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RIMPAC: la Marine canadienne prend part à un exercice international de guerre navale (PHOTOS/VIDÉO)

Visite guidée dans le sous-marin Victoria

Début juillet, le Huffington Post Québec a eu la rare opportunité de visiter un des sous-marins de classe Victoria.

Stationné provisoirement à l'un des nombreux quais de la base navale américaine de Pearl Harbor, à Hawaii, le NCSM Victoria est l'un des six sous-marins - et le seul canadien - à participer à l'exercice bisannuel RIMPAC.

Acheté auprès du gouvernement britannique en 1998 pour 795 millions de dollars, les quatre sous-marins de classe Victoria, le NCSM Victoria, le Chicoutimi, le Corner Brook et le Windsor, sont tous entrés en « grand carénage », c'est-à-dire en réparations, entre 2005 et 2010, sauf le Corner Brook, qui commencera ses travaux de carénage en 2013. Le Victoria est le premier à en sortir et sera suivi à la fin de l'année ou au tout début de 2013 par le Windsor.

RIMPAC est un grand évènement pour la Marine royale canadienne et pour tous les sous-mariniers du pays, puisque c'est la première fois que le Victoria effectue des manœuvres en mer dans le cadre d'un exercice international.

« C'est une fierté et beaucoup de travail. Ça fait longtemps qu'on l'attendait et on est vraiment content d'être ici et de participer à l'exercice. On a bien hâte de montrer à nos alliés ce qu'on peut faire », déclare le lieutenant de vaisseau Raphaël Darsigny, officier navigateur à bord du Victoria.

Torpilles

Dans le compartiment des torpilles, six d'entre elles sont en attente de lancement. Le sous-marin peut toutefois en embarquer jusqu'à 18, mais en attendant des jours meilleurs, l'espace vide sert... de lits pour la dizaine de stagiaires embarqués pour l'occasion.

Le Victoria a effectué plusieurs essais réussis de tirs de torpilles sans les explosifs en mars et avril dernier, et il ne lui restait plus qu'à en lancer une vraie. Et justement, le Victoria a lancé avec succès le 17 juillet une de ses torpilles sur le vieux navire américain USNS Concord, qui a sombré dans les eaux d'Hawaii.

Une fois lancée, la torpille MK-48, la plus grosse du genre, est en fait reliée au sous-marin par un fil qui peut faire plusieurs kilomètres de long. C'est par ce fil que l'équipage peut transmettre un changement de cap afin de s'ajuster à une cible mouvante ou un ordre d'autodestruction en cas d'erreur.

Photoreportage de Nicolas Laffont

RIMPAC en photos

Eau et feu

Dans le compartiment des torpilles et dans la salle des machines, se trouvent deux écoutilles de sortie d'urgence. Si l'eau venait à envahir le sous-marin, l'équipage se réfugierait ainsi à l'avant ou à l'arrière et pourrait quitter le sous-marin par ces écoutilles.

Mais il ne s'agit que d'une solution « de la dernière chance », car celui qui sortirait par ce moyen le ferait sans aucune protection. Il serait donc exposé non seulement à la pression de l'océan, mais surtout au problème de décompression, puisqu'il remonterait à la surface beaucoup trop vite. Cela prend aussi pas moins de 30 minutes par personne pour évacuer le submersible. Avec 48 membres d'équipage à bord, il faudrait donc toute une journée pour que l'équipage au complet soit en sécurité.

Le moyen le plus sécuritaire de s'en sortir serait tout simplement d'attendre qu'un autre sous-marin se connecte à lui par l'écoutille principale et évacue l'équipage dix hommes à la fois.

Un autre danger à bord d'un sous-marin, et sans doute le plus dangereux de tous, est l'incendie à bord.

Si dans un navire l'équipage peut sortir sur le pont et sauter à l'eau, il n'en n'est rien à bord d'un sous-marin. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé le 5 octobre 2004 lorsque deux incendies se déclarèrent à bord du NCSM Chicoutimi. Alors qu'il se trouvait en mer, une fuite d'eau a provoqué un court-circuit dans la cabine du commandant. Le feu et la fumée qui s'ensuivirent auront finalement coûté la vie au jeune lieutenant de vaisseau Chris Saunders.

C'est pourquoi un « système de respiration d'urgence » a été installé à bord. Des masques de respiration qui se connectent à des tuyaux parcourant le sous-marin sont disposés un peu partout. Si un incendie se déclenche, l'équipage prend possession des masques et cherche le plus proche connecteur au « tuyau de vie ».

Autre différence avec les navires, à bord des sous-marins, le commandant tient une place centrale, au sens propre comme au figuré.

Sur la passerelle qui sert aussi de salle d'opérations, la chaise du commandant est en plein centre. Sa cabine elle-même se situe juste à côté, et il ne lui faut que quelques secondes pour se rendre sur la passerelle. En fait, il n'a qu'à ouvrir sa porte et il y est!

Si, sur un navire, le commandant délègue beaucoup aux officiers de quart ou à son commandant en second, la chose est tout autre à bord d'un sous-marin. Le commandant est omniprésent et on attend beaucoup de lui. « Le cours pour être commandant est très dur, et c'est un "one shot". S'il échoue, pas de deuxième chance », indique le lieutenant de vaisseau Darsigny.

Dans la salle des machines, les moteurs sont à l'arrêt puisque nous sommes à quai, mais la chaleur est palpable. Elle est insupportable dès que les moteurs tournent. À la différence des sous-marins nucléaires, les sous-marins diesels-électriques, comme ceux de la classe Victoria, sont silencieux.

En fait, on pourrait comparer le sous-marin à une voiture hybride. Lorsqu'il se trouve à la surface, à « profondeur de périscope », les batteries du submersible se rechargent et une fois en plongée ce dernier devient quasi indétectable.

La coque est d'ailleurs couverte de 22 000 tuiles de caoutchouc anéchoïde spécialement fabriquées pour absorber les émissions sonores et rendre les sous-marins difficiles à détecter.

C'est d'ailleurs parce qu'il est le seul sous-marin diesel-électrique des six présents à RIMPAC qu'il ajoutera « une nouvelle touche à l'exercice que les autres nations n'ont pas », précise Raphaël Darsigny. Le Victoria aura l'occasion de se camoufler durant RIMPAC, puisqu'il jouera le rôle du gentil et du méchant au cours des nombreux exercices.

Dernière différence entre un sous-marin et un navire, quasiment tout est rassemblé en un endroit. La station de pilotage et de contrôle d'immersion et la salle de commande se trouvent juste à côté de la cabine du commandant.

La salle des commandes est le centre de combat du sous-marin. C'est de là que le capitaine commande le sous-marin avec l'aide de l'équipe de la salle des commandes. Juste derrière, la station de pilotage et de contrôle d'immersion permet aux officiers de modifier la route, la profondeur et la vitesse du submersible.

Pour occuper toutes ces stations, ce sont donc 48 membres d'équipage dont 7 officiers qui servent â bord du Victoria.

Formation

Pendant les - trop longues - années où il n'y avait aucun sous-marin en activité au Canada ou que par intermittence, les sous-mariniers ne sont pas restés les bras croisés.

Une grande partie de l'équipage actuel du NCSM Victoria a servi à bord des sous-marins de la précédente classe, Oberon. Déjà entraînés, ceux-ci se sont pratiqués à l'étranger pendant des années.

À partir du moment où le Victoria a commencé à effectuer des essais pour être à nouveau opérationnel, les sous-mariniers se sont rendus à Halifax, en Nouvelle-Écosse, où se trouve un simulateur construit au milieu des années 2000. Ce simulateur permet aux opérateurs de sous-marins de faire un entraînement de base et avancé sur les principaux systèmes, tels que les sonars et les systèmes de commande de tir.

Après avoir atteint un certain niveau, l'équipage a pu commencer à aller en mer et effectuer des tests d'ingénierie dans un premier temps, puis des essais opérationnels. C'est à ce moment-là que le Victoria a reçu le feu vert et a été déclaré opérationnel, notamment pour aller à RIMPAC.

RIMPAC se termine le 3 août prochain, date à laquelle le sous-marin et son équipage quitteront Hawaii pour rentrer à la base d'Esquimalt, en Colombie-Britannique.

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