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Grèce : les banques et entreprises américaines préparent déjà l'après euro

Les entreprises américaines se préparent à la sortie de la zone euro
Reuters

GRÈCE - Rentrée de la Banque centrale européenne (BCE), annonce de nouvelles coupes budgétaires pour économiser 11,5 milliards d'euros d'ici à 2014... La Grèce se prépare à une rentrée de feu cette semaine, toujours suspendue à l'éventualité d'une sortie de l'euro.

Et le pessimisme est, semble-t-il, de mise. Selon le New York Times, de nombreuses banques et entreprises américaines auraient déjà anticipé le retrait de la Grèce de l'union monétaire. "Certaines entreprises ont des questions très pratiques", indique Peter Frank, conseiller chez Pricewaterhouse. Par exemple: "Si un communiqué sur la sortie de la Grèce tombe un vendredi soir, que faisons-nous ?". "Certains plans d'urgence sont déjà prêts", précise cet expert. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les moyens imaginés sont impressionnants.

Jugez plutôt.

  • Bank of America Merrill Lynch aurait étudié la possibilité d'acheminer à la frontière grecque des camions remplis d'argent, afin de payer ses employés et ses fournisseurs locaux. Et "'certaines entreprises envisagent déjà de mandater quelqu'un pour prendre un train avec 50.000 euros pour payer leurs employés à Athènes" témoigne Peter Frank, conseiller chez Pricewaterhouse
  • Ford, le constructeur automobile, aurait quant à lui configuré ses systèmes informatiques, pour qu'ils puissent immédiatement gérer une nouvelle monnaie...
  • JPMorgan a créé de nouveaux comptes bancaires pour une poignée de multinationales, en cas d'introduction d'une nouvelle drachme, ou d'une autre monnaie.
  • MasterCard n'est pas en reste, avouant pouvoir se retourner "en un jour ou deux", pour mettre à jour ses systèmes.
  • Visa a déclaré être capable d'accompagner "une transition rapide vers une nouvelle monnaie avec le minimum de perturbations."
  • Juniper Networks, une entreprise américaine spécialisée dans les réseaux, a déjà commencé à retirer ses fonds des banques de la zone euro. Mais tout en veillant à ce qu'il y ait assez de liquidités pour les employés et les fournisseurs basés en Europe.
  • FMC, un géant de la chimie basé à Philadelphie, on demande à certains clients grecs de payer en avance. L'argent placé sur des comptes bancaires grecs, espagnols ou italiens est également transféré ailleurs, tandis que l'on surveille de près la solvabilité des clients de ces pays. JPMorgan indique par ailleurs avoir reçu des demandes de création de comptes spéciaux, configurés pour une monnaie qui n'existe pas encore... "Nous nous attendons au pire", souffle John Gibbons, à la tête du service Europe chez la banque d'investissement, "ça ne coûte de rien..."
  • International Airlines Group (holding qui contrôle Iberia et British Airways), quant à elle, anticipe plutôt... une sortie de l'Espagne.

Il faut dire que, pour les entreprises, le sujet est très sensible. En dévoilant leurs plans d'urgence, elles pourraient susciter de la colère chez leurs clients européens... Du coup, les banques et sociétés de conseil sont également réticentes à livrer le nom de leurs clients. Mais certaines sociétés commencent à reconnaître qu'elles sont déjà prêtes au pire...

"C'est certain que la plupart des entreprises se préparent à la sortie de la Grèce de l'euro", a indiqué Paul Dennis, gestionnaire chez Corporate Executive Board, une société privée de conseil.

Selon un sondage réalisé durant l'été par cette dernière, 80% des clients interrogés auraient déjà prévu ce scénario catastrophe. 20% s'attendent également à ce que d'autres pays de la zone suivent par la suite.

Les nouvelles étaient pourtant rassurantes...

La puissance de l'onde de choc d'une éventuelle sortie est pour l'instant difficile à mesurer. Mais de grandes banques et sociétés de conseil planchent d'ores et déjà dessus. Organisé en coulisses, ce jeu de poker tranche avec le discours des responsables politiques européens, qui multiplient les déclarations rassurantes.

Le soudain optimisme qui avait mobilisé les marchés au début de l'été, après les déclarations du président de la BCE Mario Draghi, n'aura pas suffi. De grands doutes subsistent désormais quant à l'adhésion à la politique d'austérité exigée par l'Europe à la Grèce, en échange de l'aide financière. Selon un sondage publié lundi 3 septembre dans le Financial Times, à peine plus d'un quart des Allemands pense que la Grèce devrait rester dans la zone euro.

"Il y a 15 mois c'était impensable", déclare au New York Times Heiner Leisten, un partenaire du Boston Consulting Group, basé à Cologne."C'est désormais très plausible aujourd'hui..." Le cabinet Pricewaterhouse Coopers croit déjà savoir que l'annonce d'un retrait pourrait frapper un vendredi soir, profitant de la fermeture des marchés financiers mondiaux. Cela pourrait également être suivi d'un jour férié, afin de limiter le déplacement des capitaux hors du pays.

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