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Patrice Leconte nous parle de son Magasin des suicides

Patrice Leconte nous parle de son Magasin des suicides
Courtoisie

Il y a quelque mois, Patrice Leconte (Les Bronzés, Ridicule) était de passage à Montréal pour parler de son prochain long-métrage d'animation en 3D, Le Magasin des suicides. Une grande première pour le réalisateur français qui n'avait encore jamais touché à cette technologie. Nous avons pu le rencontrer dans les studios Toutenkartoon qui ont participé au projet.

Même si Patrice Leconte n'a jamais touché le film d'animation, il n'est pas un simple néophyte. «Le dessin m'a toujours intéressé. Vous savez, j'ai longtemps fait de la bande dessinée», raconte-t-il.

Après avoir acheté les droits du livre de Jean Teulé, le producteur Gilles Podesta propose l'adaptation à Patrice Leconte. «Il y a maintenant quatre ans de cela, je rencontre ce jeune producteur et il m'explique que l'adaptation sera un film d'animation. Et là, d'un seul coup, je me suis dit que c'était vraiment brillant comme idée. Connaissant déjà le bouquin et le croyant inadaptable au grand écran, l'animation m'est alors apparue comme une évidence.»

Le roman éponyme de Jean Teulé est une œuvre plutôt noire. Le film de Patrice Leconte est de son côté un long-métrage qui mélange allègrement sarcasme et drôlerie. «J'ai beaucoup été attiré par l'histoire qui véhicule un humour aussi sombre. La noirceur absolue de la situation, de cette ville, de cette époque pratiquement la nôtre qui pousse les gens tellement malheureux et inconsolables à vouloir mourir au plus vite. Ils sont au bout du rouleau et ne désirent plus qu'aller acheter la fiole de poison ou la corde pour se pendre.»

Dans Le Magasin des suicides, on y suit la famille Tuvache qui possède un magasin très lucratif. C'est sur ces étagères que les dépressifs peuvent trouver les accessoires qui pourront les faire passer de la vie à trépas moyennant quelques pièces. «C'est tellement énorme. On peut aller très loin avec ce genre d'humour si on arrive à le contrebalancer avec quelque chose de décalé et de rythmé. Il faut y retrouver de la dérision. À aucun moment ce film n'est une apologie du suicide. D'abord cela me serait insupportable et ensuite ce n'est pas dans mon tempérament.»

Mais tout n'est pas si désolant, puisque les Tuvache donnent naissance à un nouvel enfant qui sourit au grand désespoir des parents. Un bébé dont la joie de vivre va causer tout un bouleversement. Une sorte d'antidote à l'atmosphère morose. On ne peut s'empêcher de penser à notre réalité: la crise économique qui s'abat sur l'Europe, le mouvement des Indignés. «Ce n'était pas prévu. Pour faire un film d'animation, cela prend généralement quatre ans de boulot. Pas facile de tomber synchro avec ce genre de délais. Je vous rappelle lorsque j'ai rencontré Yves Podesta qui m'a proposé l'adaptation, c'était il y a quatre ans et demi. Je ne pourrais pas imaginer que notre époque actuelle allait se retrouver à ce point dans le marasme le plus total. Mais de dire aux gens : c'est vrai que c'est la crise, mais la vie est belle, n'est-ce pas? On ne pouvait pas tomber aussi bien.»

On l'aura deviné, le film n'est pas destiné aux tout-petits. «C'était mon objectif. C'est à partir de 10 ou 12 ans que l'on peut comprendre la dérision qui se trouve dans Le Magasin des suicides. Il y a dix ans l'animation était exclusivement réservée à un jeune public. Quand on allait voir un film d'animation, il fallait avoir un petit enfant avec soi pour avoir un alibi.»

Depuis les choses ont bien changé. «Si je ne me trompe pas, il a fallu attendre L'Étrange Noël de monsieur Jack de Tim Burton pour que ce genre de film soit à la fois parfait pour les enfants et à la fois emballant pour les adultes. Maintenant les grands peuvent aller voir des films d'animation sans qu'on leur jette des cailloux. Depuis des tas d'autres expériences s'en sont suivies. Persepolis, Waltz with Bashir ou même Le Chat du Rabbin ne sont pas des films destinés aux enfants.»

Le Magasin des suicides - Les Films Séville - 79 minutes - Sortie en salles le 19 octobre 2012 - France.

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