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Motorola Solutions se plaint de favoritisme auprès de la Ville de Montréal

Contrats à Montréal: Motorola Solutions se plaint de favoritisme
FILE - In this file photo made Jan. 9, 2010, the Motorola logo is seen at the company's exhibit at the Consumer Electronics Show in Las Vegas. Motorola said Thursday, April 29, 2010, it posted an unexpected profit in the first quarter, as sales of its new phones outdid its own forecasts.(AP Photo/Paul Sakuma, file)
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FILE - In this file photo made Jan. 9, 2010, the Motorola logo is seen at the company's exhibit at the Consumer Electronics Show in Las Vegas. Motorola said Thursday, April 29, 2010, it posted an unexpected profit in the first quarter, as sales of its new phones outdid its own forecasts.(AP Photo/Paul Sakuma, file)

L'entreprise Motorola Solutions, qui a soumissionné récemment sur le plus gros contrat octroyé par la Ville de Montréal depuis celui des compteurs d'eau, estime que son unique compétiteur, la compagnie Cassidian Communications, a été injustement favorisé.

Il s'agit d'un contrat de 42,5 millions de dollars pour la première phase du futur système évolué de radiocommunication de l'agglomération de Montréal (SERAM). Le SERAM va permettre d'améliorer grandement la qualité et le volume des communications entre les policiers, les pompiers, la Société de transport de Montréal et les travaux publics, particulièrement lors des situations d'urgence.

Dans une lettre datée du 5 juin 2012 que Radio-Canada a obtenue, et qui est adressée au directeur général de la Ville de Montréal, Guy Hébert, Motorola Solutions affirme que son entreprise a respecté à la lettre les demandes de l'appel d'offres qui exigeait un système de couverture radio à 12 antennes.

Cette clause apparaissait d'ailleurs dans le cahier des charges et avait été suggérée par un expert indépendant engagé par la Ville. Mais la Ville de Montréal a plutôt accordé le contrat à Cassidian Communications, qui va déployer seulement sept antennes pour couvrir tout le territoire de la communauté urbaine de Montréal.

Selon Motorola, il est « extrêmement irréaliste » de conclure qu'avec aussi peu d'antennes, la couverture radio obtenue va satisfaire les exigences de la Ville. « Les lois de la physique s'appliquent et doivent être prises en compte », peut-on lire dans le document. Motorola Solutions ajoute que si elle avait soumissionné pour sept antennes, son prix aurait été plus bas que celui de Cassidian Communications.

Marc-André Gadoury, conseiller de Projet Montréal et membre de la commission d'examen des contrats de la Ville de Montréal, croit que le processus est conforme : « Nous avons rencontré le comité technique qui a évalué la soumission de Cassidian et ils ont répondu à toutes nos questions ». Mais dans sa plainte, Motorola rappelle que le comité technique doit faire la preuve que le système de Cassidian est performant et que cette preuve, si elle existe, n'a jamais été rendue publique.

Chez Motorola, on préfère s'abstenir de commenter l'affaire, mais le directeur régional, Marc Fluet, confirme que le document de Radio-Canada est véridique.

La Ville de Montréal défend son choix

Dans une réponse écrite, la Ville de Montréal affirme que « le processus d'évaluation a été mené de façon rigoureuse et impartiale », « qu'il n'est pas question de surseoir à l'octroi du contrat » et que même si les deux soumissions étaient conformes, Cassidian a obtenu une meilleure note (94,87 %) que Motorola (85,38 %) et que son prix était plus bas.

La Ville ajoute qu'elle n'a « pas d'inquiétudes » en ce qui concerne la performance de la couverture radio qu'offrira le réseau de sept antennes de Cassidian et que la responsabilité d'en faire la démonstration repose sur les épaules de la compagnie.

Pour sa part, Marc-André Gadoury, de Projet Montréal, croit qu'il s'agit avant tout d'une querelle d'affaires. « Petits marchés, gros contrats en jeu. Ce ne sont que deux compagnies qui se font une lutte féroce », dit-il. Il cite d'ailleurs en exemple une poursuite récente et similaire de Motorola contre Cassidian dans l'État américain du New Jersey.

Au Québec, le contentieux entre les deux entreprises ne date pas d'hier. En 2009, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a voulu se doter d'un système évolué de radiocommunication et avait choisi l'entreprise Cassidian pour réaliser le projet. Il avait rejeté Motorola pour cause de soumission non conforme. Motorola a protesté et la Ville a finalement annulé l'appel d'offres.

À l'époque, les responsables du comité technique du SPVM qui avaient sélectionné Cassidian Communications étaient Daniel Têtu et André Métivier. Les deux hommes sont maintenant à l'emploi de la Ville et ce sont eux qui ont réalisé l'évaluation technique des soumissions du projet SERAM.

Rappelons qu'au mois d'août 2011, le président du comité exécutif, Michael Applebaum, a affirmé que le projet SERAM serait étroitement suivi. « Il s'agit d'un projet majeur pour l'agglomération et il fera l'objet d'un suivi extrêmement rigoureux », avait-il averti.

D'après un reportage de Normand Grondin

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