Candidat péquiste défait dans Gouin le 4 septembre, Nicolas Girard sera nommé président-directeur général de l'Agence métropolitaine de transports (AMT), par un décret que doit adopter dès aujourd'hui le gouvernement Marois.

Selon les informations obtenues par La Presse, la nomination de M. Girard était convenue avec Mme Marois dès le lendemain de sa défaite aux mains de la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David. André Lavallée, ex-maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, responsable du plan de transport 2008 de la Ville de Montréal, a exercé un puissant lobby pour obtenir le poste. Il aura un prix de consolation.

La direction de l'AMT est une récompense de choix - près de 200 000$ - qu'on voudra justifier par deux facteurs. Nicolas Girard connaît les transports puisqu'il a été porte-parole de l'opposition pour ce dossier à l'Assemblée nationale. De surcroît, le poste est techniquement à pourvoir. Paul Côté, ancien patron de VIA Rail au Québec, avait été nommé par intérim au début de 2012, après le départ de Joël Gauthier. M. Côté a soutenu hier n'avoir rien entendu quant à un remplacement imminent. Même commentaire laconique de Pierre-Luc Paquette, porte-parole de l'AMT, pourtant un très bon ami de Nicolas Girard.

La nomination partisane fera à coup sûr grincer des dents du côté de l'opposition, tant libérale que caquiste. En 2003, le choix du gouvernement Charest, Joël Gauthier, avait provoqué une levée de boucliers, car M. Gauthier arrivait directement de son poste de directeur du Parti libéral du Québec.

En revanche, cette nomination sera bien reçue par les militants péquistes. Plusieurs jugeaient un peu injuste que M. Girard, un des députés les plus efficaces dans l'opposition, ait à disputer sa circonscription à Françoise David, qui bénéficiait d'une visibilité importante en campagne électorale. On s'attend à ce que M. Girard revienne en politique, dans une autre circonscription, à la première occasion.

L'arrivée de l'ancien porte-parole en matière de transports à l'AMT le placera dans des situations délicates. Déjà, M. Girard a plusieurs fois réclamé que le vérificateur général du Québec mette son nez dans les livres de l'AMT, pour expliquer les dépassements de coûts importants des derniers projets, en particulier «du fiasco libéral du train de l'Est».

M. Girard avait promis beaucoup d'argent à la Société de transport de Montréal au détriment des trains de banlieue et des voies réservées dans le 450.

Le printemps dernier, il avait rappelé que le train de l'Est devait coûter 300 millions et être en fonction en 2008. La Presse avait révélé que le coût du projet avait doublé par rapport à 2006 parce que l'AMT avait trop tardé à exproprier les terrains nécessaires. Certains propriétaires ont toujours des litiges avec l'AMT sur la vente de leur terrain.

M. Girard devra aussi composer avec ses engagements comme porte-parole à l'égard du train de l'Ouest. Au lendemain des élections, le groupe de citoyens qui militait pour ce projet était déçu de la défaite de M. Girard aux élections générales, parce qu'il s'était dit favorable au projet.