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Commission Charbonneau: Elio Pagliarulo, un ancien partenaire d'affaires de Paolo Catania à la barre

Un ancien partenaire d'affaires de Paolo Catania à la barre
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Un ex-ami et confident de l'homme d'affaires Paolo Catania de Frank Catania et associés, Elio Pagliarulo, a affirmé lundi à la commission Charbonneau que le clan mafieux Rizzuto organisait des contrats de construction à Montréal.

Il soutient que Paolo Catania lui a déjà dit que la mafia empochait 5 % de la valeur des contrats truqués à Montréal. Les contrats étaient organisés par Rocco Sollecito, avec l'aide d'un intermédiaire, Nicolo Milioto.

Les Catania appartenaient au clan du présumé parrain de la mafia Vito Rizzuto, affirme M. Pagliarulo : « Paolo et Frank me l'ont dit ».

Selon lui, Paolo Catania a aussi réussi à corrompre l'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino. Ce dernier a été accusé dans l'affaire Faubourg Contrecoeur, à l'instar de Paolo Catania et de la firme Frank Catania et associés.

M. Pagliarulo dit avoir versé 300 000 $ en trois paiements à M. Zampino à la demande de Paolo Catania.

Elio Pagliarulo, qui a longtemps fait des affaires avec Frank et Paolo Catania, soutient que Frank Catania et associés obtenait environ 22 % des contrats publics truqués, contre 19 % pour Garnier Construction et 15 % pour Catcan.

Selon lui, les firmes qui faisaient de la collusion pour faire grimper le coût des contrats publics à Montréal étaient Frank Catania et associés, Catcan, Garnier, BP Asphalte, Mirabeau, Tallarita, Mivela, Infrabec et une compagnie de Joey Piazza qu'il n'a pu nommer.

Toutes ces compagnies avaient été fondées par des gens issus de Cattolica Eraclea, le village natal de Nicolo Rizzuto, a dit le témoin. Selon lui, ce sont les enfants des contemporains de l'ex-patriarche du clan mafieux qui ont véritablement mis le système sur pied.

M. Pagliarulo a raconté qu'après sa retraite, Frank Catania était si intéressé à s'assurer que son fils obtienne des contrats qu'il se tenait pratiquement tous les jours au café Consenza. N'en pouvant plus du trafic, il avait même déménagé de Brossard, où il habitait, pour se rapprocher du Consenza.

Des inspecteurs de la Ville corrompus par Catania

Elio Pagliarulo affirme que Paolo Catania payait des inspecteurs de la Ville de Montréal pour qu'ils approuvent les extras demandés par sa compagnie. Ça allait de 5000 $ à 25 000 $ en argent comptant. Luc Leclerc était l'un d'eux.

Paolo Catania s'appelait lui-même « M. Extra », dit Elio Pagliarulo.

L'argent que Paolo Catania donnait à M. Leclerc lui avait parfois été fourni par Pagliarulo, à même l'argent de leur compagnie de prêts usuraires. Il pouvait lui donner de 5000 $ à 25 000 $ toutes les trois semaines ou tous les mois. Cela a duré pendant peut-être cinq ou six ans, dit le témoin.

Une amitié qui s'est mal terminée

Elio Pagliarulo, qui témoigne en anglais, a été présenté en ouverture par la commission comme l'ami très proche, voire le meilleur ami et confident de Paolo Catania pendant environ 15 ans, jusqu'en 2008-2009. M. Pagliarulo a aussi affirmé, en début de témoignage, qu'il était aussi proche de son père Frank Catania.

L'amitié a pris fin lorsque M. Pagliarulo n'a plus été en mesure de rembourser aux Catania ses emprunts. Il dit avoir été menacé et soutient avoir fait l'objet d'un bref kidnapping en août 2009. Ses agresseurs ont mentionné le nom de Paolo Catania. Il dit aussi s'être vu offrir de fortes sommes pour qu'il abandonne la plainte qu'il a déposée contre ce dernier.

Elio Pagliarulo souligne que si Paolo Catania s'est arrangé pour qu'il soit battu alors qu'il était son ami, « imaginez ce qu'il peut faire à d'autres ».

« On ne plaisante pas » avec les Catania, dit-il.

M. Pagliarulo a fait irruption dans l'actualité en septembre 2009, lorsqu'il a été révélé que Paolo Catania, de Frank Catania et associés, avait été accusé de menaces de mort, de tentative d'extorsion et de harcèlement à son endroit.

L'homme d'affaires disait avoir été tabassé en août 2009, alors qu'il circulait en voiture dans Outremont. Une photo de lui, le visage tuméfié, avait été diffusée par le quotidien La Presse.

M. Pagliarulo avait raconté avoir été associé à Paolo Catania dans des activités de prêts usuraires destinés aux personnes insuffisamment solvables pour faire d'importants emprunts auprès d'institutions bancaires. Il devait lui-même 1,37 million de dollars à une compagnie à numéro de M. Catania.

Les accusations contre Paolo Catania, dont les liens avec le clan mafieux Rizzuto ont été avérés dans le cadre de l'opération Colisée, ont finalement été retirées par la Couronne en septembre 2010.

Joint au téléphone par la journaliste Isabelle Richer, Elio Pagliarulo avait déclaré qu'il maintenait sa version des faits, mais qu'il avait choisi de ne plus témoigner contre Paolo Catania. Lorsque la journaliste lui a demandé s'il avait été victime de menaces, il a déclaré : « Je ne peux pas en parler ».

Paolo Catania a toujours maintenu son innocence dans cette histoire.

D'ici le 19 octobre 2013, la commission Charbonneau doit tenter de déterminer si des systèmes de corruption et de collusion ont perverti le processus d'octroi des contrats publics depuis 15 ans au Québec et détourné une partie des comptes publics du gouvernement, des municipalités ou d'autres organismes publics.

Vous pouvez suivre en direct sur ce site, le journaliste François Messier @MessierSRC qui assiste aux travaux de la commission Charbonneau.

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