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Débat Obama Romney: première manche pour le républicain

Débat : première manche Romney
Reuters

OBAMA ROMNEY - L'analyse de nos confrères du HuffPost américain. Le candidat républicain aux présidentielles, Mitt Romney, a passé la plus grande partie de son premier débat mercredi soir, à revenir sur certaines de ses principales propositions et à mettre en lumière ses similitudes avec le Président Barack Obama - depuis la poursuite de la régulation bancaire, la mise en place de plus d'enseignants, la conservation de l'imposition des riches, jusqu'à la couverture maladie pour ceux ayant des conditions médicales préexistantes.

Mais le Président n'est pas parvenu à répondre efficacement, se laissant gagner par son attitude professorale, et essayant à peine de dissimuler son agacement face à Romney. Romney ne l'a pas fait dans les règles de l'art, mais il a gagné, si on en croit le consensus général parmi les journalistes après le débat à l'université de Denver.

Romney est apparu bien plus détendu qu'Obama, qui a passé le plus clair de son temps à expliquer des politiques qu'il devrait plutôt avoir vendues à l'heure actuelle. Fait notable : il a à peine regardé Romney durant le débat.

Il y a bien sûr une difficulté fondamentale à déterminer le gagnant d'un débat: difficile de savoir comment les millions d'électeurs, dont la façon de voir est radicalement différente de celle de la majorité des journalistes, vont appréhender ce débat. Mais au moins Romney a franchi le plus grand obstacle: avoir l'air présidentiable.

Un problème continue cependant de le poursuivre: les détails. Quand il dit vouloir arrêter les programmes d'Obama, il est resté vague sur la façon dont il s'y prendrait pour ne pas éliminer en même temps plusieurs de leurs éléments qu'il a aussi promis de conserver.

"A un moment, on doit se demander : est-ce qu'il garde secrètes toutes ces idées pour remplacer [les programmes] parce qu'elles sont trop bonnes ?" s'est interrogé Obama. " Les familles vont-elles trop en profiter ?"

Ce débat était le premier des trois débats présidentiels, celui-ci étant consacré à la politique interne. Aussi bien Obama que Romney ont abordé ce premier débat en essayant de diminuer les attentes, insistant sur le fait que leur rival avait un léger avantage et qu'ils espéraient juste bien faire.

Avec un Obama largement en tête dans les états-clé, selon de nombreux sondages, Romney avait plus à prouver. Obama avait, lui, plus de temps pour exposer ses programmes politiques et se présenter au peuple américain, alors que Romney était toujours pressé de donner plus de détails.

Promesse sur les impôts

Il a cependant livré une information importante concernant les impôts, en promettant qu'il les baisserait seulement si cela n'augmentait pas le déficit. Romney a affirmé qu'il ne voulait pas faire une réduction d'impôts de 5000 milliards, un fait pourtant largement rapporté, et a posé des limites strictes à sa façon de faire baisser réellement les impôts.

"Si on me demandait de soutenir le programme fiscal qu'il a présenté , je répondrais 'hors de question', a ainsi déclaré Romney. "Je ne réclame pas une baisse d'impôts de 5000 milliards de dollars. Ce que j'ai dit, c'est que je ne mettrai pas en place une réduction d'impôts qui creusera le déficit. J'ai cinq garçons. Je suis habitué à entendre les gens dire des choses qui ne sont pas toujours vraies, et à les répéter en boucle en espérant qu'on finira par les croire".

Obama a contre-attaqué: "Maintenant, il dit que sa grande idée est "Peu importe ce que j'ai dit avant". Le fait est que si vous baissez les taux comme vous l'expliquez gouverneur, il est impossible de trouver assez d'abattements et de niches fiscales pour compenser. C'est de l'arithmétique."

Romney a répété plusieurs fois qu'il laisserait les choses là où elles en étaient, ou qu'il était d'accord avec Obama. Il a dit qu'il ne couperait pas les fonds pour l'éducation et qu'il fallait plus d'enseignants. Il a aussi affirmé que lui et Obama étaient d'accord pour ne pas changer la sécurité sociale pour les seniors, même si les deux candidats ont continué de s'attaquer mutuellement sur le problème du Medicare. Romney a enfin indiqué son accord avec le Président quant au fait de laisser les jeunes sur les plans d'assurance de leurs parents, quand bien même il abrogerait l'Obamacare.

Il a également apporté son soutien à un autre point de l'Obamacare: demander aux assureurs de couvrir les gens avec des conditions de santé préexistantes. Romney a déclaré qu'il poursuivrait cette politique alors même qu'elle ne fait pas partie de son plan actuel : ce dernier propose en effet que ceci ne s'applique que lorsque ces personnes ayant des conditions de santé préexistantes changent d'assurance - ce qui ne changerait rien pour tous ceux n'ayant pas encore d'assurance maladie et qui essaieraient de s'en procurer une.

Bataille de chiffres

L'ensemble manquait cependant de détails, ce qu'Obama n'a pas manqué de faire remarquer. Peu de temps après l'avoir attaqué sur ses calculs, Obama a déclaré que le public pouvait aller voir sur son site les détails de son plan de réduction du déficit, faisant allusion aux promesses fluctuantes de Romney à ce sujet.

Romney a alors rétorqué avec raison qu'Obama n'avait pas soutenu le coût du plan de réduction du déficit de Simpson et Bowles - son colistier (vice-président), Paul Ryan avait d'ailleurs voté contre -, même s'il a admis que lui-même n'était pas pour. "Le président aurait du s'en emparer" a déclaré le candidat républicain à propos de la réduction de la dette, citant expressément le plan.

"Est-ce que vous soutenez ce plan ?" a demandé Jim Lehrer de PBS, le modérateur du débat. "J'ai mon propre plan" a répondu Romney. "Je pense que le Président aurait du s'en saisir. Si vous avez des ajustement à faire, faites-les, présentez-les au Congrès, défendez-les."

Romney attaque... et ménage les banques

S'agissant de la régulation des banques, Romney a joué les deux côtés. Il a attaqué le fait que la réforme de Wall Street Dodd-Frank conduisait à la fermeture de banques locales, tout en se plaignant qu'elle n'avait pas été mise en place assez vite. Il en a approuvé certains principes, en a déprécié d'autres, mais a refusé de rentrer dans les détails.

Le bug du modérateur :Les deux candidats ont eu l'air un peu sensible, surtout s'agissant du modérateur. Obama a continué à parler quand Lehrer l'a informé que son temps était dépassé, lui disant : " J'avais encore cinq secondes avant que vous ne m'interrompiez". Romney a été encore pire, insistant sur le fait qu'il devait avoir le dernier mot sur la première question et refusant de s'arrêter plusieurs fois de parler alors que Lehrer le lui demandait. Il a d'ailleurs promis de réduire les fonds de la chaîne PBS, tout en s'excusant auprès de l'animateur.

Le débat s'est achevé sur une nouvelle attaque d'Obama sur la façon dont Romney gouvernerait. Romney avait promis de travailler avec les chefs démocrates et républicains dés le premier jour suivant son élection, une idée de collaboration dont Obama s'est moqué : "Je pense que le gouverneur Romney va avoir une grosse première journée puisqu'il sera aussi en train d'abroger l'Obamacare, ce qui risque d'être peu populaire auprès de démocrates avec lesquels vous avez l'intention de collaborer."

Les phrases qui ont fait mouche pendant le débat :

Le débat en images :

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Le débat en images

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