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David Jalbert: un chanteur trop poli avec un nouvel album (ENTREVUE/VIDÉO)

David Jalbert: un chanteur trop poli (ENTREVUE/VIDÉO)
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Après Des histoires (2008) et Le journal (2010), écoulés respectivement à 25 000 exemplaires, le chanteur québécois David Jalbert vient tout juste de laisser paraître son troisième album intitulé Y'a pas de bon silence. Un rendu bien fait, poli, certes, mais des arrangements et des textes mièvres qui manquent visiblement de relief et d'authenticité.

«Ce qui me nourrit aujourd'hui, c'est le rêve d'être un auteur avant tout», raconte Jalbert quelques jours avant le lancement de son disque, qui a eu lieu mardi soir au National, à Montréal. «J'adore la responsabilité de l'écriture. J'aime faire la différence dans la vie de quelqu'un. Il y a toujours un peu d'humour, mais cet album est plus profond que les deux précédents. Je parle de choses plus lourdes comme l'absence (Y'a pas de bon silence), le deuil, la déception. Pour le reste, heureuses ou tristes, j'aime raconter des histoires.»

Effectivement, l'auteur-compositeur-interprète de Mascouche se plaît à visiter le passé (Des victimes du temps), comme son enfance, pour en dénicher des thèmes rassembleurs. On pense à la chanson Hey Jack, dédiée à son fils Jacob (il a deux autres enfants).

Personnel, vraiment?

Coréalisé avec Jeff Grenier, l'encodé se voulait plus près de l'homme de 32 ans, qui s'est dit vouloir partager encore une fois le langage du peuple, mais avec davantage d'aplomb et d'assurance: «Sur les deux premiers disques, je m'éparpillais beaucoup et c'était très grand public. C'est encore du folk pop teintée de country, une musique du cœur, de bord de feu, mais plus champ gauche, moins dans la facilité, par exemple avec la pièce Petit à petit. J'avais envie de m'éloigner de la musique "fastfood".»

«Je pense que c'est plus personnel aussi, poursuit-il. J'ai pris mon temps (la production a nécessité un an) pour fouiller dans les détails. On a essayé plein de façons de créer des textures durant l'enregistrement; frapper sur des clous, des pelles, pour ajouter des couches à la matière.»

Avec cet «exutoire romancé» qu'est la chanson, Jalbert, malgré toutes ses ambitions, propose un univers très populaire et sans grande originalité. «J'avais envie de me laisser aller pour ce troisième album, j'aime être imprévisible», a-t-il pourtant affirmé en entrevue. Malheureusement, il semble avoir beaucoup étouffé cette autre personnalité, plus sombre, qui l'habite.

De la révolte à la tranquillité

C'est comme si l'ancien joueur de punk, anciennement révolté de presque tout, était tombé dans l'autre extrémité, celle de la gentillesse débordante, aboutissant en une musique propre, sentimentaliste et doucereuse. Ce ne sont pas les textes qui font nécessairement défaut, mais plutôt l'approche. Ça manque de «chien» et de personnalité au niveau des arrangements et de la performance. La voix s'apparente trop à celle des dizaines de jeunes artistes qui inondent les ondes radiophoniques privées... pour disparaître aussitôt l'année suivante.

David Jalbert n'est pas complètement à côté pour autant. C'est un produit trop léché, soit, mais c'est quand même livré avec savoir-faire. Les paroles, quant à elles, sont somme toute assez pertinentes. L'amour, l'espoir, la spiritualité, la paternité, le partage sont des sujets forts. Pour ce qui est du jeu des instruments, il est assez bien livré. Mais il existe un décalage entre la qualité de l'exécution et le sentiment qui s'en dégage à l'écoute. Elle nous parvient, mais nous atteint trop peu.

Les musiciens (dont Pascal Andrus à la basse, Jeff Grenier à la guitare et aux claviers, Sylvain Quesnel à la lapsteel, Alain Quirion à la batterie, ou encore Jeff Smallwood à la guitare acoustique et banjo) auraient certainement bénéficié de cette rage de vivre que transporte, de toute évidence, le jeune chanteur que nous avons rencontré avec grand plaisir. Il a beaucoup à dire, et souvent à cœur ouvert. Difficile de douter de la sincérité de l'homme. Il faudrait peut-être que celui-ci ait une bonne discussion avec l'artiste...

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