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Obama et Romney croisent le fer lors d'un premier débat à Denver (PHOTOS/VIDÉOS/TWITTER)

Obama et Romney croisent le fer lors d'un premier débat à Denver (PHOTOS/VIDÉOS/TWITTER)

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

À un peu plus d'un mois des élections américaines, le président démocrate Barack Obama et son rival républicain Mitt Romney ont présenté deux visions fort différentes de l'économie des États-Unis et de l'avenir du pays au cours du premier de trois débats présidentiels très attendus, mercredi soir.

Cette première joute verbale, qui se déroulait à l'Université de Denver, au Colorado, était consacrée aux questions de politique intérieure, dont l'enjeu central de l'économie. Les deux adversaires ont ponctué par une pluie de chiffres et de statistiques ce premier segment de leur duel, principale priorité des Américains, selon les sondages.

Premier à prendre la parole, le président sortant s'est fait le défenseur des intérêts de la classe moyenne. « Les États-Unis réussissent quand la classe moyenne réussit », a-t-il plaidé, affirmant que son parti était le mieux placé pour l'aider.

L'ex-gouverneur du Massachusetts a de son côté blâmé l'occupant actuel de la Maison-Blanche pour la reprise économique difficile, l'accusant d'avoir trop encadré l'économie. Multipliant les exemples d'électeurs lui ayant demandé d'améliorer la situation des États-Unis, Mitt Romney a mis de l'avant des baisses d'impôt, qui, selon lui, sont génératrices de richesse et d'emplois.

Livrant un plaidoyer en faveur de l'équilibre budgétaire, il a affirmé qu'il fallait réduire les dépenses de l'État, éliminer les programmes gouvernementaux inefficaces et annuler la réforme de la santé - principale réalisation du président Obama, mais aussi sa plus controversée.

Avec un taux de chômage de 8,1 %, une flambée du prix de l'essence à la pompe, une dette nationale sans cesse grandissante et un déficit dépassant les 1000 milliards de dollars - des arguments que le candidat républicain n'a pas manqué de rappeler - l'économie est le talon d'Achille du président.

Critiquant les politiques fiscales de Mitt Romney, qu'il juge favorables aux riches, Barack Obama a affirmé qu'il voulait mettre en oeuvre des baisses d'impôt de 5000 milliards de dollars, une affirmation réfutée par le principal intéressé.

Il est mathématiquement impossible de diminuer les impôts, d'augmenter les dépenses, notamment militaires, et de réduire la dette nationale, a-t-il assuré.

« Avec une approche aussi déséquilibrée, vous charcuterez nos investissements dans les écoles et dans notre système d'éducation, a-t-il argué. Concrètement, cela signifie une coupe de 30 % dans les programmes pour les personnes âgées qui résident dans les maisons de retraite, pour les enfants handicapés. Ce n'est pas une bonne stratégie. »

Les solutions de l'ère Bush ne sont pas les bonnes, a-t-il ajouté, estimant qu'elles replongeraient le pays dans une crise économique. Vantant les mesures économiques d'urgence adoptées par son administration, il a d'ailleurs martelé qu'il avait hérité de son prédécesseur un déficit d'un billion de dollars, notamment attribuable à deux guerres « payées par carte de crédit », deux périodes successives de baisses d'impôt et une crise économique d'envergure.

Affrontement sur la réforme de la santé

Premier à parler dans le segment sur la santé, Mitt Romney est rapidement passé à l'attaque en critiquant la réforme fédérale promulguée par son rival en 2010, affirmant qu'elle était coûteuse, qu'elle nuisait aux familles et qu'elle avait mené à des coupes dans Medicare, le programme destiné aux personnes âgées.

Promettant d'abroger rapidement l'« Obamacare » s'il était élu, il a accusé le président d'avoir gaspillé ses énergies à faire adopter sa réforme contestée de la santé plutôt que de tenter de relancer l'économie.

Barack Obama a répliqué que son administration avait élaboré la réforme de la santé, politique phare de son premier mandat, tout en travaillant à créer des emplois. La réforme a notamment contribué à aider des Américains déjà malades à bénéficier d'un régime d'assurance maladie, a-t-il ajouté.

Il a au passage vanté la réforme adoptée par l'ancien gouverneur du Massachusetts, réputée comme étant le modèle de l'« Obamacare ». « L'ironie, c'est que nous avons vu ce modèle fonctionner vraiment bien au Massachusetts », a-t-il dit.

Un moment décisif de la campagne

À la traîne dans les sondages, malmené par les plus conservateurs de son camp, particulièrement au cours des dernières semaines, Mitt Romney devait jouer son va-tout. Plusieurs analystes faisaient d'ailleurs valoir que la pression était plus grande pour lui.

S'il ne tire de l'arrière que par 3 ou 4 points de pourcentage à l'échelle nationale, le candidat républicain accuse un retard plus marqué dans les États pivots où se jouera la présidence. Ses collaborateurs avaient prédit que le débat de mercredi soir donnerait un nouvel élan à sa campagne.

Fort de l'expérience acquise au cours de quelque 20 débats auxquels il a participé pendant la saison des élections primaires du Parti républicain, Mitt Romney a, à tout le moins, eu l'avantage sur son rival, selon plusieurs observateurs. S'il n'a pas mis hors de combat Barack Obama, qui regardait souvent ses notes, il a néanmoins semblé plus percutant. Par moments, il a même coupé le candidat démocrate et enterré l'animateur du débat, le journaliste du réseau PBS Jim Lehrer.

Malgré tout, les échanges se sont déroulés sur un ton courtois, qui contrastait avec l'animosité qui a marqué la dynamique entre les camps républicain et démocrate ces dernières années.

Barack Obama a de son côté manqué plusieurs occasions de relever les faiblesses de son rival, que son équipe de campagne n'a pourtant pas manqué de souligner ces derniers mois. Par exemple, la mise en ligne récente d'une vidéo montrant Mitt Romney, filmé à son insu, concédant au président sortant le vote de 47 % des électeurs, qu'il a qualifiés de « victimes » et « dépendants » d'une aide de l'État, a donné des munitions au camp démocrate. Étonnamment, le président ne l'a pas mentionné, pas plus qu'il n'a présenté son rival comme un multimillionnaire peu sensible aux préoccupations de l'Américain moyen.

Le duel s'est ouvert sur un ton léger, Barack Obama souhaitant un joyeux anniversaire de mariage à son épouse, Michelle. Il y a exactement 20 ans, a-t-il dit, il est devenu « l'homme le plus chanceux sur Terre » quand elle a accepté de l'épouser. Il lui a promis que l'an prochain, tous deux ne célébreraient pas leur anniversaire « devant 40 millions de personnes ».

Le candidat républicain a félicité le couple Obama. « Je suis sûr que c'est l'endroit le plus romantique que vous pouviez imaginer, ici avec moi », a-t-il blagué.

Les deux hommes disposaient d'une heure trente pour séduire les électeurs, qui s'annonçaient nombreux devant leurs téléviseurs. La confrontation devait être regardée par au moins une cinquantaine de millions de téléspectateurs américains en plus de ceux qui l'ont suivie sur Internet.

Il s'agit de la 10e ronde de débats présidentiels depuis le tout premier duel télévisé, en 1960. Il n'y a eu que deux occasions où le candidat qui était à la traîne dans les sondages avant les débats a remporté la présidentielle.

En 1960, le président républicain Richard Nixon, qui se remettait d'une opération au genou, transpirait tellement au cours du débat que les observateurs estiment que cela lui a coûté la présidence, remportée par le démocrate John F. Kennedy. Quarante ans plus tard, le républicain George W. Bush avait pu marquer des points au détriment du vice-président sortant, Al Gore, après leur série de duels, même s'il avait ultimement remporté la présidence avec moins de votes que son rival.

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sophie-helene.lebeuf@radio-canada.ca

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