COTEAU-DU-LAC, Qc - La Coalition avenir Québec (CAQ) s'engage à accorder aux travailleurs qui ont des enfants de moins de six ans cinq journées de congé payées pour remplir leurs obligations parentales.
La mesure, qui coûterait pas moins de 350 millions $, serait totalement assumée par les entreprises elles-mêmes, et non par le gouvernement.
Pour ce faire, le chef de la CAQ, François Legault, modifierait la Loi sur les normes du travail, qui couvre l'ensemble des travailleurs québécois.
Faisant campagne à Coteau-du-Lac, mercredi, M. Legault a fait valoir qu'il lui paraissait injuste que certains travailleurs, notamment ceux qui sont à l'emploi du gouvernement, bénéficient actuellement de telles mesures de conciliation travail-famille, alors que d'autres travailleurs n'en bénéficient pas.
À l'heure actuelle, la Loi sur les normes prévoit 10 jours de congé non rémunérés pour les parents-travailleurs qui ont des urgences médicales, par exemple. Dorénavant, sous un gouvernement Legault, cinq de ces 10 congés seraient rémunérés.
«C'est un effort qu'on demande aux entreprises qui ne le font pas actuellement», a concédé M. Legault.
«C'est surtout pour les jeunes familles. Je suis passé par là; ce n'est pas toujours facile. Il faut un moment donné être capable, quand un enfant est malade, de s'en occuper. C'est une valeur importante pour les Québécois, la famille», a ajouté le chef caquiste.
La mesure touchera donc les travailleurs qui ne jouissent pas de tels congés à l'heure actuelle, soit environ 350 000 parents, selon son évaluation.
PME mécontentes
Bien que la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui représente les petites et moyennes entreprises, se plaigne depuis des années de trop grandes contraintes réglementaires et administratives pour ses membres qui n'ont pas les moyens des grandes entreprises ou du gouvernement, M. Legault affirme avoir consulté les représentants des entreprises et avoir senti «une ouverture» de leur part face à de tels congés.
La vice-présidente de la FCEI pour le Québec, Martine Hébert, était pourtant loin d'approuver l'idée de la CAQ.
«On n'est pas contre les mesures de conciliation travail-famille, sauf qu'on est contre ce genre d'obligation, qui représente une facture d'environ 350 millions $ (...), ce qui est énorme, quand on sait que les deux tiers de nos entreprises au Québec ont un chiffre d'affaires de moins de 500 000 $», a-t-elle commenté.
Avec ces cinq journées de congé payées, «on vient de faire très, très mal à nos petites entreprises», a-t-elle critiqué.
Elle se montre on ne peut plus claire: après avoir fait les calculs, «c'est sûr qu'on ne peut pas appuyer une telle mesure».
«Au Québec, les trois quarts des entreprises ont moins de 10 employés. Imaginez au sein d'une entreprise que vous ayez deux employés qui ont des enfants. Lui a un enfant de moins de 6 ans et donc a son congé et l'autre a un enfant de 6 ans, 7 ans ou 8 ans, il va le vouloir aussi. Ça crée des pressions à l'interne pour que l'employeur offre les mêmes avantages à tout le monde. La facture va être encore beaucoup plus importante en bout de ligne», a déploré Mme Hébert.
INOLTRE SU HUFFPOST