Les sept scientifiques membres de la Commission italienne « grands risques » écopent de six ans de prison. Ils ont été reconnus coupables d'homicides par négligence pour avoir sous-estimé les risques que représentait le séisme meurtrier de L'Aquila en 2009.
La commission est composée de six experts des séismes et du sous-directeur de la Protection civile Bernardo De Bernardinis. La commission s'était réunie à L'Aquila six jours avant le séisme, soit le 31 mars 2009, à la suite d'une série de secousses sismiques survenue à L'Aquila. La commission avait toutefois statué qu'il n'était pas possible de prédire une éventuelle secousse plus forte.
Elle avait néanmoins recommandé de renforcer le respect des mesures de prévention antisismique, notamment dans la construction des immeubles.
À la suite de la réunion de L'Aquila, M. De Bernardinis avait affirmé à la presse que l'activité sismique de la zone ne représentait « aucun danger ». « La communauté scientifique continue de m'assurer que nous nous trouvons dans une situation favorable en raison de la décharge continue d'énergie » sismique, avait-il déclaré à l'époque. De leur côté, les scientifiques nient avoir fait une telle assertion à M. De Bernardinis.
Le séisme a fait plus de 300 morts le 6 avril 2009 à L'Aquila en Italie.
Le parquet requérait 4 ans de prison alors que la défense réclamait l'acquittement. Le procureur Fabio Picuti a établi une comparaison entre la négligence des scientifiques de la commission et l'évaluation du terrorisme aux États-Unis lors des attentats du 11 septembre 2001. « Après le 11 septembre, le rapport qui démontrait une analyse insuffisante des risques en rapport avec l'attentat a conduit à la démission du chef de la CIA et de son adjoint. Cela montre qu'un tel raisonnement existe » ailleurs, a-t-il affirmé.
« Ce sera un verdict historique », avait estimé une avocate représentant 11 parties civiles, dont 4 étudiants blessés dans l'écroulement de leur foyer d'étudiants, Wania della Vigna, « J'espère qu'ils seront reconnus coupables. Ils avaient une position de responsabilité », a-t-elle précisé. Selon Mme della Vigna, une condamnation permettrait que « les scientifiques fassent plus attention aux conséquences lorsqu'ils émettent des conseils ».
De son côté, l'un des avocats de la défense Filippo Dinacci a déclaré que les accusations auxquelles font face les scientifiques relevaient « d'un droit pénal médiéval ».
L'avocat du gouvernement italien Carlo Sica a plaidé dans le même sens que la défense. Il a demandé que les sept accusés soient acquittés, affirmant que « les faits, à savoir le tremblement de terre, ne sont de la faute de personne ».
Plus de 5000 membres de la communauté scientifique italienne ont envoyé une lettre ouverte au président de la République, Giorgio Napolitano, dans laquelle ils soutiennent qu'il est impossible de prédire un tremblement de terre.
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