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50 ans après «Love me do»: le business Beatles

50 ans après «Love me do»: le business Beatles
Reuters

BEATLES - Il y a 50 ans jour pour jour, quatre garçons dans le vent présentaient leur premier single dans l'anonymat le plus total. Le 5 octobre 1962 sortait en Grande-Bretagne Love me do, propulsant les Beatles au 17ème rang du hit-parade. Le premier succès d'une longue série, jusqu'à la séparation du groupe en 1970.

Aujourd'hui encore les morceaux de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr constituent une poule aux œufs d'or pour les ayant droits. À tel point que Universal a choisi de céder une grande quantité des actifs d'EMI lors de son rachat en septembre dernier, pour conserver le catalogue du groupe de Liverpool.

La Commission européenne a donné comme consigne à Universal (filiale du français Vivendi) de ne pas dépasser les 40% de parts de marché. Exit donc les Coldplay, Blur, David Bowie, Kylie Minogue, Tina Turner et Pink Floyd. Si l'obligation de renoncer à ces stars planétaires paraît rude, le jeu en vaut bien la chandelle. Car les Beatles se monnayent cher. Très cher.

250 000 dollars pour entendre une chanson dans Mad Men

Et ce n'est pas les producteurs de Mad Men qui diront le contraire. Pour avoir le droit de diffuser la version originale de Tomorrow never knows dans la saison 5 de la série, Lionsgate a déboursé la coquette somme de 250.000 dollars, selon le New York Times. Géré d'une main de maître, l'accord a été négocié par Sony/ATV, qui détient les droits d'auteur du morceau.

Sony/ATV est à la tête de 250 chansons écrites par le duo McCartney-Lennon, couvrant la quasi-totalité de leurs productions jusqu'à la séparation de 1970. La maison de disques -à cette époque ATV- avait racheté Northern Songs en 1968, la société du célèbre producteur des Beatles, Brian Epstein, avant d'être elle-même absorbée par Sony en 1995.

Les Beatles appartiennent toujours à Michael Jackson

Sony/ATV est en réalité une co-entreprise dont les parts sont partagées entre la major japonaise et... Michael Jackson, qui en possédait 50%. Le "roi de la pop" avait acquis une partie de ATV en 1985 pour 47,5 millions de dollars, sur les conseils de son ami Paul McCartney qui estimait que l'auteur de Beat It devrait investir dans une maison de disques. L'Anglais était loin d'imaginer que Michael Jackson le prendrait au mot et achèterait la sienne...

Depuis la mort de ce dernier en 2009, la question des droits de succession n'est toujours pas réglée et les parts de MJ dans Sony/ATV pourraient être revendues pour éponger les dettes du défunt. Des sources proches du dossier évoquent un rachat total du catalogue par Sony, dont on estime la valeur à un milliard de dollars.

Et Universal dans tout ça?

Si Sony/ATV détient les droits sur la musique et les paroles, EMI (englobé dans Universal, donc) dispose des droits sur les enregistrements originaux. Chaque fois qu'un morceau des Beatles est utilisé au cinéma, dans une publicité ou diffusée à la radio, ce couple touche des royalties, tout comme les auteurs, réunis sous l'égide de la société Apple Corps. Fondée en 1968 pour gérer les droits du groupe, elle est contrôlée à 100% par Paul McCartney, Ringo Starr ainsi que les familles de George Harrison et John Lennon, respectivement décédés en 2001 et 1980.

Apple Corps gère un catalogue qui comptabilise un total de plus de 600 millions d'enregistrements, cassettes et CD. L'entreprise détient les droits de licence du nom et de la musique, tout comme les droits d'approbation sur les enregistrements originaux. Elle a par exemple supervisé la sortie remastérisée en juin dernier du film Yellow Submarine. Selon les derniers comptes publiés, Apple Corps a reversé 22 millions d'euros à ses actionnaires en 2011.

Apple Corps vs Apple: un match à 500 millions de dollars

Concernant le passage à la révolution numérique, Apple Corps a traîné des pieds. La faute aux profits énormes dégagés par les ventes de CD. Il a fallu attendre novembre 2010 pour voir arriver les "Fab Four" sur iTunes, le magasin de musique en ligne... d'Apple.

Apple Corps contre Apple Computer, le contentieux entre les deux sociétés a duré plus de trois décennies pour des histoires de nom. La firme de Steve Jobs a finalement réglé le problème en signant un gros chèque de 500 millions de dollars pour mettre fin au conflit et ajouter par la même occasion les morceaux des Beatles sur iTunes. En quelques jours, les ventes ont crevé le plafond. À ce moment, 28 des 100 chansons les plus téléchargées étaient celles des Beatles. 16 des 50 albums les plus populaires également, dont 4 dans le top 10.

Aujourd'hui les produits estampillés Beatles se bousculent et l'argent revient encore une fois à entièrement à Apple Corps. (sauf pour ce qui est de la musique intégrée dans ces produits). De l'adaptation de leur univers par la troupe du Cirque du Soleil (The Beatles: Love) au jeu vidéo The Beatles: Rock Band, les "rentiers" se frottent les mains. Sans parler des sonneries de téléphone portable, des versions spéciales du Monopoly et du Trivial Poursuit. Le glacier Ben & Jerry a même sorti une édition spéciale baptisée "Imagine Whirled Peace", en l'honneur de John Lennon.

Selon le classement annuel du Sunday Times, Sir Paul McCartney est à la tête d'une fortune de 639 millions d'euros. Rien que sur son nom, l'artiste de 70 ans a engrangé 62 millions d'euros en 2011, dont 6,6 millions grâce aux chansons qu'il a co-signées avec John Lennon.

Yoko Ono, la veuve du chanteur assassiné en 1980, disposerait de 248 millions d'euros. La richesse de Ringo Starr est quant à elle estimée à 198 millions, tandis que la veuve de George Harrison, Olivia, et son fils auraient une fortune cumulée de 223 millions d'euros. 50 ans après, la Beatlemania n'a pas faibli et ce n'est pas 2,3 milliards d'albums vendus à travers le monde qui le démentiront.

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