MOSCOU - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi dans le centre de Moscou, pour le premier grand rassemblement depuis trois mois contre le président russe Vladimir Poutine.
«La Russie sans Poutine!», «Le gouvernement, c'est nous», ont notamment scandé les manifestants. Quelque 7000 policiers et forces du ministère de l'Intérieur étaient déployés le long du parcours de la manifestation, tandis que des hélicoptères de la police survolaient la ville.
Certains des manifestants arboraient des ballons de couleur proclamant «Liberté pour les Pussy Riot». Trois jeunes femmes membres du groupe ont été condamnées le 17 août à deux ans de camp pénitentiaire pour une «prière punk» anti-Poutine en février dans une cathédrale de Moscou.
«Il faut que tous les Russes descendent dans la rue pour montrer au régime que des changements sont nécessaires dans notre pays, sans lesquels notre pays ne peut pas évoluer», expliquait une manifestante, enseignante.
L'avocat et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, une des figures de l'opposition, a appelé à de nouvelles manifestations. «Nous devons nous rassembler, afin de gagner la liberté, pour nous et nos enfants, pour défendre notre dignité humaine. Personne ne peut nous libérer, sinon nous-mêmes, a-t-il lancé. Alexandre Chtcherbakov, un militant de l'opposition, est venu «défendre (ses) droits, dont on nous a privés. On nous a privés du droit à des élections équitables, à un gouvernement honnête».
La mobilisation samedi apparaissait semblable à celle de la «Marche des Millions» du 12 juin dernier. Lors de cette première grande manifestation depuis l'investiture le 7 mai de Vladimir Poutine, les manifestants étaient alors 120 000 selon les organisateurs et 20 000 selon la police.
Vladimir Poutine s'emploie à étouffer la contestation depuis son retour le 7 mai à la présidence, qu'il avait tenue de 2000 à 2008 avant un passage au poste de premier ministre pour cause de limitation constitutionnelle à deux mandats consécutifs à la tête du pays.
Le chef du Kremlin a promulgué le 8 juin une loi anti-manifestations qui multiplie par plus de 150 le montant de l'amende pour rassemblement non autorisé, la portant quasiment au niveau du salaire annuel moyen dans ce pays. La manifestation de samedi était autorisée par la municipalité de Moscou.
Vendredi, à la veille du rassemblement, le Parlement russe a retiré son mandat au député Guennadi Goudkov, dont l'implication dans les manifestations contre le président Vladimir Poutine avait déplu au Kremlin.
La douma (chambre basse) a voté par 291 voix contre 150 et trois abstentions l'exclusion de l'ex-colonel Goudkov, qui a appartenu aux services de renseignement soviétiques du KGB comme Vladimir Poutine. Il n'est plus protégé par l'immunité parlementaire et risque d'être arrêté, selon ses partisans.
Guennadi Goudkov a dénoncé une vengeance politique et une répression extrajudiciaire. Vice-président de la commission parlementaire de sécurité, il entretenait de bonnes relations avec de nombreux responsables russes.
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