter que le maire profite de son congé pour mener une réflexion qui le pousserait à démissionner.

De son côté, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, avait dit que dans l'éventualité où Gérald Tremblay quitterait ses fonctions, il privilégiait la désignation d'un maire par intérim. « Je ne suis pas partisan du désordre maximal à l'Hôtel de Ville », avait-il déclaré, disant espérer « une gestion relativement tranquille, paisible, de la Ville de Montréal, qui nous conduirait à la prochaine élection », prévue le 3 novembre 2013.

EN IMAGES:(Suite du texte dessous)

Gérald Tremblay

Gérald Tremblay

Âgé de 70 ans, Gérald Tremblay a été élu à trois reprises à la tête de la plus grande ville du Québec.

Avocat et homme d'affaires, il commence sa carrière politique en 1989 comme député libéral d'Outremont, avant de devenir ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Réélu en 1994, il démissionne après deux ans dans l'opposition pour retourner dans le milieu des affaires.

En 2001, il se lance en politique municipale et défait Pierre Bourque, maire sortant de Montréal. Son premier mandat est marqué pas la défusion d'une quinzaine de municipalités à la suite d'un référendum.

En 2005, il est réélu sans surprise. Son mandat est toutefois entaché par des allégations de corruption et le scandale du contrat des compteurs d'eau de plus de 350 millions de dollars.

Gérald Tremblay réussit néanmoins à obtenir un troisième mandat. Sous son règne, le Quartier des spectacles et la Place des Festivals voient le jour, tout comme le système de vélos en libre-service Bixi.

Mais les allégations de corruption persistantes, dans la foulée de la commission Charbonneau, l'auront poussé à remettre sa démission, moins d'un an avant les prochaines élections municipales.

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