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Grève étudiante: le blogueur Pierre-Luc Brisson publie l'essai Après le printemps

Après le printemps, que restera-t-il du conflit étudiant?
Courtoisie

C’est à force de signer des billets à propos de la crise étudiante, sur son blogue du Huffington Post Québec, que l’idée d’un livre sur le conflit étudiant a germé dans l’esprit de Pierre-Luc Brisson.

«Je sentais que derrière ces billets-là, il y avait un fil conducteur. Et que je ne pouvais pas aller au bout de cette logique-là en une page et demie», explique l’ancien attaché politique et militant souverainiste.

En résulte Après le printemps, un court essai d’une centaine de pages. Pierre-Luc Brisson, signataire de la lettre des 50 jeunes contre la gouvernance souverainiste en 2010, tente d’aller au-delà de la question des droits de scolarité.

«J’ai peur qu’on dise : la hausse est annulée, c’est donc réglé. Or, la grève étudiante a mis en relief des problèmes structurels au niveau politique et des institutions, au niveau des médias, et en ce qui a trait à la mission, la vocation et le contenu de l’université. Et ces problèmes demeurent.»

«L’idée de ce livre, c’est : on a tapé sur des casseroles, on s’est amusé. Mais maintenant, quelle est la prochaine étape?»

En ce sens, il espère que le sommet sur l’éducation promis par Pauline Marois ne s’en tiendra pas qu’à la question du financement. «D’une part, je ne suis pas sûr que le réseau soit sous-financé. De l’autre, il y a des défis beaucoup plus grands.»

Une nécessaire réforme des institutions

Pierre-Luc Brisson, lui-même étudiant aux cycles supérieures en histoire et en études classiques, a été à la fois surpris et fasciné par ce qu’on a ensuite qualifié de Printemps érable. «On croyait tous au début que la grève ne donnerait rien, moi le premier. Or, on est 9 mois plus tard, et la hausse est annulée.»

Comme il l’explique dans son essai, d’autres groupes, comme les écologistes, se sont aussi greffés aux revendications étudiantes, faisant du mouvement un catalyseur des contestations à l’égard du gouvernement Charest.

Mais en filigrane, le conflit a surtout mis en relief la nécessité de réformer les institutions démocratiques, une promesse maintes fois faite – et trahie – par les partis politiques.

«Il est évident que les structures actuelles de l’État ne permettent pas de se faire entendre et de modifier les choses. Prenons l’exemple de la commission d’enquête sur la construction : pendant un an et demi, malgré une pression constante, le gouvernement a refusé de déclencher une enquête. Et il lui était tout à fait légitime de le faire dans l’ordre actuel des structures.»

Selon lui, des mécanismes comme les controversés référendums d’initiative populaire (RIP) proposés par le PQ pourraient être une des solutions. «Il est dommage que les RIP n’aient servi que d’épouvantail à souveraineté. Et si on avait forcé le gouvernement à tenir un référendum sur le déclenchement d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction?» demande-t-il.

Autre demande de longue date : l’ajout de proportionnalité dans le mode de scrutin. Le dernier scrutin a de nouveau illustré le dysfonctionnement, alors que la CAQ se retrouve avec 19 députés malgré un vote populaire presque aussi important que le PQ et le PLQ.

«Les gens aiment les gouvernements minoritaires parce qu’ils ont l’impression qu’ils sont forcés de faire des compromis avec l’opposition, rappelle Pierre-Luc Brisson. Ce serait de leur montrer qu’avec une réforme, ça deviendrait perpétuel.»

Enfin, il estime que la grève étudiante a aussi fait ressortir l’abandon de l’engagement au sein des partis, surtout sur le plan financier. «Qui aujourd’hui donne 100 ou 200 $ à un parti? Si les citoyens refusent de participer, en argent ou en militantisme, évidemment que les partis iront chercher l’argent ailleurs.»

Selon Pierre-Luc Brisson, tant le PQ que les autres partis auraient intérêt à abandonner leur frilosité face aux réformes des institutions. «C’est à l’avantage de tous les partis, parce qu’un revirement d’opinion peut arriver à n’importe qui.»

Et le moment est idéal. «Quand évoquait-on auparavant, par exemple, la marchandisation des services publics? Et aujourd’hui, qui défend le modèle québécois mis en place par les boomers – qui eux en ont profité? Ce sont leurs enfants! Jamais n’a-t-on eu de débats aussi pertinents au Québec que depuis les derniers six à huit mois.»

Après le printemps, Pierre-Luc Brisson, Éditions Poètes de Brousse, Collection Essai Libre, 2012.

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