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Les Tambours du Bronx, made in Bourgogne depuis 25 ans

Les Tambours du Bronx, made in Bourgogne depuis 25 ans

Un hangar déglingué au milieu des champs et des types en noir qui frappent des bidons: les répétitions des Tambours du Bronx résonnent dans leur Nièvre natale, où ils vivent toujours après 25 ans de carrière internationale.

Dans un ancien dépôt de cars à la toiture abîmée par les grêlons, les musiciens malmènent leurs instruments. Le métal se gondole au contact des mailloches, le bois des lourdes baguettes éclate.

Des piles de bidons sont stockées le long des murs dans l'attente des prochains concerts du groupe en Allemagne et aux Pays-Bas, en novembre.

Le décor est industriel, mais le QG des Tambours du Bronx est niché dans la campagne de la Nièvre, à mille lieues du quartier de New York dont ils ont emprunté le nom.

"Le Bronx" est le surnom que les premiers membres du groupe avaient donné à leur quartier, une cité ouvrière près de Nevers aux façades noircies par la fumée des locomotives.

Ils ont créé les Tambours lors d'un festival de rock en 1987, sans imaginer que, 25 ans plus tard, ils existeraient toujours et donneraient des concerts à Rio ou Djibouti.

Si de l'électro accompagne désormais les bidons, la panoplie de rockeur n'a pas changé depuis 1987 : tatouages, piercings et vêtements noirs.

Pourtant, sur les 17 musiciens, ils ne sont qu'une poignée à avoir participé aux débuts de cette "bande de potes", selon l'expression de Thierry, 53 ans.

En 25 ans, 120 musiciens sont passés par les Tambours. Tous sont originaires de ce département rural.

Yannick fait exception. En 2005, le Marseillais arrive à Nevers dans l'espoir de trouver du travail et apprend que les Tambours cherchent un joueur. "Ça leur a fait du bien d'avoir quelqu'un qui vient de l'extérieur", juge-t-il.

Aujourd'hui, il se sent tenu d'honorer le "contrat moral" de "faire durer le groupe".

"Y a qu'ici que ça peut exister"

Anciens ouvrier, informaticien ou graphiste, les musiciens travaillent à temps plein pour les Tambours comme intermittents du spectacle. Ils s'auto-produisent et revendiquent leur indépendance vis-à-vis des maisons de disques.

"Ils n'ont jamais voulu faire partie de cette ambiance +show biz+ française. (...) Tout simplement parce qu'ils avaient pas un plan de carrière", décrit Léon Blomme, un ancien du groupe, dans le documentaire "Ca sonne très bien un bidon", diffusé sur France 3 à l'automne 2012.

"On est les smicards du spectacle", décrit encore l'un d'eux dans le film.

Ils s'accommodent de cette rusticité, comme de leur hangar glacial.

"L'hiver, t'es obligé de taper fort", sourit Yannick. "Mais ça fait partie du truc, ça pourrait pas exister à Marseille... Y a qu'ici que ça peut exister : le climat est pourri, il pleut tout le temps, ça file la rage pour taper dans un bidon".

Dans le département, des musiciens rêvent encore de rejoindre leurs rangs. "C'est un truc mythique ici", avance Gwel, 33 ans.

Avec deux autres postulants, les paumes couvertes d'ampoules à force de serrer les mailloches, il s'entraîne ce jour-là dans l'espoir d'intégrer le groupe.

Les trois candidats ont un emploi, qu'ils sont prêts à quitter pour prendre la route avec les Tambours.

Sans l'ombre d'une hésitation pour Flav, 21 ans: "Tu cherches pas la notoriété, mais quand tu sais que tu vas voyager, jouer à côté de groupes que tu écoutais petit... Entre ça et les +trois huit+ à l'usine, le choix est vite fait."

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