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Critique: La force Jack White

La force Jack White
Agence QMI

Guitariste de génie qui transforme presque tout en propositions artistiques plus que respectable, Jack White est devenu une référence incontournable dans l'univers pourtant très riche de la musique américaine. Après le duo de Detroit les White Stripes (avec la batteuse Meg White), The Raconteurs (étonnant), Dead Weather (avec notamment la chanteuse Alison Mosshart, des Kills) et des tonnes de collaborations éclectiques, voilà que le prolifique touche-à-tout arrivait enfin à Montréal mardi soir avec un premier projet solo bien à lui, l'album Blunderbuss.

Monument contemporain de la musique rock, l'intraitable du blues ravageur et suintant n'a besoin que d'une seule chose pour satisfaire pleinement son public, souvent conquis d'avance: avoir envie de jouer dans une grande salle. On le sait, l'imprévisible homme de 37 ans a parfois tendance à préférer les concerts spéciaux, dédiés aux véritables amateurs... Son comportement lors d'un récent concert au Radio City Music Hall de New York en est la preuve éloquente : après 50 minutes de spectacle, le guitariste a quitté la scène sans donner d'explications. Bon, il s'est repris le lendemain en jouant quelque 85 minutes.

Qu'à cela ne tienne, c'est un Jack White heureux qui s'est présenté sur les planches d'une Olympia montréalaise paquetée de passionnés. Sans grands artifices (on parle autant de la mise en scène, qui se résume à trois grandes banderoles blanches qui décoraient le mur arrière, probablement en référence aux White Stripes et au Jack White III comme il aime se faire souvent appeler ces temps-ci, que de son dialogue très limité avec l'audience), il a propulsé haut et fort une vingtaine de chansons en 90 minutes de concert.

Et pour le séjour dans la métropole québécoise, ce sont les garçons musiciens qui ont été les élus de Jack White, le chanteur trimbalant en tournée deux groupes de musiciens de sexe opposé : il peut ainsi alterner entre joueurs féminins (les Peacocks) et masculins d'une prestation à l'autre, selon ses humeurs du moment.

Haut calibre

Vers 21 h 10, première salve de guitare électrique. Le chanteur, cheveux noirs bouclés sur visage pâle, faisait cracher les premières notes de sa Telecaster bleue poudre. Autour de lui, les violons, slide guitare, piano droit, clavier, batterie, basse, contrebasse et harmonica se déchaînent également avec énormément de savoir-faire. En quelques minutes, on constate que les musiciens sont de très haut calibre. Devant ses caisses, le batteur n'entend pas prendre une seconde de répit. Attitude qu'il conservera d'ailleurs tout le long du concert.

Après les 10 premières minutes, le défoulement rock est absolu et les spectateurs en redemandent à chaque transition. Déjà, on remarque que Jack White est à l'aise sur scène et qu'elle lui appartient. Il va et vient de tous les côtés, dansant (il ne faut pas voir ici de grands déhanchements du bassin) avec ses guitares acoustiques, steal et électrique, qu'il alterne au besoin et assez régulièrement.

À Top Yourself (Raconteurs), c'est la première grosse force de frappe. L'introduction est superbe. Les mélodies sont quant à elles plus près du blues que sur l'album, mais le rendu n'en est pas nécessairement moins rageur. Quelques courts passages dans la pièce donnent une seconde pour respirer. Le temps nécessaire du moins pour permettre au violon de prendre plus de place et offrir de très belles lignes mélodiques. À travers de magnifiques ambiances et d'ingénieux arrangements, Jack White et sa bande s'amusent à varier le rythme. Au final du morceau, on ne peut que constater que cette performance est époustouflante.

Du neuf et des incontournables

Pour adoucir de temps à autres ce concert assez décoiffant, le guitariste-chanteur (il jouera même un peu de piano avec habileté) ponctuera la soirée de quelques chansons teintées de country-folk-blues comme Hotel Yorba, de l'excellent album White Blood Cells (2001), de son ancienne formation White Stripes.

Dans une atmosphère de rock lourd assumée, Jack White aura joué une dizaine de ses nouvelles compositions issues de son disque Blunderbuss (la chanson titre, Missing Pieces, Freedom at 21, Hypocritical Kiss ou la festive I Should Go To Sleep).

Pour le reste, on aura eu droit à une version revigorée de la chanson You know That I Know, de Hank Williams en plus d'incursions variées dans le répertoire de ses autres formations antérieures : The Raconteurs (la puissante Broken Boy Soldier), Dead Weather (I Cut Like a Buffalo) et bien entendu les White Stripes avec We're Going To Be Friends ou encore l'éternelle Seven Nation Army, envoyée en fin de concert avec des lignes de basses et de guitares électriques très pesantes.

Musique forte pour un fort créateur.

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