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Libye: les milices auraient "exécutés" Kadhafi et ses hommes, selon Human Rights Watch (VIDÉO)

Kadhafi exécuté? (VIDÉO)
Getty Images

LE CAIRE, Égypte - Les rebelles libyens semblent avoir «sommairement exécuté» de nombreux partisans de l'ancien dictateur et probablement Mouammar Kadhafi lui-même lors de la prise de Syrte l'an dernier, affirme un rapport publié mercredi par Human Rights Watch (HRW).

Le rapport de l'organisation américaine sur les abus allégués qui ont suivi la prise de Syrte en octobre 2011, dans la dernière grande bataille de la guerre civile de huit mois en Libye, constitue l'une des descriptions les plus détaillées des crimes de guerre présumés commis par les milices qui ont renversé Mouammar Kadhafi, et qui jouent encore un rôle majeur dans la politique libyenne.

Le rapport de 50 pages, intitulé «Libye: vengeance mortelle à Syrte», détaille les dernières heures de la vie de Mouammar Kadhafi, le 10 octobre 2011, quand il a tenté de s'enfuir de la ville assiégée. Dans sa fuite, le convoi du dictateur a été atteint par une frappe aérienne de l'OTAN, et les survivants ont ensuite été attaqués par des miliciens de la ville de Misrata, qui ont capturé et désarmé le dictateur et ses proches.

Misrata a fait l'objet d'un long et violent siège des forces de Kadhafi qui s'est soldé par la mort de centaines de personnes, et les combattants de cette ville sont devenus certains des opposants les plus féroces au régime. Selon HRW, il semble que les combattants de Misrata se soient vengés contre leurs prisonniers à Syrte.

«Les preuves suggèrent que les milices de l'opposition ont sommairement exécuté au moins 66 membres du convoi de Kadhafi à Syrte», a déclaré Peter Bouckaert, directeur des urgences chez Human Rights Watch.

Le rapport affirme que de nouvelles preuves découvertes lors de l'enquête menée par HRW comprennent des enregistrements vidéo captés par des téléphones cellulaires, qui montrent un grand nombre de prisonniers du convoi de Kadhafi en train de se faire insulter et violenter par des combattants de l'opposition.

Les restes d'au moins 17 détenus que l'on peut voir dans l'enregistrement ont ensuite été retracés dans un groupe de 66 corps découverts dans l'hôtel Mahari de Syrte, dont certains avaient encore les mains attachées dans le dos. HRW souligne avoir utilisé des photos de la morgue pour confirmer l'identité des victimes.

Le dictateur lui-même a été vu vivant dans une vidéo largement diffusée peu après la bataille de Syrte.

«Les images vidéo montrent que Mouammar Kadhafi a été capturé vivant mais qu'il saignait abondamment d'une blessure à la tête», affirme le rapport. Mais d'autres images montrent qu'il a été «sévèrement battu par les forces de l'opposition, poignardé avec des baïonnettes dans son postérieur, ce qui a causé d'autres blessures et saignements. Au moment où il est hissé dans une ambulance à moitié nu, il paraît sans vie.»

Les conclusions du rapport «mettent en doute la version des nouvelles autorités libyennes selon laquelle Mouammar Kadhafi a été tué dans un échange de tirs et non après sa capture», a déclaré M. Bouckaert.

Le fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, a lui aussi été filmé vivant en détention, avant que son corps n'apparaisse à la morgue de Misrata à côté de celui de son père.

«Dans tous les cas sur lesquels nous avons enquêté, les individus ont été filmés vivants par les combattants de l'opposition qui les détenaient, avant d'être retrouvés morts quelques heures plus tard», a souligné M. Bouckaert. «Notre preuve la plus solide de ces exécutions vient des images tournées par les combattants de l'opposition et des preuves physiques à l'hôtel Mahari où les 66 corps ont été découverts.»

Human Rights Watch rappelle que «tuer des combattants capturés constitue un crime de guerre» et appelle les autorités civiles et militaires libyennes «à enquêter sur les crimes de guerre et les autres atteintes au droit humanitaire international» commis durant la guerre civile de l'an dernier.

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