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Les manifestations contre le film islamophobe font au moins 17 morts au Pakistan

Au moins 17 morts au Pakistan
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PESHAWAR, Pakistan - De violentes manifestations ont fait au moins 17 morts au Pakistan vendredi, alors que le gouvernement avait décrété une «Journée d'amour du prophète» pour encourager les marches pacifiques contre le film islamophobe tourné aux États-Unis et les caricatures de Mahomet publiées en France. Des drapeaux américains et des effigies du président américain Barack Obama ont été brûlés dans plusieurs autres pays.

Au moins 47 personnes ont perdu la vie dans sept pays depuis le début des manifestations contre le film «Innocence of Muslims» le 11 septembre, dont l'ambassadeur des États-Unis en Libye.

Au Pakistan, des responsables policiers et médicaux ont fait état de 12 morts et 82 blessés vendredi à Karachi, la capitale économique et plus grande ville du pays, de cinq morts et 60 blessés à Peshawar et de 45 blessés à Islamabad, la capitale.

À Karachi, la police a affronté une foule de 15 000 personnes, dont certaines étaient armées, selon le policier Ahmad Hassan. Deux cinémas et une banque ont été incendiés.

À Peshawar, la police a repoussé à coups de matraque et de gaz lacrymogènes des dizaines de milliers de personnes qui exigeaient l'exécution de l'auteur du film islamophobe, Nakoula Basseley Nakoula. Plus tôt dans la journée, la police avait tiré sur des émeutiers qui ont incendié trois cinémas et la chambre de commerce, endommageant aussi des commerces et des véhicules.

À Islamabad, la police a affronté plus de 10 000 manifestants qui lançaient des pierres, tirant des gaz lacrymogènes et des coups de semonce pour les empêcher de marcher vers le quartier abritant l'ambassade des États-Unis et d'autres missions étrangères. Des heurts se sont aussi produits à Lahore.

Dix-neuf personnes ont été tuées en près d'une semaine de troubles dans le pays. La plupart des rassemblements étaient organisés par des groupes islamistes radicaux et ont relativement peu mobilisé la population pakistanaise, qui compte 190 millions de personnes.

Le gouvernement pakistanais avait décrété une «Journée d'amour du prophète» pour encourager les manifestations pacifiques. Les autorités avaient également bloqué le réseau de téléphonie mobile dans une quinzaine de grandes villes pour empêcher le déclenchement de bombes à distance, selon un responsable du ministère de l'Intérieur ayant requis l'anonymat.

La police a empilé des conteneurs vendredi pour protéger l'enclave diplomatique abritant l'ambassade des États-Unis, d'autres missions étrangères et des services du gouvernement à Islamabad.

L'ambassade des États-Unis a dépensé 70 000 $ US pour faire diffuser à la télévision pakistanaise des publicités sous-titrées en ourdou, reprenant des déclarations du président Barack Obama et de la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton dénonçant le film «Innocence of Muslims», qui présente Mahomet, le prophète de l'islam, comme un imposteur, un coureur de jupons et un pédophile.

Mais le premier ministre pakistanais, Raja Pervaiz Ashraf, a appelé la communauté internationale à adopter des lois interdisant d'insulter le prophète Mahomet.

«Une attaque contre le prophète sacré est une attaque contre les croyances intimes d'un milliard et demi de musulmans», a-t-il déclaré. Il a fait la comparaison avec le négationnisme du génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, illégal dans des pays comme l'Allemagne ou la France, mais pas aux États-Unis.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a convoqué le chargé d'affaires américain à Islamabad pour protester contre le film. Le Pakistan a bloqué l'accès à YouTube car le site refusait de retirer la vidéo controversée.

Des manifestations contre le film et les caricatures publiées mercredi par l'hebdomadaire satirique français «Charlie Hebdo» se sont aussi déroulées après la grande prière du vendredi dans plusieurs autres pays, notamment en Irak, au Sri Lanka, au Bangladesh, en Afghanistan, au Liban et en Allemagne.

Étant donné le climat de tension actuel, le ministère allemand de l'Intérieur a annoncé le report d'une campagne d'affichage contre l'islamisme radical visant les jeunes en allemand, en turc et en arabe. L'Allemagne compte environ quatre millions de musulmans.

Au Cachemire indien, la police a imposé un couvre-feu toute la journée dans certains quartiers de Srinagar et dispersé des manifestants contre le film. Les autorités de la région ont temporairement bloqué l'accès au réseau de téléphonie mobile et à Internet pour empêcher le visionnement d'extraits du film.

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a pour sa part dénoncé le film et les caricatures, qualifiant d'«imposture» le fait qu'«en réponse aux insultes les plus horribles au messager divin, ils (l'Occident) invoquent la liberté d'expression».

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