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Le président colombien annonce l'ouverture de discussions avec les FARC

La paix un jour en Colombie ?
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BOGOTA - Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé mardi la conclusion d'un accord préliminaire avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), pour entamer des pourparlers de paix à partir d'octobre en Norvège, puis à Cuba.

Les autorités cubaines organisaient le même jour à La Havane une conférence de presse avec des représentants des FARC.

La guérilla marxiste a été fondée en 1964 par des paysans réclamant une réforme agraire et l'arrêt de la répression gouvernementale. Le mouvement, qui compte actuellement quelque 9000 combattants, a subi au cours des dernières années d'importants revers militaires, dont la perte en novembre 2011 de son numéro un, Alfonso Cano.

L'accord préliminaire signé avec les FARC, a précisé le président colombien dans une allocution télévisée, ne comporte pas pour le moment de cessez-le-feu ni de sauf-conduit pour les rebelles, comme lors des dernières tentatives de discussions en 2002.

Juan Manuel Santos a parlé de feuille de route vers une «paix définitive», mais souligné la fermeté du gouvernement. «S'il n'y a pas d'avancées, nous ne continuerons tout simplement pas», et les «opérations militaires se poursuivront avec une intensité égale ou accrue», a-t-il prévenu.

Le président colombien avait révélé la semaine dernière l'existence de pourparlers exploratoires avec les FARC, en vue de mettre fin au conflit qui a fait des dizaines de milliers de victimes. Les discussions formelles se tiendront en partie à Cuba, dont le gouvernement communiste a servi de médiateur dans ce dossier.

Selon la radio colombienne RCN, dirigée par un cousin du président Santos, les FARC et le gouvernement colombien sont convenus d'ouvrir des discussions à Oslo, sous les auspices des gouvernements cubains et norvégiens, «garants» des pourparlers, ainsi que du Venezuela et du Chili, pays «participants».

D'après RCN, les négociations doivent porter sur six principaux points: réforme agraire — à l'origine du conflit —, participation politique, trafic de drogue, victimes et indemnisations, fin du conflit, et application de l'accord de paix.

Les autorités cubaines ont annoncé la conférence de presse dans un courriel à la presse étrangère, sans préciser la composition de la délégation des FARC.

La dernière tentative de négociations, en 2002, s'est soldée par un échec, les FARC refusant tout cessez-le-feu, tout en poursuivant les enlèvements contre rançons et le trafic de cocaïne, sa principale source de financement.

Depuis, les FARC ont été soumis à une forte pression de l'armée colombienne, faisant fondre les effectifs de la guérilla qui a perdu depuis 2008 ses principaux chefs, dont le numéro un Alfonso Cano. Début avril 2012, les FARC ont libéré leurs derniers «prisonniers politiques», des policiers et militaires détenus depuis 12 à 14 ans, et annoncé avoir renoncé aux enlèvements.

Faisant partie des organisations terroristes internationales selon le département d'État américain, les FARC sont l'un des nombreux groupes armés illégaux en Colombie qui prospèrent grâce au traffic de cocaïne.

La Maison-Blanche a émis un communiqué dans lequel elle salue «l'exploit» accompli par M. Santos, et demande aux FARC «de sauter sur cette occasion de mettre un terme à des décennies de terrorisme et de trafic de stupéfiants».

Le département d'État américain a offert une récompense de 5 millions $ pour la capture de cinq des six membres du Secrétariat de justice des FARC, les considérant comme des acteurs majeurs dans le trafic de drogue.

Pour sa part, l'analyste Adam Isacson, du groupe de réflexion Washington Office on Latin America, prévient que la société colombienne aura la mèche courte si des résultats tangibles ne se produisent pas de sitôt.

«Santos est de toute évidence sous pression, a-t-il dit. Chaque mois qui passe torpillera sa popularité.»

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