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La dépendance aux jeux vidéo peut-elle tuer?

La dépendance aux jeux vidéo peut-elle tuer?
AFP

À Taïwan, un homme de 18 ans est décédé après avoir joué 40 heures d'affilée au jeu vidéo Diablo 3 dans un cybercafé, affirme le Telegraph ce jeudi 19 juillet.

Chuang serait rentré dans le cybercafé le 13 juillet et aurait été trouvé endormi sur son ordinateur le 15 juillet par un employé. Après quelques pas, le jeune homme s'est finalement effondré et ne s'est jamais réveillé. La police enquête toujours sur les causes du décès, mais s'oriente vers un accident cardiovasculaire.

Des cas de ce type, s'ils sont extrêmement rares, sont souvent relayés par les médias. À Taïwan toujours, en février, un jeune homme de 23 ans est mort dans un cybercafé après avoir joué 24 heures sans s'arrêter. Son décès, provoqué par une crise cardiaque, n'a été remarqué que neuf heures après sa mort. En avril en Corée du Sud, une femme de 26 ans a été arrêtée pour avoir tué son bébé, né dans les toilettes entre deux parties dans un cybercafé.

Les cas sont extrêmement rares, mais choquent. Des milliers de personnes jouent parfois pendant des heures à des jeux vidéos sans rencontrer de problème. La question se pose alors: peut-on mourir d'avoir trop joué à un jeu vidéo?

"Le jeu vidéo ne tue pas"

Pour le docteur Laurent Karila, du Centre d'enseignement de recherche et de traitement des addictions de l'hôpital Paul Brousse, interrogé par Le Huff Post, la réponse est clairement non. "Le jeu vidéo ne tue pas", explique-t-il. "Les morts sont à chaque fois dues à d'autres causes, souvent des arrêts cardiaques. On ne meurt pas directement d'une addiction au jeux vidéo ou de toute addiction, sauf si on consomme des substances", ajoute le spécialiste, qui n'hésite pas à employer le terme addiction (l'OMS ne reconnaît pas encore que le jeu vidéo peut entraîner une addiction).

Les cas évoqués plus haut sont en réalité dus à différents facteurs, qui peuvent être aggravés par le comportement des joueurs. Fatigue, malbouffe (voire absence de repas), etc. "Dans les écrits médicaux, on voit que les joueurs dépendants s'alimentent mal, consomment des sodas très sucrés", précise-t-il.

Mais dans l'écrasante majorité des cas, être accro aux jeux vidéos n'entraîne pas de conséquences si dramatiques, loin de là. Une éventuelle dépendance aux jeux vidéo peut décupler d'autres facteurs (maladie cardiaque, épilepsie, problèmes psychiatriques, etc), mais ne peut pas vraiment être considérée comme une cause de mortalité.

Pour autant, une telle addiction "peut avoir des conséquences néfastes".

"On se défonce et on ne pense à rien d'autre"

L'addiction au jeu vidéo se caractérise, d'après le docteur Laurent Karila, par une "perte de contrôle". "On se 'défonce' et on ne pense à rien d'autre qu'à avoir sa 'dose', surtout avec les jeux en ligne où il y a l'idée de jouer de plus en plus longtemps, de rester éveillé autant que possible", précise-t-il.

Une telle perte de contrôle peut entraîner plusieurs problèmes physiques: "douleurs au dos, pseudos escarres, douleurs aux articulations, mauvaise alimentation, etc."

Comment savoir si vous (ou votre enfant) êtes accro au jeu vidéo? "On ne peut pas fixer une limite de temps, car c'est très variable en fonction des personnes. Mais il est toujours bon de limiter le temps de connexion et la position assise", explique-t-il.

"Il n'y a pas besoin de s'inquiéter dans la plupart des cas, il suffit simplement de fixer des règles, de discuter avec son enfant et de changer certaines habitudes", précise Laurent Karila, tout en ajoutant que si les parents sont inquiets, "autant aller voir un spécialiste".

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