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La route du boeuf : élevé au Québec, abattu à l'extérieur

La route du boeuf : élevé au Québec, abattu à l'extérieur

De tout le boeuf consommé au Québec, seulement 4 % a été élevé et abattu dans la province. L'Ouest canadien remporte la part du lion.

L'engraissement

Pendant quelques mois, des boeufs sont nourris à la ferme MBM Daigle de Sainte-Hélène-de-Bagot. Au cours de cette période, le poids de l'animal doublera avant l'abattage. Le bétail provient du Québec en partie, mais parce que la production n'est pas suffisante dans la province, celle-ci s'approvisionne au Manitoba et en Saskatchewan.

La provenance

En incluant les coûts du transport, Michel Daigle paie à peu près le même prix pour un boeuf de l'Ouest et un boeuf du Québec. Chaque boeuf est étiqueté, et il connaît précisément sa provenance. Michel Daigle produit environ 4000 bouvillons gras annuellement. Lorsqu'ils quittent sa ferme, ils se fondent dans la masse et il n'a plus leur trace pour la majorité.

Les abattoirs

Le boeuf issu de la ferme MBM Daigle se retrouvera dans les grands abattoirs qui fournissent l'Amérique du Nord. Michel Daigle vend ces boeufs à JBS en Pennsylvanie et à Cargill près de Toronto. Cette usine ontarienne, avec l'autre usine de Cargill dans l'Ouest canadien et celle de Brooks appartenant à XL Foods en Alberta abattent 95 % du boeuf au Canada.

Au total, 60 000 bêtes sont abattues par semaine.

« Ces gens-là sont tous en compétition et, dépendamment des commandes qu'ils ont et des besoins qu'ils ont, ben, ils vont déterminer un prix et c'est là que tu décides de vendre à un ou à l'autre en fonction du prix. » - Michel Daigle

Le boeuf vient donc de partout dans ces abattoirs et il devient de plus en plus difficile de connaître sa provenance. La viande est désormais divisée en lots.

« À partir du moment où ils l'ont acheté eux autres ils run par journée d'abattage ou par blocs là. C'est sûr qu'ils n'ont peut-être pas tête par tête, mais c'est pour ça que le rappel qu'on voit là il est immense. Ils font un gros rappel justement pour être sûrs de tout capter ce qui est passé dans cette usine-là », précise Claude Viel, président, Fédération des producteurs bovins du Québec

La boucherie

Quand les pièces de viande arrivent à la boucherie, un code-barres affiché sur les boîtes permet de retracer certaines informations comme le lieu et le moment de l'abattage.

Selon les statistiques du ministère québécois de l'Agriculture, 91 % du boeuf consommé par les Québécois proviendrait des abattoirs des autres provinces canadiennes, surtout de l'Ouest. 5 % aurait été importé, surtout des États-Unis. Seulement 4 % du boeuf dans les assiettes du Québec est élevé et abattu au Québec.

Le boeuf québécois

Au plus gros abattoir de la province, Viandes Laroche à Asbestos, quelques centaines de boeufs sont abattus par semaine. Cette industrie traverse des moments difficiles. Depuis cinq ans, les deux plus importants abattoirs québécois ont fermé, faute de volume pour concurrencer Cargill et JPS.

Pour maintenir ses activités, Viandes Laroche doit se distinguer : 10 % de ses boeufs sont sans hormones ni antibiotiques. Cette viande va dans les épiceries spécialisées, elle se vend 20 % plus cher et est totalement retraçable.

« On a l'origine, le producteur, le numéro de l'animal, le père, la mère de l'animal, toute sa conformité, ainsi que tout son passeport santé durant sa vie. Ça, c'est pour s'assurer qu'on donne vraiment le bon produit aux clients. » - Claude Laroche, président fondateur, Viandes Laroche.

Sauf que la trace des autres boeufs de Viandes Laroche, même s'ils proviennent du Québec, peut se perdre elle aussi une fois à l'épicerie. Alors comme bien d'autres, Claude Laroche souhaite une meilleure traçabilité. Tout en rêvant qu'un jour, les Québécois exigeront plus de boeuf local.

D'après le reportage de Jean-Sébastien Cloutier

Consultez ce rapport sur l'état de l'industrie bovine contenant des données de 2009.

Consultez aussi ce reportage de Radio-Canada Rive-Sud sur la difficulté de trouver au Québec la coupe de viande brésilienne picanha.

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