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«Raoul» à la TOHU: James Thierrée est de retour avec un spectacle magique (CRITIQUE)

«Raoul» à la TOHU: majestueuse libération de soi!
tohu.ca

Bénis soient les Dieux, James Thierrée est de retour à Montréal! Après avoir été obligé de mettre fin à une série de représentations de Raoul, il y a deux ans, pour cause de blessure, le voilà qu’il revient nous présenter le spectacle dans lequel il agit à titre d’auteur, metteur en scène et interprète. Jusqu’au 13 septembre prochain, les amateurs de la TOHU seront les témoins de l’union entre la danse, le théâtre et le cirque, dans une atmosphère enivrante où la poésie métaphorique est aussi émouvante que surprenante.

Qu’on se le tienne pour dit: Raoul n’est pas une affaire de mots ou de fil conducteur, mais plutôt le terrain de jeu d’un artiste multidisciplinaire comme il s’en fait peu de nos jours. Nullement écrasé par le titre de «petit-fils de Charlie Chaplin» qu’il porte depuis 39 ans, Thierrée invite les spectateurs dans une fabuleuse odyssée où le réel et le magique se font la bise entre deux cascades.

Entouré de longues tiges métalliques, dont la moitié s’affaisse au sol pour nous laisser découvrir un semblant de maison, Raoul craint de sortir du cadre, de mettre le pied dehors et de quitter son confort. Alourdi qu’il est par son passé, ses souvenirs, ses vieilles habitudes, son bagage émotif et tout ce qu’un humain peut trainer de lourdeur inutile, l’homme entrevoit le début d’une quête infinie vers l’essence de ce qu’il était, de ce qu’il est et de ce qu’il pourrait devenir.

La pureté de l’innocence, l’imagination monstre, la spontanéité sans retenue, les acrobaties pas possibles, la candeur exacerbée, toutes les expressions sont bonnes pour décrire ce qui éclot sous nos yeux, tout au long du spectacle. James Thierrée nous propulse dans un lieu unique et inimitable où il engueule la musique, où il se fait bouffer par le décor, où il dort debout, où son corps se désarticule pour mieux repousser les limites de son humanité. Un endroit où un éléphant blanc côtoie une anémone vaporeuse et un poisson rouli-rampant. Une immense scène où se déroule quelque chose de beau, de rare et d’extrêmement difficile: un homme se permet d’être férocement lui-même, de se réapproprier les conventions et de se départir des idées reçues que nous avons sur la vie et sur le monde.

Malgré cet amalgame de splendeurs, il serait fort maladroit de ne pas avouer que le spectacle de James Thierrée souffre de longueurs et qu’il mériterait d’être raccourci d’au moins 35 minutes. Mais, en même temps, qui serions-nous pour critiquer un artiste qui a pris le pari de nous offrir une œuvre où la rigidité, les clichés et les contraintes sont évacués?

En ces lendemains d’attentat postélectoral, où la haine a trouvé des échos retentissants chez une frange de la population québécoise, on n’aura probablement jamais trop du lâcher-prise de Thierrée, de son humour, de sa finesse et de l’émerveillement qu’il nous balance au visage avec un enthousiasme libérateur.

Œuvre magique que voilà.

Raoul

TOHU – 4 au 13 septembre

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