Perçu par plusieurs comme le sauveur du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau envisage «plus sérieusement que jamais» de se porter candidat à la direction du parti, a appris La Presse. Le député a confié à des proches qu'il réfléchit très sérieusement à la possibilité de suivre les traces de son père, Pierre Elliott Trudeau, qui a dirigé le parti durant plus de 15 ans, de 1968 à 1984.

Justin Trudeau pèse actuellement le pour et le contre avec sa femme, Sophie Grégoire, mère de leurs deux jeunes enfants, avec qui il se trouve en vacances. Le feu vert de sa femme est l'un des «éléments essentiels» de sa réflexion, ont indiqué plusieurs sources à La Presse.

«Je commence à penser que oui, il va plonger», a dit un membre influent du PLC, qui a parlé à Justin Trudeau avant son départ en vacances, au début du mois de juillet. «J'ai senti un changement dans sa position. C'est la première fois qu'il réfléchit sincèrement à se lancer», ajoute cette source, qui a demandé l'anonymat. Dans le cercle restreint des élus, des sénateurs et des membres influents du PLC qu'a consultés Justin Trudeau, on considère sa candidature comme probable.

Intenses pressions

Élu député fédéral de Papineau en 2008, il fait l'objet d'intenses pressions de partout au Canada pour qu'il se porte candidat depuis le désistement de Bob Rae, le mois dernier. Plusieurs libéraux croient que ce serait l'une des seules chances de sauver le PLC, qui a été décimé aux dernières élections alors qu'il a récolté à peine 11% des voix et fait élire 34 députés.

La réflexion du député de 40 ans «avance plus rapidement qu'on avait pu le croire», indique-t-on. Au printemps, Justin Trudeau avait décidé de passer son tour et de ne pas poser sa candidature à la succession de Michael Ignatieff, selon nos sources. Sa femme, seule à la maison avec deux jeunes enfants, supportait difficilement les longs séjours du député à Ottawa.

Tout a changé lorsque Bob Rae a annoncé qu'il renonçait à la direction du parti, en juin. Justin Trudeau a fait une tournée de toutes les régions du Canada - du Stampede de Calgary aux provinces de l'Atlantique, en passant par Toronto -, où il a sondé le terrain au sujet de sa possible candidature. La réponse des militants libéraux a été à peu près unanime: «C'est le moment ou jamais. Le parti n'existera peut-être plus la prochaine fois.»

Des gens de partout au pays encouragent Justin Trudeau à se lancer, confirme Louis-Alexandre Lanthier, attaché politique du député de Papineau, circonscription multiethnique de Montréal. Il confirme également que M. Trudeau profite de ses vacances pour discuter avec sa femme de son avenir politique.

Si la possible candidature de Justin Trudeau suscite un enthousiasme indéniable au PLC, certains militants se montrent sceptiques. «Je n'ai pas encore entendu parler d'un candidat qui ait la vision dont le parti et le Canada ont besoin», dit Marlene Jennings, ex-députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce. D'autres soulignent les lacunes du député en matière d'économie, l'une des grandes préoccupations des Canadiens selon tous les sondages.

Automne chaud

Justin Trudeau restera muet sur ses intentions au moins jusqu'à la rencontre de préparation parlementaire des députés et sénateurs libéraux, qui aura lieu du 4 au 6 septembre à Montebello, en Outaouais. Tout indique que les Québécois iront aux urnes le 4 septembre, et M. Trudeau évitera d'annoncer ses couleurs en pleine campagne électorale, indiquent nos sources.

Les règles de l'élection du prochain chef du PLC seront probablement entérinées à cette rencontre. La campagne débutera officiellement vers la fin du mois d'octobre en vue d'une élection en avril 2013. Mais des membres influents du PLC s'attendent à ce que les candidats se lancent en campagne dès le milieu du mois de septembre.

Personne n'a encore annoncé sa candidature, mais plusieurs libéraux ont indiqué qu'ils y songent, dont les députés Dominic LeBlanc, Marc Garneau et Denis Coderre (que plusieurs voient plutôt à la mairie de Montréal). L'ancien ministre Martin Cauchon a aussi manifesté son intérêt.