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M-312: la Fédération des femmes du Québec demande la démission de Rona Ambrose

La Fédération des femmes du Québec demande sa démission
CP

OTTAWA - Au lendemain du vote de la ministre de la Condition féminine en faveur d'une motion touchant les droits du foetus, la pression s'accentue pour que Rona Ambrose cède sa place, avec la multiplication de pétitions et de sorties publiques réclamant sa démission.

Parmi ceux qui n'ont pas digéré le choix de Mme Ambrose, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) mène le bal. «Elle a de toute évidence refusé de défendre un droit fondamental des femmes, et à cet égard-là, elle n'est pas compétente pour assumer son rôle», a expliqué la président de la FFQ, Alexa Conradi, en entrevue.

Mme Ambrose a voté mercredi en faveur de la motion M-312 du député pro-vie Stephen Woodworth, qui souhaitait mettre sur pied un comité chargé d'informer la Chambre sur le moment où un foetus devient «un être humain». De l'avis de Mme Conradi, il s'agissait-là d'une tentative pour débattre de l'avortement et évoquer un retour à sa criminalisation.

«Le fait que (Mme Ambrose) ait voté en faveur nous amène à avoir perdu complètement confiance qu'elle puisse défendre les intérêts et les droits des femmes», a-t-elle tranché.

Même s'il niait que M-312 concernait l'avortement, M. Woodworth lui-même convenait que sa motion aurait pu éventuellement mener à la réouverture de ce débat.

La motion a été défaite 203 contre 91. Mais le vote de pas moins de 10 ministres — dont plusieurs influents au sein du cabinet — en faveur de cette initiative en a surpris plus d'un. Le premier ministre Stephen Harper avait annoncé qu'il voterait contre la motion de son député, mais avait laissé à ses députés le soin de voter comme bon leur semble.

Outre Mme Ambrose, le ministre de l'Immigration Jason Kenney, le leader du gouvernement à la Chambre Peter Van Loan, le ministre du Commerce international Ed Fast et celui de la Coopération internationale Julian Fantino figurent parmi les ministres avec des portefeuilles importants qui ont également voté en faveur de M-312.

Peu d'explications

La ministre n'a pas voulu s'adresser aux journalistes pour expliquer son vote, mais elle a répondu à une question d'une internaute la questionnant sur son choix en évoquant les avortements sélectifs.

«En tant que femme canadienne, je suis très perplexe par votre vote aujourd'hui, expliquez s'il-vous-plaît», a demandé une abonnée de Vancouver sur Twitter.

«J'ai de façon répétée soulevé la question de la discrimination faite aux filles par l'avortement sélectif: une loi n'est pas nécessaire, mais nous avons besoin d'une prise de conscience!», a répondu Mme Ambrose.

Elle n'a cependant pas repris cet argumentaire en Chambre, lorsque le Bloc québécois lui a demandé s'il elle entendait démissionner.

«C'est intéressant que ce soit la première question que j'aie reçue concernant le dossier de la Condition féminine cette année (...). Et vous savez pourquoi, M. le président? C'est parce que ce gouvernement a un bilan incroyable pour défendre les femmes et les filles canadiennes», a ironisé Mme Ambrose.

Le chef bloquiste, Daniel Paillé, a confié pour sa part ne pas comprendre pourquoi sa formation était la seule à exiger la tête de la ministre. «Elle devait prendre la cause des femmes au Canada et, carrément, hier elle a bafoué, elle a trahi les femmes du Canada», s'est-il désolé.

Même s'ils sont surpris par le vote de la ministre, les néo-démocrates et les libéraux ne vont pas jusqu'à réclamer sa démission.

À Québec, la ministre Agnès Maltais a de son côté jugé que la ministre Ambrose devait fournir plus d'explications sur son geste.

«Quand le principal porteur du dossier vote contre l'avancement de l'égalité, contre les droits des femmes, il faut qu'elle s'explique. Elle ne peut pas se réfugier derrière le titre de députée, elle est ministre», a soutenu Mme Maltais, exhortant Mme Ambrose à «clarifier la situation» au plus tôt.

La ministre de la Condition féminine n'a pas retourné les appels de La Presse Canadienne.

Autre motion

Quant à M. Woodworth, même si sa motion a été battue, il refuse de baisser les bras. «Cette question n'a jamais été close. Ce n'est pas clos maintenant et ce ne le sera jamais, si nous, au Parlement, continuons collectivement à nous cacher la tête dans le sable», a-t-il soutenu.

Et comme de fait, un autre député pro-vie d'arrière-ban, Mark Warawa, a fait savoir jeudi qu'il avait déposé une nouvelle motion remettant le sujet sur le tapis.

La motion M-408 du député de Langley, en Colombie-Britannique, appelle la Chambre à «condamner la discrimination contre les femmes qui survient lors d'interruption de grossesse liée à la sélection du sexe» de l'enfant.

Les avortements sélectifs sont un phénomène répandu dans certaines régions du monde, mais selon M. Warawa, des études ont démontré qu'ils existaient aussi au Canada.

Les partis d'opposition n'ont pas voulu confirmer comment ils se prononceront lorsque viendra le temps de soumettre cette nouvelle motion au vote.

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