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Charlie Hebdo rejoue la caricature de Mahomet

Charlie Hebdo rejoue la caricature de Mahomet

Avant même la parution, mercredi, des caricatures du prophète de l'islam Mahomet dans l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, plusieurs ministres français se sont déjà exprimés pour « condamner » l'initiative, tout en insistant sur la notion de la liberté d'expression.

La publication de ces caricatures survient à un moment particulièrement électrique après la diffusion sur Internet des extraits du film islamophobe L'innocence des musulmans, qui a soulevé une vague de protestation dans le monde musulman.

En France, 152 arrestations ont eu lieu samedi à la suite d'une tentative de manifestation de protestation de quelque 200 personnes devant l'ambassade des États-Unis, à Paris.

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault en a appelé à « l'esprit de responsabilité de chacun », sans faire explicitement référence à Charlie Hebdo ou aux manifestants.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui se trouve dans la capitale égyptienne, s'est empressé de déclarer que le gouvernement n'encourageait en aucun cas ce genre de provocation, même s'il respecte la liberté de la presse.

« Je ne vois pas du tout l'utilité quelconque d'une provocation et même je la condamne. En même temps, je respecte la liberté d'expression », a-t-il dit sur une chaîne de télévision française.

Les dessins de Charlie Hebdo montrent le prophète dans des positions osées en quatrième de couverture. En une du journal, un dessin montre un juif orthodoxe pousser une chaise roulante sur laquelle est assis un musulman avec une bulle qui leur fait dire : « Faut pas se moquer ! ».

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a qualifié le contenu du journal de « une véritable provocation ».

Il s'agit d'une « véritable incitation à l'exacerbation des tensions qui règnent actuellement dans le monde, mais aussi dans notre pays », a-t-il déclaré.

De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé mardi sa « profonde consternation ». Mohammed Moussaoui, président du CFCM, a lancé « un appel pressant aux musulmans de France à ne pas céder à la provocation », ajoutant que « rien ne peut justifier l'insulte et l'incitation à la haine ».

S'exprimant sur les ondes de la radio RTL, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, Charb, a reconnu que les caricatures pouvaient faire « polémique ». Mais sur une chaîne de télévision, Charb s'est interrogé : « La liberté de la presse est-elle une provocation ? ».

« Je n'appelle pas les musulmans rigoristes à lire Charlie Hebdo, comme je n'irais pas dans une mosquée pour écouter des discours qui contreviennent à ce que je crois », a-t-il déclaré.

Récidive

En 2006, le journal avait déjà été attaqué en justice après avoir publié des caricatures du prophète Mahomet que le journal danois Jyllands-Posten avait publié à l'origine et qui avaient soulevé une vague d'indignation dans le monde musulman.

Il a par la suite gagné ses procès en première instance puis en appel.

En novembre 2011, le local du journal avait été incendié et son site Internet avait été piraté le jour de la sortie d'un numéro spécial intitulé « Charia hebdo ».

Appels à manifester

Deux appels distincts sont diffusés sur Internet, l'un pour un nouveau rassemblement à Paris samedi prochain, et l'autre pour reproduire la même initiative à Toulouse, Marseille ou Lille, selon le site Islam en France.

« Il ne faut pas accepter ces manifestations. Si c'est le cas, la manifestation sera certainement interdite », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé avoir donné des instructions pour que des manifestations semblables à celle de samedi dernier ne se reproduisent pas.

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