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Commission Charbonneau: infiltration du crime organisé dans la construction

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MONTRÉAL - À la reprise des travaux de la Commission Charbonneau, lundi, la juge France Charbonneau a indiqué que les audiences de l'automne porteront sur les mécanismes d'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction.

La commission entendra notamment des témoins qui rapporteront comment divers contrats de construction de trottoirs, d'égouts et d'asphalte ont été octroyés à Montréal.

«Ces témoins indiqueront de quelle façon des entreprises oeuvrant dans ce secteur se sont réparti des contrats, de quelle façon des fonctionnaires de la Ville auraient été soudoyés et comment une partie de l'argent aurait été recueilli pour des partis politiques municipaux», a relaté la présidente de la commission, dans son allocution d'ouverture pour la reprise des travaux après l'ajournement de l'été.

Certains témoins évoqueront le nom d'élus de Montréal et Laval, a prévenu la juge Charbonneau, qui a mis la table pour les mois d'audiences à venir de la commission.

À la fin de l'automne et au début de 2013, la commission s'attardera au monde syndical de la construction, sous le même angle de la possible infiltration de syndicats légitimes par des organisations criminelles.

«La violence et l'extorsion présentes sur certains chantiers de construction retiendront aussi notre attention», a noté la juge Charbonneau.

Elle a précisé que des enquêtes pour la commission étaient en cours sur la Côte-Nord, en Abitibi, à Trois-Rivières, en Estrie et à Québec.

La commission a reçu «tout près de 1650 appels, courriels, lettres et télécopies provenant des différentes régions du Québec» et ayant trait aux sujets qui seront traités devant elle, a précisé la juge Charbonneau.

«Au fil des témoignages, vous constaterez rapidement que le crime organisé n'attaque pas le système; il l'utilise. Il exploite ses vulnérabilités. Il saisit les opportunités; il ne les crée pas», a résumé la procureure de la commission, Sonia Lebel, qui a livré un bref exposé après la juge Charbonneau.

«L'infiltration et le rôle de l'économie légale peut prendre plusieurs formes. Pour plusieurs acteurs du système, les liens avec le crime organisé, le partage des contrats, les ententes, les cadeaux ne sont en fait que les façons de faire des affaires. Ce qu'il faut comprendre et combattre, c'est ce processus de normalité qui s'est installé, cette impression de ne pas pouvoir faire autrement, consentant ou non», a conclu Me Lebel.

Paix syndicale et placement

L'auteur d'un ouvrage sur les relations de travail dans l'industrie de la construction au Québec, Louis Delagrave, a ensuite témoigné sur l'historique des syndicats, des associations d'employeurs et des négociations. Il en ressort que des tensions ont presque toujours existé entre les différents syndicats de la construction.

M. Delagrave a admis que depuis que la négociation des conventions collectives dans la construction s'effectue par secteur _ industriel, par exemple, ou voirie et génie civil _ entre les associations patronales et syndicales, soit depuis 1995, «on peut clairement dire que ça va bien sur le plan des relations de travail» au Québec.

«Si on regarde les statistiques sur les arrêts de travail dans la construction, le Québec se compare avantageusement aux autres provinces. On peut dire qu'on est dans une paix syndicale qu'on n'a pas connue... Pendant les années 1970 on était le mauvais élève, maintenant dans les années 1990 et depuis les négociations sectorielles, il n'y a pas eu de grande grève», a-t-il témoigné.

Par ailleurs, M. Delagrave s'est trouvé à confirmer les dires des deux principales organisations syndicales de la construction _ la FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) _ qui ont toujours soutenu que le placement syndical ne concernait en fait qu'une proportion limitée de cas. La nouvelle loi 33 interdira le placement syndical de main-d'oeuvre.

«Le placement syndical _ l'enquête a été faite en 1978 _ n'est que de 12 ou 15 pour cent de la main-d'oeuvre. Et c'est dans certains métiers en particulier, industriels», a précisé M. Delagrave.

Dans la majorité des cas, les embauches se font par relation directe, c'est-à-dire un entrepreneur qui connaît déjà les ouvriers, a-t-il témoigné.

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Tony Accurso

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