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Harper prend ses distances avec Robert Abdallah

Harper prend ses distances avec Robert Abdallah

Le premier ministre Stephen Harper minimise son appui à la candidature de l'ex-directeur général de la Ville de Montréal, Robert Abdallah, à la présidence du Port de Montréal, en 2007.

Le nom de M. Abdallah est revenu dans l'actualité, mardi, lorsque l'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito a affirmé devant la commission Charbonneau que M. Abdallah était déjà intervenu dans l'attribution d'un contrat par la Ville de Montréal et qu'il aurait reçu en retour 300 000 $. Des allégations qui ont été aussitôt niées par l'intéressé.

Le premier ministre a été rattrapé jeudi par la controverse, au cours d'un point presse donné conjointement à Ottawa avec le président de la Tanzanie, Jakaya Kikwete.

Interrogé sur les raisons qui avaient à l'époque poussé son gouvernement à soutenir la candidature de Robert Abdallah, le premier ministre Harper a pris ses distances par rapport à l'ex-DG de la Ville de Montréal. Il a affirmé que son bureau n'avait fait qu'appuyer le candidat privilégié par les autorités municipales montréalaises.

« Premièrement, c'est important de dire que M. Abdallah n'était jamais employé ou agent du gouvernement du Canada », a-t-il déclaré d'emblée. Pour cette position [au Port de Montréal], il a été proposé par la Ville de Montréal, où il était directeur général, et nous avons appuyé la nomination de la Ville elle-même ».

Comme l'ont fait plusieurs membres de son cabinet depuis le début de la semaine, il également rappelé que la nomination du président du Port de Montréal ne relevait pas d'Ottawa et que le conseil d'administration de l'agence fédérale avait ultimement porté son choix sur un autre candidat.

M. Harper a tenu essentiellement les mêmes propos que ceux tenus la veille par son attaché de presse, Carl Vallée, qui avait voulu apporter des précisions par courriel aux démentis de deux ministres. « Pour être clair, le gouvernement a exprimé sa préférence pour le candidat de la ville de Montréal », a-t-il notamment écrit.

Plus tôt dans la journée, les ministres Maxime Bernier et Christian Paradis avaient tous deux nié que le gouvernement ait appuyé, ou tenté de favoriser, une candidature quelconque pour la présidence du Port de Montréal.

L'affaire a rebondi aux Communes toute la semaine, le député du Nouveau Parti démocratique Alexandre Boulerice talonnant le gouvernement à ce sujet. Le secrétaire parlementaire du ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, Pierre Poilièvre, s'en est tenu à des réponses évasives, allant même jusqu'à demander au député de Rosemont s'il aimait le Canada.

Retour sur des jeux de coulisses au Port de Montréal

La partie de bras de fer qui se serait jouée en 2007 afin que Robert Abdallah soit nommé à la tête de l'agence fédérale avait été révélée en avril 2011 par une enquête conjointe de Radio-Canada et du Globe and Mail.

Les sources avaient affirmé qu'à l'époque, Dimitri Soudas, qui était alors l'attaché de presse adjoint du premier ministre Stephen Harper et son conseiller politique pour le Québec, avait clairement indiqué à trois membres du conseil d'administration du port, respectivement nommés par les paliers fédéral, provincial et municipal, que Robert Abdallah était le choix du gouvernement Harper.

Le président du conseil d'administration du Port de Montréal avait lui-même déclaré qu'il avait rencontré M. Soudas et que ce dernier avait alors fait valoir la candidature de M. Abdallah.

L'ex-ministre conservateur Michael Fortier avait révélé qu'il avait ensuite dû rappeler au conseil d'administration son indépendance.

M. Soudas n'avait d'ailleurs pas nié que les conservateurs souhaitaient voir M. Abdallah au Port de Montréal. Devant un comité parlementaire, il avait déclaré en 2008 que « trois paliers de gouvernement » avaient tous indiqué une préférence pour le poste à l'agence portuaire.

Cette affaire d'ingérence politique et de jeux de coulisses aurait aussi impliqué la Ville de Montréal ainsi que l'entrepreneur en construction Tony Accurso et Bernard Poulin, président du groupe de génie-conseil SM. Les principaux intéressés ont nié avoir mis de la pression en faveur de la nomination de Robert Abdallah.

L'affaire avait aussi eu des échos en 2011, en pleine campagne électorale. Au cours d'une conversation téléphonique mise en ligne sur YouTube, on entendait Bernard Poulin et Tony Accurso discuter de la façon dont ils comptaient s'y prendre pour faire nommer M. Abdallah, en faisant référence à Dimitri Soudas.

À l'époque, deux autres enregistrements qui auraient impliqué Tony Accurso et des membres du Parti conservateur avaient aussi été publiés sur YouTube. Le premier faisait état d'une conversation entre le sénateur conservateur Léo Housakos et Tony Accurso. Le second révélait un entretien entre Tony Accurso et un dénommé « Frank », qui assurait que le « big boss » avait demandé au ministre Lawrence Cannon d'intervenir dans cette affaire.

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