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Jean Charest annonce sa démission (TWITTER/PHOTOS)

« J'annonce mon départ sans aucun regret », dit Jean Charest (TWITTER/PHOTOS)

Au lendemain de sa défaite électorale, Jean Charest a annoncé mercredi sa démission à titre de chef du Parti libéral, un poste qu'il occupait depuis plus de 14 ans et qui lui a permis de diriger le Québec pendant 9 ans.

« La grande famille québécoise s'est réunie hier pour choisir un gouvernement, et dans la foulée de cette décision, ma famille immédiate s'est également réunie pour une consultation sur notre avenir », a-t-il commencé par expliquer dans un point de presse donné à l'Assemblée nationale, au terme d'un Conseil des ministres.

« Je vous annonce une décision unanime : je quitterai mes fonctions de chef du PLQ dans quelques jours, dès que le prochain gouvernement sera formé », a-t-il poursuivi.

« J'annonce mon départ sans aucun regret. Les résultats obtenus hier ne sont pas à la hauteur de ce que nous aurions souhaité. » — Jean Charest.

« Jamais la vie ne m'aura fait plus grand honneur que celui d'agir d'abord à titre de député du comté de Sherbrooke, ce qui a rendu possible pour moi de devenir premier ministre du Québec », a-t-il évoqué. « J'ai aimé chaque jour que j'ai passé à occuper mes fonctions, incluant les jours les plus difficiles ».

« Pendant neuf ans, j'aurai brûlé d'un feu constant et j'aurai bataillé pour le succès du Québec », a-t-il ajouté. « Je l'aurai fait dans le respect de mes convictions. Je n'ai pas toujours réussi, mais il n'est pas un jour où les décisions que j'ai prises ont eu d'autres motivations que la recherche des intérêts du Québec. »

« J'aime profondément le Québec. Je crois plus que jamais en nos valeurs, en notre nation, dans ses rêves, en ses élans, autant que dans ses tiraillements et ses entêtements. » — Jean Charest.

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Jean Charest démissionne

Battu dans sa circonscription de Sherbrooke, lors d'un scrutin qui a vu le Québec élire Pauline Marois à la tête d'un gouvernement minoritaire du Parti québécois, M. Charest avait livré mardi soir un discours où il affirmait laisser « la maison en ordre ».

Soulignant l'appui donné par les électeurs aux libéraux, qui formeront l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, Jean Charest a souhaité du succès au gouvernement de Pauline Marois.

M. Charest avait d'abord parlé de l'attentat survenu au Métropolis, lors du rassemblement péquiste de mardi soir, en évoquant « un geste de folie que rien ne justifie et que rien n'explique ».

Chef du Parti libéral depuis 1998, Jean Charest en laissera donc les rênes à quelqu'un d'autre, lorsque la passation des pouvoirs aura eu lieu, dans quelques jours.

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Un long parcours

M. Charest, 54 ans, a commencé sa carrière politique à l'âge de 26 ans. Il s'est fait d'abord élire député fédéral du Parti progressiste-conservateur à l'âge de 26 ans et a été réélu trois fois. Il a été ministre d'État à la Jeunesse à 28 ans, dans le gouvernement de Brian Mulroney, en faisant le plus jeune membre d'un conseil des ministres au Canada.

Le fait marquant de sa carrière au fédéral a été son rôle quant à l'avenir de l'accord du Lac Meech. Le gouvernement de Robert Bourassa avait alors posé cinq conditions jugées minimales pour rendre la Constitution du Canada acceptable au Québec et lui permettre de la signer.

Comme l'accord de juin 1987 jugé minimal, se butait tout de même à de l'opposition dans le reste du Canada, Jean Charest avait été mandaté par Brian Mulroney pour y apporter des modifications, ce qu'il fit.

Pour plusieurs Québécois, Jean Charest est devenu responsable d'avoir tant dilué l'accord du lac Meech pour le rendre acceptable aux opposants du reste du Canada qu'il en était devenu insignifiant pour le Québec.

Lucien Bouchard laisse entendre, dans son autobiographie «À visage découvert», que c'est ce rapport du comité Charest qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et a provoqué son départ du cabinet Mulroney. De toute façon, l'accord ne fut pas ratifié par toutes les provinces avant l'échéance prévue de 1990 et devint donc caduc.

Un autre fait marquant de sa carrière fédérale est survenu lorsqu'il était ministre fédéral de la Condition physique et du Sport amateur et qu'il avait commis un impair en téléphonant à un juge pour faire pression sur lui. Il avait dû démissionner de son poste en 1990.

Réintégré au cabinet, il a également dirigé le ministère fédéral de l'Environnement à l'époque du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, ce qui lui a donné une certaine aura écologique dont il aimait encore se draper, ces dernières années. On l'a souvent entendu défendre le Protocole de Kyoto, lorsque le gouvernement de Stephen Harper, lui, s'en distanciait.

Quand Kim Campbell a succédé à Brian Mulroney, en 1993, elle l'a nommé vice-premier ministre et ministre de l'Industrie, de la Science et de la Technologie. Il n'aura occupé le poste que quelques mois avant la défaite des conservateurs.

Il a ensuite été chef du Parti progressiste-conservateur de 1993 à 1998. Aux élections d'octobre 1993, il s'est d'ailleurs retrouvé seul sur les banquettes conservatrices avec la députée Elsie Wayne.

Il s'était fait remarquer au Québec lors de la campagne référendaire de 1995, à titre de vice-président du comité du non, comme un vigoureux défenseur du fédéralisme canadien, ayant même éclipsé le chef libéral Daniel Johnson, pourtant président de ce même comité.

Mobilisé par l'appui dont il jouissait alors, Jean Charest a fait le saut en politique provinciale en devenant chef du Parti libéral du Québec en 1998. Il s'est encore fait élire comme député de Sherbrooke et est devenu chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

Il est devenu premier ministre en 2003 et son gouvernement a été réélu en 2007 (minoritaire) et 2008.

Il a tenté une réingénierie de l'État, qui n'a guère donné de résultats. Parmi ses réalisations, on note la création en 2003 du Conseil de la fédération, qui a institutionnalisé les rencontres des provinces canadiennes pour discuter d'intérêts communs.

En 2008, il s'est aussi targué d'avoir en partie réglé la question du déséquilibre fiscal entre le Québec et le gouvernement fédéral, en obtenant de ce dernier des centaines de millions de dollars, qui avaient finalement plutôt servi à réduire les impôts.

Après trois mandats et neuf années au pouvoir à Québec, il a voulu laisser comme legs le Plan Nord, un symbole fort de développement minier, forestier, mais comprenant aussi un volet de protection du territoire. Le sort de ce Plan Nord est maintenant incertain, avec l'élection du gouvernement péquiste.

C'est aussi sous son règne qu'une entente créant un gouvernement régional a été négociée avec les Cris sur le territoire d'Eeyou-Istchee--Baie-James, en juillet dernier.

Jean Charest a aussi dû reculer sur la centrale thermique du Suroît, en 2004-2005, et la privatisation du mont Orford en 2006.

Des analystes lui ont souvent reproché de beaucoup voyager à l'étranger, particulièrement lors de son dernier mandat.

Durant ses dernières années, il a connu deux écueils majeurs. Il y a d'abord eu les allégations répétées de collusion et de corruption de son gouvernement, de contournement de l'esprit de la Loi sur le financement des partis politiques, des places en garderie octroyées sans tenir toujours compte des besoins les plus criants, et des subventions aux installations sportives. Il a résisté des années à la pression populaire avant d'accepter de créer la Commission Charbonneau sur l'industrie de la construction.

Son autre iceberg aura été la crise étudiante, devenue une véritable crise sociale, après qu'il eut choisi de tenir la ligne dure face aux grévistes sur la hausse des droits de scolarité.

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Jean Charest en campagne

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